Réalisé par Kevin Smith
Avec
Jason Mewes, Kevin Smith et Ben Affleck
Édité par TF1 Studio
Ils l’ont fait, ils ont osé ! Jay & Bob ont repoussé les
limites du comique venu d’outre-atlantique. Comment imaginer
un seul instant que ce quaker d’Oncle Sam, qui cultive
patriotisme, vertu et bons sentiments (comme d’autres la
marijuana) et les injectent à dose massive (en intraveineuse)
dans ses comédies (faites avec…amour), puisse un jour
donner naissance à ça ? Jay et Bob, deux mongoloïdes sans le
sou dépourvus de toute dignité qui utilisent le politiquement
correct à des fins purement hygiéniques. Comment soupçonner
de la part de citoyens américains (qui plus est lettrés)
d’ordinaire exemplaires, si préoccupés par le Bien, le bon
droit et les convenances, un tel déferlement de blagues
porno-géronto-zoo-scato ??? Peut-être parce que Jay & Bob
(alias Smith et Mewes) nous montre la face cachée de cette
Amérique si parfaite. Sûrement parce qu’ils ont envie,
contrairement aux autres comédies, de nous révéler le côté
obscur de la force.
Le titre est forcément évocateur. Ca ne vous rappelle rien ?
Vas-y tu le fais exprès !!! Issu de la cultissime série des
Star Wars, « Jay & Bob
contre-attaquent » fait ouvertement référence au 5ème volet
de cette guerre stellaire qui s’attache à nous faire
découvrir toute la puissance dees forces du Mal. Avec un
titre pareil, il ne s’agit pas simplement de faire une blague
vaguement amusante mais bien de marquer les esprits en leur
signifiant que Jay & Bob ne sont pas des gentils. A l’instar
de Beavis &
Butthead, ils vont « se faire » l’Amérique façon Dark Vador
et son Empereur. On vous prévient tout-de-suite, ça va
saigner !!! Pas le temps de dire ouf que le duo enchaîne
blagues sur blagues avec un déroutant aplomb qui fait se
demander s’ils ne se sont pas shootés avant chaque prise.
Rien qu’à leur tête, le spectateur sent immédiatement qu’ils
vont aller plus loin, encore plus loin, toujours plus loin,
jusqu’à pousser le bouchon au-delà de toute limite (excepté
peut-être celle de montrer les organes génitaux). Ce qui a
pour effet de prendre ce même spectateurs par surprise. A
l’image de Kevin Smith, Jay & Bob ne respectent rien ni
personne et font voler en éclats tabous et interdits.
C’est simple, là où tout autre film s’arrête parce qu’il sait
qu’il va devoir se colleter à la censure, « Jay & Bob
contre-attaquent » continue. Imaginez une série de scènes
censurées mises bout à bout et vous aurez une petite idée de
ce qu’est le film. A eux deux, ils se permettent tout et
n’importe quoi ; Insulter les internautes, savater les
enfants qui crachent sur le film, déshabiller le mystery
gang, faire éjaculer Scooby-Doo.. rien n’est
défendu,
tout est montrable et montré. Smith et Mewes vont jusqu’à
épingler Miramax (leur société de production) et leurs
acteurs (qui ont eu la bonne idée de jouer dans le film). Il
faut voir cette scène jubilatoire dans laquelle Matt Damon et
Ben Affleck (dans leurs propres rôles) reviennent sur le
système de production hollywoodien en passant à la moulinette
leur carrière. Stop la langue de bois !.. ça donne à peu près
ça « il y a les films dans lesquels tu tournes pour remplir
ton frigo et il y a les autres » dixit Ben Affleck… « Et puis
il y a Piège fatal » ajoute Matt Damon. Voilà ! Tout
est dit, ça vanne et ça casse pour le plus grand plaisir du
spectateur. Vous en voulez plus ? Allez ! Si on parlait un
peu des gros bonnets des studios… et là encore le film
taille dans le vif !
