Le Cycliste (1987) : le test complet du DVD

Bicycleran

Réalisé par Mohsen Makhmalbaf
Avec Moharram Zaynalzadeh, Mohammad Reza Maleki et Samira Makhmalbaf

Édité par Tamasa Diffusion

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Le 12/12/2017
Critique

Le Cycliste

Le maigre revenu que Nasim, réfugié afghan en Iran, réussit à tirer en creusant des puits suffit à peine à nourrir sa famille, mais pas à payer les frais d’hospitalisation de sa femme, gravement malade. Il accepte l’offre d’un cirque ambulant : tenir sur un vélo pendant toute une semaine, sans jamais poser pied à terre. Son défi attire l’attention, ce qui inquiète les autorités…

Le Cycliste (Bicycleran, 1988) est le septième film du réalisateur et scénariste iranien Mohsen Makhmalbaf, un des porte-drapeaux de la nouvelle vague du cinéma iranien, avant que l’obscurantisme de la république islamique ne l’oblige à s’exiler. Le film, réalisé avec un maigre budget, fut en partie subventionné par une fondation contrôlée par Mir Hossein Moussavi, le libéral premier ministre… qui le restera jusqu’à la suppression du poste, en 1989, par l’ayatollah Khomeini, avant d’être assigné à résidence. Après approbation du scénario, l’autorisation de tournage était soumise à la condition que rien ne puisse indiquer que le drame se déroulait en Iran.

Nous sommes tous heureux et pleins d’espoir !

Le Cycliste

Deuxième volet d’une trilogie sur les déshérités (mostazafin) avec Le Camelot (Dastforoush, 1987) et Le Mariage des bénis (Arousi-ye Khouban, 1989), Le Cycliste, en dépit des contraintes subies, montre les dures conditions de vie du petit peuple. Derrière l’histoire toute simple du défi relevé par Nasim (une histoire inspirée par le film de Sydney Pollack On achève bien les chevaux / They Shoot Horses, Don’t They? , 1969, ce que confirme un aperçu de cette oeuvre sur un écran de télévision), le film révèle la misère des spectateurs de la performance de Nasim et leur endoctrinement quand ils sont contraints de scander en choeur, encore et encore, le slogan beuglé au mégaphone par un officiel « Nous sommes tous heureux et pleins d’espoir ! »

On comprend pourquoi un tel drame ne pouvait pas se tenir en Iran, un pays dont tous les citoyens étaient censés nager dans la félicité, où les pauvres, iraniens ou afghans, ne pouvaient pas être exploités par les plus riches, comme ils le sont, sans vergogne, dans Le Cycliste. Ce qui explique qu’aucun indice ne permette de déceler que le film ait été tourné en Iran, à Téhéran et Ispahan (les plans larges des scènes de rue au Pakistan, à Peshawar) et que la monnaie échangée ne soit pas le rial, mais le toman, disparu en 1932 !

Après Gabbeh et Kandahar, Le Cycliste, sorti dans nos salles en 1998, une fable insolite, jusque-là inédit, vient s’ajouter aux cinq films de Mohsen Makhmalbaf disponibles en vidéo, aux côtés de ceux de sa fille, Samira Makhmalbaf (elle tient dans le film le rôle d’une gamine âgée de 8 ans) et de son épouse, Marzieh Meshkini. Un vrai complot de famille !

Le Cycliste

Présentation - 4,0 / 5

Le Cycliste (80 minutes) et ses suppléments (50 minutes) tiennent sur un DVD-9 logé, comme tous les titres édités par Tamasa, dans un fin digipack.

Le menu fixe et musical, propose la version originale, avec sous-titres optionnels, au format audio Dolby Digital 2.0 mono.

On trouve dans la couverture du digipack un livret illustré de 32 pages qui s’ouvre sur une analyse de la trilogie des déshérités extraite de l’ouvrage d’Eric Egan The Films of Makhmalbaf, Cinema, Politics and Culture in Iran (Mage Publishers, 2004), soulignant le reflet qu’elle donne de la diversité multiculturelle de l’Iran, l’universalité du regard sur la condition des immigrants, la persistance de divisions profondes dans la société iranienne… Suivent une critique du film d’Émile Breton parue dans L’Humanité et une courte analyse par Vincent Ostria.

Le Cycliste

Bonus - 3,0 / 5

En complément, un entretien avec Mohsen Makhmalbaf (2017, 27’). Il souligne la dimension politique et sociale du cinéma de la nouvelle vague iranienne, sa quête de liberté, de justice et de vérité, apparente derrière la simple histoire de Nasim. Il se souvient du tournage, des difficultés d’approvisionnement en pellicule, des longues journées de prises de vue imposées par le petit budget. Il évoque aussi la censure en Iran qui peut aboutir à une interdiction de tourner et aussi peser sur la distribution du film : alors que Kandahar a été distribué dans plus de cent salles en Italie, il n’a pu être projeté en Iran que dans deux petites salles et pendant un temps très court. Dommage que l’entretien se soit fait en anglais, une langue dans laquelle le réalisateur est assez peu à l’aise.

Suit, un entretien avec Mamad Haghighat (2017, 13’), auteur d’une Histoire du cinéma iranien, 1900-1999 (Bibliothèque Publique d’Information du Centre Pompidou, 2000). Mohsen Makhmalbaf, né en 1969, ne découvre que tardivement le cinéma, en 1981. Son oeuvre, très diverse, porte un regard critique sur la société iranienne, sur la misère, sur l’exploitation des plus pauvres, notamment du million d’immigrés afghans…

Le Cycliste

Image - 4,5 / 5

L’image (1.66:1), parfaitement restaurée, débarrassée de toute trace de dégradation, très lumineuse, propose des couleurs fraîches, de solides contrastes avec des noirs denses. L’efficace réduction du bruit vidéo a respecté la texture argentique.

Son - 4,0 / 5

Le son Dolby Digital 2.0 mono, propre lui aussi, restitue avec clarté les dialogues (en persan, postsynchronisés), dans un bon équilibre avec les bruits d’ambiance. Quelques distorsions dans l’accompagnement musical.

Le Cycliste

Crédits images : © Farabi Cinema

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 12 décembre 2017
Le Cycliste est le septième film du réalisateur et scénariste iranien Mohsen Makhmalbaf, tourné dans son pays avant que l’obscurantisme de la république islamique ne l’oblige à s’exiler. Cette fable insolite, jusque-là inédite, vient s’ajouter aux cinq films disponibles en vidéo du porte-drapeau de la nouvelle vague du cinéma iranien.

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