Réalisé par Adrian Sitaru
Avec
Tudor Aaron Istodor, Mehdi Nebbou et Nicolas Wanczycki
Édité par Damned Films
Radu, un journaliste roumain, appelle le producteur d’un magazine télévisé d’investigation français pour lui proposer d’arranger l’interview d’une jeune fille d’à peine quinze qui vient de rentrer de Paris où un proxénète roumain l’avait contrainte à se prostituer…
Fixeur, sorti quelques mois après Illégitime, est le sixième long métrage pour le grand écran du cinéaste roumain Adrian Sitaru. Filmé à la manière d’un documentaire, caméra à l’épaule, mais bien tenue, en lumière naturelle, dans l’ordre chronologique, le film s’appuie sur des faits réels et donne, en marge de son histoire, un aperçu impressionniste de la vie dans une petite ville de Roumanie, du machisme ambiant, de la violence qui peut soudain s’y déchaîner, de l’état d’abandon auquel peuvent être livrés certains enfants…
Les tiraillements du personnage principal, Radu, poussé par l’ambition (pour lui et le fils de sa compagne) mais retenu par sa conscience, évitent que le film soit trop simpliste, trop manichéen. Tudor Istodor (Le Divan de Staline, Fanny Ardant, 2016) exprime subtilement cette ambiguïté, cette fragilité du personnage. Il cédera facilement aux pressions des deux reporters français qui lui font comprendre qu’il n’est pas ici un journaliste, mais un simple « fixeur », seulement chargé d’aplanir les difficultés sur le terrain et de servir d’interprète.
Fixeur brocarde toutefois la conception d’un certain journalisme, prêt à toutes les manipulations, prêt à tout sacrifier, surtout l’intérêt des cibles, même les plus faibles, pour ramener un scoop.
Fixeur raconte sans artifices une histoire simple et réussit sans peine à accrocher l’attention. Peut-être aurait-il cependant gagné à ce que deux ou trois scènes eussent été supprimées ou raccourcies par un montage plus resserré.
Il est, malgré cela, un autre exemple de la diversité et la richesse du cinéma roumain contemporain, après 4 mois, 3 semaines, 2 jours (2007) et Baccalauréat (2016) de Cristian Mungiu, Mère et fils (2013) de Călin Peter Netzer, l’extraordinaire documentaire d’Alexandre Nanau Toto et ses soeurs (2014)…
On aimerait bien que Damned, qui avait déjà sorti Illégitime fin 2016, pense à éditer Picnic (Pescuit sportiv, 2008), le premier long métrage d’Adrian Sitaru.
Fixeur (95 minutes) et son supplément (19 minutes) tiennent sur un DVD-9 logé dans un fin digipack avec une reproduction de l’affiche du film et, à l’intérieur de la couverture, quatre lignes de la main du réalisateur.
Le menu fixe et muet propose le film en version originale (roumain, français et anglais), au format Dolby Digital 2.0 stéréo, avec sous-titres optionnels.
En complément, Art, un court métrage d’Adian Sitaru (Artă, 2014, 19’) aux allures d’une esquisse de Fixeur : un réalisateur et son caméraman auditionnent une très jeune fille, Anca, accompagnée par sa mère, pour un rôle dans un film sur la prostitution. Des scènes osées, bien sûr, mais ce sera de l’art…
L’image (2.35:1) est nette, lumineuse, bien contrastée, agréable, avec teintes plutôt froides, assez peu saturées, aux couleurs de l’hiver, soigneusement étalonnées.
Le son Dolby Digital 2.0 stéréo restitue les dialogues avec une satisfaisante intelligibilité. Une bonne séparation des deux voies assure une impression d’immersion dans l’ambiance, par exemple dans les scènes tournées dans une piscine couverte.
Crédits images : © 4 Proof Film, Petit Film