Vivre vite (1981) : le test complet du DVD

Deprisa, deprisa

Réalisé par Carlos Saura
Avec Jose Antonio Valdelomar González, José María Hervás Roldán et Jesus Arias

Édité par Tamasa Diffusion

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Le 04/05/2017
Critique

Vivre vite

Madrid, au début des années 80. Pablo, Meca, Sebas et Ángela, âgés de 18 à 20 ans, gagnent leur vie en perpétrant des braquages à main armée à bord de voitures volées.

Avec Vivre vite (Deprisa, deprisa, 1981), Ours d’or au festival de Berlin, Calos Saura quitte le milieu qu’il se plait d’habitude à observer, celui de la bourgeoisie espagnole, pour traquer le train-train quotidien de quatre jeunes délinquants de la banlieue madrilène. Des délinquants qui ne ressemblent pas au portrait-robot du cinéma.

Tout, tout de suite !

Ce sont, en effet, trois garçons et une fille, pas foncièrement méchants : le produit de leurs rapines permettra à Pablo et Ángela d’offrir une télé couleurs à la grand-mère, d’aller voir la mer et, pourquoi pas, d’aller un jour à Disneyland. Leurs économies serviront à acheter un appartement et une voiture « à eux », pas « empruntée ». Accessoirement à acheter de l’herbe et des drogues dures.

On ne sait rien de leur passé. Rien n’explique ce qui les a menés à la délinquance. On sait seulement d’Angela qu’elle occupait un emploi avouable, serveuse de bar, avant de le quitter, tout au début du film, pour suivre Pablo qu’elle vient de rencontrer, le premier garçon avec lequel elle sort.

Vivre vite

Vivre vite ne fait pas l’apologie de la violence. Le titre du film, Deprisa, deprisa (Vite, vite) laisse clairement entendre que le temps joue contre la petite bande. Et Pablo a conscience de s’être écarté du droit chemin quand il dit à Ángela : « C’est le diable qui charge les armes ».

Le film ne cherche pas, non plus, à masquer les dégâts causés par la petite bande : quelques morts et un blessé grave par balle perdue. Et la fin est loin de suggérer que les crimes peuvent rester impunis.

Vivre vite, sans prendre partie, se limite à montrer les faits, avec des allures de documentaire. Carlos Saura dit avoir longtemps traîné dans les banlieues sensibles de Madrid où il a fait des rencontres et recruté les jeunes acteurs manifestement « qualifiés » pour leur emploi (deux d’entre eux se retrouveront derrière les barreaux peu après le clap de fin et l’un des deux mourra dix ans plus tard d’une overdose d’héroïne).

Photographié par Teo Escamilla qui fut le chef opérateur d’une vingtaine de films réalisés par Carlos Saura, monté dans l’ordre chronologique sans les habituels flashbacks auxquels le réalisateur nous a habitués, Vivre vite est une oeuvre à part dans sa filmographie, « une expérience formidable pour moi : j’ai eu le sentiment de retrouver une forme d’innocence que je n’avais probablement jamais connue auparavant » confiait-il au quotidien Le Matin.

Vivre vite

Édition - 8 / 10

Vivre vite nous arrive pour la première fois sur disque optique, grâce à Tamasa Diffusion, dans la nouvelle collection Carlos Saura, dont la plupart des titres avait déjà éditée dans le magnifique coffret de neuf films Carlos Saura : Les années rebelles 1965-1979, sorti en novembre 2015.

Le film (96 minutes) tient sur un DVD-9 logé dans un mince digipack. Sur la couverture, une composition graphique de Betty, reprise sur la sérigraphie du disque et sur le menu fixe et musical. Le film est proposé dans sa seule version originale au format Dolby Digital 2.0 mono, avec sous-titres optionnels parfaitement lisibles, mais placés un peu trop haut sur l’image.

Vivre vite

À l’intérieur du digipack, un livret illustré de 16 pages avec cinq articles. Vivre vite vu par Carlos Saura, l’extrait d’un article paru dans L’Humanité dans lequel le réalisateur décrit l’existence des jeunes délinquants qu’il a pu observer en préparant son scénario. Puis, Censure, la copie d’une lettre (motivée en forme d’un coup de chapeau) de la Commission de contrôle des films cinématographiques justifiant l’interdiction aux mineurs : « La commission a estimé qu’en dépit - ou plutôt en raison - de ses qualités, ce film risquait de développer, chez les adolescents, une forte exemplarité. » L’article suivant, de Jean-Luc Douin pour Télérama, Le Diable charge les armes, recueille quelques impressions de Carlos Saura sur l’attitude de ces jeunes qui veulent « avaler la vie d’une seule bouchée, sans s’inquiéter des conséquences. » Suit Carlos Saura et les marginaux, un article de Marie-Élisabeth Rouchy pour Le Matin, qui rappelle que le réalisateur avait depuis longtemps l’idée d’un film sur les jeunes délinquants et comment il a écrit un scénario réaliste en allant sur le terrain. Pour finir, Carlos Saura, une courte mais intéressante biographie montrant qu’il fut, après des études d’ingénieur, aussitôt attiré par le cinéma et poussé à devenir réalisateur par l’oeuvre de Luis Buñuel et comment il joua avec la censure franquiste à coups de métaphores et de paraboles.

Le bonus vidéo se limite à une la bande annonce de 1981 et à celle de 2017.

L’image (1.66:1), parfaitement nettoyée après une restauration qui a respecté la texture argentique, propose une palette de couleurs lumineuses et bien étalonnées, de bons contrastes avec des noirs denses.

Le son Dolby Digital 2.0 mono, à la bande passante assez ouverte, propre et pratiquement sans souffle, restitue avec une grande clarté les dialogues et l’accompagnement musical flamenco.

Vivre vite

Crédits images : © Tamasa Diffusion

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
8 / 10
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Commissaire Juve
Le 7 mai 2017
Je l'ai découvert il y a deux jours. Je n'ai pas été totalement convaincu (en dehors d'Angela -- charmante Berta Socuéllamos --, il n'est pas facile de s'attacher aux personnages ; la musique -- à base de "rumba flamenca" -- est souvent pénible), mais ça se laisse regarder.

Le master est bien. Je n'ai pas trouvé que les sous-titres étaient trop haut.
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Philippe Gautreau
Le 4 mai 2017
Vivre vite, une fiction sur le quotidien d’une bande de jeunes délinquants, d’une violence sans concession, se distingue d’autres films qui ont exploité ce thème par son réalisme qui lui donne la force d’un documentaire. Cette œuvre choc, encore inédite en France, a été saluée par un Ours d’or au festival de Berlin.

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