Lancé à 200 à l’heure, sans limite ni complexe, le film fait
l’effet d’un pavé dans la marre, d’une gigantesque bombe qui
a le bon » mauvais goût » d’exploser dans l’univers aseptisé
du gratin Hollywoodien. Vous connaissez Hollywood ??? Cette
merveilleuse multinationale à partir de laquelle on fabrique
les gentils héros qui sauvent tous les jours le monde et ses
habitants. Mais oui le monde…à moins que ce ne soit les
Etats-Unis..enfin c’est pareil !!! Alors vous
pensez
lorsqu’un maître Jedi de l’irrévérence nommé Kevin
Smith vient y commettre un film, il est aussitôt considéré
comme un extra-terrestre. Et c’est peut-être la définition la
plus adéquate pour décrire cet atypique saltimbanque devenu
scénariste, réalisateur et producteur. C’est peut-être pour
cela que studios et stars laissent dire et faire et que
certains des acteurs les plus influents donneraient tout pour
participer à l’entreprise. Il faut voir le nombre
incalculable de vedettes présentes au générique. Parmi elles
Mark Hamill, Chris Rock, Carrie Fisher, Morris Day, Ben
Affleck, Matt Damon, Jason Biggs, James Van der Beek
les
citer tous prendrait trop de temps (et encore le producteur
affirme en avoir refusé).
Sans se soucier de leur image ou des codes élaborés par la
maison-mère, cette tripotée d’acteurs se donnent avec
beaucoup d’autodérision, d’enthousiasme et d’entrain. Jamais
avares d’improvisations, hilarantes ou affligeantes, ils se
jettent à corps perdu dans la parodie voire l’autoparodie (cf
Mark Hamill en Castrator qui se voit trancher la main façon
Luke Skywalker ou Wes Craven qui déguise un singe en tueur de
Scream pour que le public adore).
Les plus sagaces d’entre vous auront dénombré pas moins d’une
vingtaine de parodies de films parmi lesquelles
E.T.,
Drôles de Dames,
Indiana Jones, Cat’s Eyes,
Scooby-Doo, Jumanji,
Alerte!, Le Fugitif,
X-Files,
La Planète des Singes,
Zorro, Batman,
Will Hunting (attendez je fais une courte pause
allez
on est reparti) Dawson, American Pie,
Clerks (tout premier film du tandem Smith / Mewes),
Boyz N the Hood et d’autres encore
sans oublier Star Wars - Episode V : L’Empire contre-attaque qui cimente l’ensemble. A
travers une multitude de sketchs et de gags divers et variés,
c’est à l’ensemble du star système que Jay & Bob déclarent la
guerre. Le film dans le film permet à nos deux lascars de
démonter un à un les mécanismes de fabrication d’un
Blockbuster en campant deux Laurel & Hardy
antisociaux, défoncés à l’héro.
Smith et Mewes alias Jay & Bob contre-attaquent avec humour
mais sans ménagement l’Empire du formatage alias Hollywood
pour donner naissance à un cabotinage jouissif et sain.
C’est particulier, c’est foncedé mais tu vas adorer man !
Côté conception, c’est presque un sans faute ! Tout bouge,
tout est animé et (dès l’introduction de la décoiffante
galette) vous plonge dans l’ambiance à part de ce film d’une
autre planète. L’image et la zic sont à tomber et ont eu les
honneurs d’un minutieux et éblouissant retravail. Résultat :
effet Home Cinéma (et embrouille avec les voisins)
garanti.
Il est heureusement bien loin et définitivement révolu le
temps où TF1 Vidéo sortait un Terminator
en mono avec un grain à faire pâlir la VHS. Ici, le
dévédénaute a le droit à du haut de gamme rempli de bonus
tous plus ingénieux les uns que les autres. Seul hic de
taille dans ce jardin d’Eden ; certains lecteurs DVD-ROM
(lire lecteur DVD sur ordinateur quoi !) se verront privés de
l’accès au sous-titrage des bonus. Remarquez ! Avec un bon
dico et quelques cassettes type « apprendre l’anglais niveau
débutant, avancé et argot des rues », vous devriez vous en
sortir.
Pas de panique !!! Revenez quoi !!! C’était pour rire… car
après avoir contacté le concepteur qui s’est lui-même
renseigné auprès de l’éditeur, votre serviteur est en mesure
de vous le déclarer avec solennité (la larmichette à l’oeil)
qu’il serait très surprenant que vous fussiez confrontés à ce
genre de problème. Tous les bonus, sans exception aucune,
sont sous-titrés français. Et si quelques rares lecteurs
DVD-ROM (dont le mien) ont le culot de vous faire le coup,
sachez que la totalité des lecteurs DVD de salon (dont le
mien) ainsi que beaucoup d’autres lecteurs DVDROM feront
apparaître ce sous-titrage béni des dieux. En d’autres
termes, ce serait une forme aiguë de malchance si vous étiez
trahis par le matériel !!!
Pour le reste.. y a de quoi rester planté 5 heures d’affilées
et encore, vous aurez à peine fait le tour de ce DVD
survitaminé !
