Posto (L'Emploi), Il (1961) : le test complet du DVD

Réalisé par Ermanno Olmi
Avec Loredana Detto, Sandro Panseri et Tullio Kezich

Édité par Tamasa Diffusion

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Le 19/12/2017
Critique

Il Posto (L'Emploi)

Poussé par ses parents à postuler à un emploi dans une grande entreprise milanaise, Domenico rencontre, parmi les autres candidats, Magali. Les deux jeunes gens, attirés l’un vers l’autre, embauchés mais affectés dans deux immeubles séparés, se perdent de vue. Aucun poste correspondant à ses capacités n’étant disponible, Domenico « assiste » pendant un temps l’huissier de l’étage, jusqu’à ce que le décès d’un salarié libère un poste d’employé aux écritures…

Il Posto (L’Emploi)sorti en 1961, le deuxième long métrage d’Ermanno Olmi après Le Temps s’est arrêté (Il Tempo si è fermato, 1959,) sera suivi, deux ans plus tard, par Les Fiancés (I Fidanzati) que Tamasa édite simultanément.

Mon cinéma trouve sa source dans la réalité, dans la vie…

Dans le courant finissant du néoréalisme italien, Il Posto aligne une suite de saynètes sur l’intimité familiale de Domenico, mais aussi de personnages secondaires, et sur la vie des employés dans une grande entreprise. Le cinéaste, dans cette fiction dédramatisée aux allures de documentaire, porte un regard, tantôt tendre, tantôt caustique, sur des personnages anonymes qui apparaissent dans le film, parfois le temps d’une scène.

Regard caustique, accusateur, sur les tests de recrutement de l’entreprise, dont l’humiliation le dispute à l’ineptie, sur l’attitude condescendante des petits chefs vis-à-vis des employés, sur la mesquinerie des employés à l’encontre de leurs pairs, sur l’absurde gaspillage des énergies…

Il Posto (L'Emploi)

Il Posto porte aussi un regard tendre, particulièrement sur l’amour naissant entre Domenico et Magali, chargé d’émotions contenues, révélées par des regards furtifs, par l’effleurement des mains, par des sourires, par des petits gestes à la portée accrue par la timidité des deux protagonistes à peine sortis de l’adolescence. Loredana Detto avait tout juste quinze ans pour son unique apparition devant les caméras : elle épousera Ermanno Olmi deux ans plus tard. Sandro Panseri, également sans aucune expérience d’acteur, ne sera revu, deux ans plus tard, que dans un seul film aujourd’hui oublié. L’un et l’autre, pourtant, illuminent le film.

Impossible d’oublier le gros plan fixe du visage de Domenico, le regard perdu, dans la dernière image du film. Au spectateur le soin de trouver son interprétation : la résignation de Domenico à s’accommoder de la fadeur de son nouvel état de gratte-papier anonyme dans une grande entreprise « qui n’offre que des salaires modestes mais un emploi à vie », avec la perspective, au bénéfice de l’ancienneté, de se rapprocher de la fenêtre et de la lumière du jour, quatre rangées de bureaux plus près du chef ? Ou a-t-il pris la juste mesure d’un pernicieux enlisement pour s’en sortir à temps ?

Éclipsé par le succès des films ultérieurs, en particulier de L’Arbre aux sabots (L’Albero degli zoccoli, 1978, récemment réédité), Il Posto a été justement salué par le Prix de la Critique internationale à la Mostra de Venise 1961. Sa ressortie dans les salles françaises le 25 mars 2017 et son édition dans la CollectionViva l’Italia! de Tamasa lui ont rendu la chance, amplement méritée, de se faire découvrir par un nouveau public.

Il Posto (L'Emploi)

Édition - 6,5 / 10

Il Posto (93 minutes) tient sur un DVD-9 logé, comme les autres éditions Tamasa, dans un fin digipack. Le menu, fixe et sonorisé, propose le film dans sa version originale, avec sous-titres optionnels, au format Dolby Digital 1.0.

À l’intérieur, un livret de 16 pages avec les commentaires de Jean A. Gili (critique et historien du cinéma, auteur d’une quinzaine d’ouvrages sur le cinéma italien) centrés sur une analyse essentiellement sociologique du film. Suit un entretien avec Ermanno Olmi, non daté, recueilli par Aldo Tassone pour son ouvrage Le Cinéma italien parle (Édilig, 1982), dans lequel le réalisateur confie qu’Il Posto lui a été inspiré par son expérience d’employé à la société Edison. Il est convaincu qu’il est difficile d’identifier les responsables des maux qui sévissent dans le petit monde des entreprises, « de distinguer sans ambages : voici le bourreau et voilà la victime ». Il se peut même que Domenico « en arrive à nier sa propre personne, à être son propre persécuteur ».

Pas d’autre bonus vidéo que la bande-annonce. L’édition Criterion de 2010 était plus généreuse.

L’image (1.37:1 et non 1.85:1, indiqué par erreur au dos du digipack, ni même le 1.66:1 mentionné dans le livret !) a été soigneusement nettoyée, avec une réduction du bruit qui a laissé subsister un léger grain, surtout visible sur les fonds unis, mais respecte la texture argentique. Elle est toutefois un peu terne, peu contrastée, avec des blancs manquant de luminosité et des noirs légèrement poreux.

Le son Dolby Digital 1.0 est, lui aussi, très propre, avec peu de souffle, une assez bonne dynamique, mais un spectre concentré dans le medium.

Crédits images : © Tamasa

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
6,5 / 10
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Philippe Gautreau
Le 19 décembre 2017
Il Posto, la chronique douce-amère de l’entrée dans la vie active de deux jeunes gens, fournit à Ermanno Olmi l’occasion de porter un regard critique sur les grandes entreprises, sur l’attitude condescendante des petits chefs vis-à-vis des employés, sur la mesquinerie des employés à l’encontre de leurs pairs, sur l’absurde gaspillage des énergies…

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Posto (L'Emploi), Il
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