Désir meurtrier (1964) : le test complet du DVD

Akai satsui

Réalisé par Shôhei Imamura
Avec Masumi Harukawa, Kô Nishimura et Shigeru Tsuyuguchi

Édité par Elephant Films

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Le 12/12/2016
Critique

Désir meurtier

Sadako vient de déposer son mari à la gare, et son fils chez sa belle-mère. Sur le chemin du retour, elle est suivie par un inconnu qui pénètre chez elle et la viole. Traumatisée, elle décide de ne rien dire. Mais, quelque temps plus tard, son jeune agresseur revient la voir pour lui annoncer qu’une maladie du coeur ne lui laisse que quelques jours à vivre. Une étrange et morbide fascination va se développer et se muer en passion mortelle.

Avec Désir meurtrier (Akai satsui, 1964), son septième long métrage, un de ses films majeurs, Shôhei Imamura, cinq ans et deux films après la parenthèse angélique de Mon deuxième frère, revient à ce qui caractérise tout son oeuvre, un regard sans illusion, pessimiste, sur l’homme du peuple, tiraillé par deux forces opposées, l’esprit et les pulsions sexuelles. Il a lui-même résumé son point de vue en une phrase : « Je suis intéressé par la relation entre la partie basse du corps humain et la partie basse de la société ».

Désir meurtrier est aussi un sévère constat sur la condition de la femme dans le Japon des années 60. Sadako, officiellement l’épouse, n’est, dans les faits, que la bonne à tout faire et l’esclave sexuelle de Koichi, modeste employé de la bibliothèque municipale, qui s’est arrangé pour que Sadako n’apparaisse pas sur les registres de l’état civil comme la mère de leur enfant.

Désir meurtier

La vie n’a pas fait de cadeaux à Sadako, une fille de la campagne sans éducation, harcelée par sa belle-mère, humiliée et battue par son mari. Tout s’aggrave encore quand elle est violée par un cambrioleur, pas tant par le traumatisme subi que par la culpabilité qu’elle ressent après la jouissance que lui a procurée son agresseur.

Mis en scène et filmé avec une grande maîtrise, Désir meurtrier est un frappant exemple de la prédilection de Shôhei Imamura pour un « cinéma sale », exprimée par le choix des lieux, une maison minable située en bordure d’une voie ferrée, par les rues sans charme des quartiers gris d’une triste banlieue. Mais, surtout, par le regard froid qu’il jette sur des personnages frustres et mesquins qui se débattent dans un panier de crabes. Au mari et à la belle-mère de Sadako, s’ajoutent la maîtresse de Koichi, prête à tout pour éliminer sa rivale, et le violeur qui, se sachant condamné à une mort prochaine, joue sans scrupules avec la vie, la sienne et celle des autres.

Désir meurtier

Édition - 7 / 10

Elephant Films poursuit, avec une nouvelle livraison de quatre titres, l’édition de films de Shôhei Imamura inédits en vidéo, entreprise en novembre 2015 avec Cochons et cuirassés, La Femme insecte et Le Pornographe.

Désir meurtrier (150 minutes), accompagné de modestes suppléments, tient sur un DVD-9 bien rempli, logé dans un boîtier de 14 mm (pas de Blu-ray pour ce film, alors que les trois autres sont sortis en édition combo DVD/Blu-ray). Le menu animé et musical, dans le style de la Collection Cinéma MasterClass, propose le film dans sa seule version originale (Dolby Digital 1.0), avec sous-titres français optionnels.

À l’intérieur du boîtier, un livret de 20 pages intitulé Shôhei Imamura, maître des désirs inassouvis, contenant, écrites par Bastian Meiresonne, une notice sur la jeunesse dissipée du réalisateur et une courte analyse (+ fiche technique) des sept films édités par Elephant Films en 2015 et 2016.

En supplément vidéo, une présentation du film par Stephen Sarrazin (12’). Il rappelle la volonté de Shôhei Imamura de ne pas enjoliver, mais plutôt de salir la réalité, choix qui s’exprime largement dans Désir meurtrier, oeuvre ambiguë, dominée par l’hypocrisie, la bienséance feinte. Une analyse inspirée projette un utile éclairage sur le film.

S’ajoutent à cela une galerie de photos et la bande-annonce des autres films de Shôhei Imamura édités par Elephant Films, dont ceux sortis en même temps que Désirs volés, (1959), Désir meurtrier (1964), Le Profond désir des dieux (1968).

L’image (2.35:1, noir et blanc), assez soigneusement nettoyée, offre des contrastes plus tranchés que celle des trois autres films sortis simultanément, mais avec une tendance des noirs à se boucher dans les scènes peu éclairées.

Le son mono d’origine (Dolby Digital 1.0) est, lui aussi, propre, avec un souffle qui se fait rarement remarquer. Un spectre relativement ouvert et une assez bonne dynamique met en valeur la composition musicale de Toshirô Mayuzumi qui a signé l’accompagnement de huit autres films de Shôhei Imamura.

Désir meurtier

Crédits images : © Éléphant Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
7 / 10
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francis moury
Le 16 mars 2019
Pas de commentaire.
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Philippe Gautreau
Le 12 décembre 2016
Désir meurtrier, un des premiers grands films de Shôhei Imamura, pourtant indisponible en vidéo en France, exploite un thème résurgent de son cinéma : le tiraillement des personnages entre la raison et les pulsions sexuelles qui les mènent, inexorablement, vers un destin funeste. Une excellente approche de l’œuvre d’un des grands cinéastes japonais.

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Désir meurtrier
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