L’éditeur a pensé à tout ce qui pourrait enrichir cette
édition digne d’un Collector. Du making of à la
bande-annonce, rien ne manque, tout y est. Vous saurez tout
sur la fabrication du film, les caméos des acteurs, le
pourquoi du comment est né cette gigantesque farce, sans
oublier l’ambiance délirante qui régnait sur le plateau au
moment du tournage. On a fait le tour ??? Je crois que oui !
Accrochez vos ceintures, c’est parti pour un rase-mottes
au-dessus de cette nuée de suppléments.
Making of (13’37 VOST)
Séquence émotion ! C’est assez fascinant de voir comme une
uvre aussi délirante peut laisser ses artisans bouches bée.
Non qu’ils n’aient rien à raconter sur le tournage. Les
anecdotes, comme on le verra par la suite, fourmillent mais
ils ont l’air (à l’exception de Smith et Mewes) tout droit
sorti d’un marathon qui les a épuisés. Ca n’est pas trop
grave ! Spécialement quand le making of regorgent de scènes
prises sur le vif comme c’est le cas dans celui-ci. Les
commentaires, souvent navrants, laissent place aux
improvisations, fous-rires, quiproquos du tournages qui, en
quelques images, en disent plus long que n’importe quel
discours. Seul regret ! Le making of eut été parfait avec un
montage un peu plus fun et rythmé
il aurait ainsi pu
parfaitement s’intégrer à l’ambiance du film. Au lieu de
cela, certaines séquences traînent en longueur et
alourdissent l’ensemble. Mais c’est vraiment histoire de
pinailler !
Bêtisier (7’51 - VOST)
Séquence humour ! 7’51 de fous-rires et de bafouillages en
tous genres qui soulignent l’extrême difficulté de
concentration des acteurs durant le tournage de cet ovni
qu’est « Jay & Bob contre-attaquent ». La bonne humeur est
communicative et fait l’objet d’une hilarante introduction de
nos deux héros qui livrent ici une performance décalée.
Décidément Smith & Mewes ne sont jamais là où on les
attendrait… surprenant !
Comedy Central, l’émission (21’58 VOST)
Séquence dont aurait largement pu se passer ! C’est le bonus
de trop !!! Enfin… c’est le seul et il en fallait bien un.
L’émission Comedy Central a consacré plusieurs
mini-reportages aux artisans de » Jay & Bob contre-attaquent
« , juste avant sa sortie en salles. Encore une fois, si ce
type de documentaire a un sens avant la sortie du film, il
n’en a aucun après. C’est d’une vacuité abyssale et chacun,
pour tuer l’ennui (le leur et celui du téléspectateur), se
lance dans un consternant cirage de pompe ou bien dans une
interprétation basique (pour ne pas dire lourde) du scénario.
Franchement, je vous soupçonne d’être assez intelligents pour
comprendre par vous-mêmes l’intrigue volontairement simpliste
du film. Quant aux échanges d’amabilités, il faut là aussi
oser pour taxer Smith et Mewes de « grands philosophes
contemporains »« . Qu’ils se soient réappropriés le comique
populaire et qu’ils s’en servent pour dénoncer le star
système, passe encore. Mais de là à les voir se répandre sur
des manuels scolaires, il ne faut pas avoir peur du ridicule.
C’est dommage car ce genre de propos excessif et
grandiloquent jette le discrédit sur ces mêmes gens qui
prétendent se foutre du système ! Pourquoi continuellement
encenser pour les besoins de la promo ?
un brin
d’auto-dérision saupoudrée de second degré aurait été le
bienvenu… ben faut croire que non !
Les Scènes coupées (VOST)
C’est le trésor du film. Vous aurez accès à pas moins de 42
scènes coupées, chacune introduite par le réalisateur et/ou
son producteur, sa famille et ses acteurs. La plupart
reprennent des gags existants en les prolongeant. Toutefois,
vous en verrez également de nouveaux qui n’ont pas survécu à
l’exigence de courte durée du film. C’est une véritable mine
d’or restituée dans son intégralité qui respecte
chronologiquement le déroulement du scénario
à parcourir
absolument !
