Kaboul Cinéma (2015) : le test complet du DVD

A Flickering Truth

Réalisé par Pietra Brettkelly

Édité par Luminor Films

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Le 22/09/2017
Critique

Kaboul Cinéma

Le cinéaste afghan Ibrahim Arify, qui s’était réfugié en Allemagne pour échapper à la répression des moudjahidin, est revenu à Kaboul pour essayer de sauver les archives d’Afghan Films, entreposées dans un hangar en ruines, et éviter la disparition d’un témoignage unique de près de cent ans de l’histoire de l’Afghanistan.

Kaboul cinéma (A Flickering Truth, « une vérité vacillante »), réalisé par la documentariste néo-zélandaise Pietra Brettkelly, a été pour la première fois projeté à la Mostra de Venise en 2015, puis au TIFF, le Toronto International Film Festival.

Un vieil homme, Isaaq Yousif, assure seul depuis des années le gardiennage des locaux et des entrepôts d’Afghan Films. Le jour perçant par les mille trous du hangar éclaire un énorme bric-à-brac duquel émergent des tours de boîtes de films empilées les unes sur les autres sous une bonne couche de poussière. Celles qui ont échappé aux autodafés organisés par les talibans qui ont, par la terreur, imposé leur loi à tout le pays de 1996 à 2001.

Une boîte rouillée ouverte d’où pend un bout de pellicule sur lequel se déplace un cloporte montre, en un seul plan, l’état d’abandon de toutes les archives cinématographiques du pays.

Les premières images de Kaboul cinéma donnent immédiatement la mesure du défi qu’Ibrahim Arify s’est engagé à relever avec peu de moyens : recruter des employés, leur imposer un minimum de discipline, répertorier tous les films récupérables avec les fiches techniques et artistiques, apprécier l’état des positifs ou des négatifs… et sauver d’une disparition assurée quelques 8 000 heures de films.

À la joie de la découverte de certaines œuvres (des bobines en bon état sont trouvées par hasard dans le faux plafond où elles avaient été cachées, hors d’atteinte de la folie destructrice des talibans qui voulaient effacer toute la mémoire du passé), succèdent les moments de découragement dus à l’insécurité qui continue d’empoisonner la vie à Kaboul, soudain rappelée par un attentat à la bombe qui a fait voler en éclats toutes les vitres d’Afghan Films.

Kaboul Cinéma

Kaboul cinéma, et c’est probablement là sa dimension la plus émouvante, fait revivre l’histoire récente de l’Afghanistan, marquée par des décennies de guerre, sous le regard attristé et attendri des adultes et sous le regard fasciné des enfants : le renversement de la royauté, l’invasion soviétique, le règne des talibans, le retour incertain vers la démocratie.

Une scène, parmi beaucoup d’autres, souligne le contraste entre les mœurs d’hier et celles d’aujourd’hui : celle où des fillettes tout habillées de noir, la tête aux trois quarts dissimulée sous un voile, sont comme hypnotisées par la projection d’un film d’amour montrant une jeune femme habillée d’une robe légère multicolore, extatique, chantant cheveux au vent !

Ce passionnant documentaire démontre l’imbécilité de ceux, quels qu’ils soient, qui s’acharnent à vouloir détruire tout vestige d’un passé qu’ils jugent non conforme à leur étroit système de valeurs et fait prendre conscience de la fragilité de la mémoire collective, surtout cinématographique, et de l’importance de la préserver pour les générations futures.

Kaboul cinéma est édité par Luminor Films qui propose à son catalogue éclectique de documentaires et de fictions une trentaine de titres jusque-là inédits en France, parmi lesquels Amours cannibales (Manuel Martín Cuenca, 2013), Eastern Boys (Robin Campillo, 2014), l’anthologie d’horreur ABC of Death 2, sortie en 2015…

Kaboul Cinéma

Édition - 7,5 / 10

Kaboul cinéma (91 minutes) est supporté par un DVD-9 logé dans un boîtier épais de 14 mm, glissé dans fourreau. Le film est proposé dans sa version originale, avec sous-titres incrustés dans l’image, au format audio Dolby Digital 5.1.

Pour seuls suppléments, la bande-annonce du film et Deux ans plus tard, un texte déroulant résumant ce qui s’est passé depuis le tournage du film : Ibrahim Arify, revenu à Kaboul, poursuit sa mission de sauvetage des archives cinématographiques et a réussi à acheter une machine Black Magic pour numériser les films et en sécuriser la conservation au moindre coût.

L’image (1.78:1), avec des couleurs naturelles, bien contrastées, sans défaut de compression, même quand une fine poussière est soulevée lors de l’exhumation des boîtes du capharnaüm de leur abri précaire.

Le son original (en dari, la principale langue parlée en Afghanistan) Dolby Digital 5.1 restitue clairement les dialogues dans toutes les conditions de prise du son direct. L’impression d’immersion dans l’ambiance est réelle, par exemple au passage d’un hélicoptère au début du film.

Kaboul Cinéma

Crédits images : © Luminor Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
7,5 / 10
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Philippe Gautreau
Le 22 septembre 2017
Kaboul cinéma oppose l’imbécilité de ceux qui veulent détruire tout vestige d’un passé qu’ils jugent non conforme à leur étroit système de valeurs à la rage d’un homme qui s’acharne à préserver, pour les générations futures, ce qu’il reste des archives filmées de son pays. Émouvant !

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