La Planque secrète (11’ VOST)
Autre bijou de cette édition, la planque secrète reprend 4
improvisations qui n’ont pas dépassé la salle de montage et
montrent à quel point les acteurs du film sont également de
vrais artistes. Là encore, ces 4 séquences font l’objet d’une
introduction personnalisée qui pointent l’attachement du
réalisateur au processus de fabrication du film. Elles
méritaient, malgré tout, de voir le jour afin de témoigner du
degré de professionnalisme des acteurs (cf will Ferrell et le
Clit) et du soin apporté dans la conception du film. C’est
pas parce qu’on déconne qu’il faut laisser prendre au film
n’importe quelle direction. La Planque secrète réhabilite ces
séquences inutiles pour le film mais tellement indispensables
à la jubilation du dévédénaute !
Cours de dans (1’54)
C’est l’un des seuls suppléments où vous apercevrez Morris
Day and the Time. Pour l’occasion, ils apprennent à Smith et
Mewes quelques pas de danse. Rassurez-vous ! Rien de trop
élaboré (C’est Jay & Bob pas
Chicago). C’est ici l’occasion de
souligner la spontanéité du tournage et la grande part
laissée à l’improvisation. Court mais fun !
Bande de Comics
Enfin une édition où le dévédénaute a le droit au storyboard.
On avait fini par se résigner à attendre la sortie des James
Bond en DVD pour avoir la chance d’accéder à ce type de
suppléments (qui devrait être exhibé le plus souvent
possible). Encore un petit effort et la prochaine étape à
franchir sera la comparaison avec certaines séquences ou
images du film. Hé oui !!! Jamais satisfait ce dévédénaute
!!!
Filmographies
C’est fixe, c’est sommaire mais toutefois bien utile !
Histoire de se rappeler ce que chacun a fait avant d’en
arriver à « contre-attaquer » tous azimuts…
Bandes-annonces
Admirez tout le respect que peut avoir un éditeur pour ces
acheteurs. TF1 Vidéo ne vous donne pas accès à une
bande-annonce du film mais bien à 3 d’entre elles ; La
bande-annonce cinéma (VOST) et les 2 bandes-annonces
internet (VO). L’image et le son de qualité vous
permettront de vous les repasser encore et encore
pour les
observateurs les plus aguerris, vous y trouverez alors des
scènes qui n’ont pu se frayer un chemin jusqu’à la version
finale du film. A vous de les repérer !!!
Voir une image aussi somptueuse, c’est de la balle ! Toujours
précise, jamais bruitée, elle restitue dans les moindres
détails les nuances de lumières et pousse à son maximum le
contraste des couleurs, offrant ainsi un festival d’effets
visuels à l’écran. Ca manque un poil de subtilité, mais vu le
ton du film, on s’en balance carrément. On oublie les
dégardés de teinte pour leur préférer des rouges vifs, des
bleus clinquants et du vert fluorescent. Ni coulure, ni
crénelage, c’est du bel ouvrage certes tape à l’il mais
redoutablement efficace.
Certaines séquences tirent partie de cette débauche de
couleurs ; notamment la séquence dans laquelle Sissy, Chrissy
et Justice passent les rayons infra-rouges pour voler le
laboratoire sensé effectuer des tests sur les animaux ou bien
encore la bataille finale type Star Wars - Episode IV : Un nouvel espoir où la mise
en scène, les costumes, la réalisation et les décors
concourent à en mettre plein la vue au spectateur.
Pour résumer, « Jay & Bob contre-attaquent » est une édition
qui sort des sentiers battus et joue pleinement la carte de
la démesure visuelle. Ca claque ! ! !
Histoire de jouer les troubles-fêtes, on peut reprocher au
menu sonore de ne pas séparer audio et sous-titres. En clair,
si vous avez envie d’écouter le film en VO, c’est avec
sous-titres français sinon rien (une spécialité regrettable
de l’éditeur). Mais c’est vraiment histoire de pourrir un
chouillat l’ambiance. Parce qu’une fois la piste
sélectionnée, c’est en véritable boîte de nuit que va se
transformer votre appartement. House Party vous connaissez
?
Si les voix sont claires et les bruits sonores (en montant
légèrement le volume vous percevrez ce bruit si jouissif et
familier du faisceau laser frâichement sorti du sabre), ils
ne sont rien comparés à la dynamique dégagée par la
bande-son. Le tout mélo-mixé utilisera au maximum les
capacités de vos enceintes. Après le « dans ta face » de
l’image, voici que l’éditeur y ajoute le « dans tes oreilles ».
Là encore, les séquences s’y prêtent.
Les impros de Bob & Jay devant le supermarché, les poursuites
en voiture, les explosions sans oublier encore une fois la
cultissime bataille finale type Star Wars - Episode IV : Un nouvel espoir. Toutes
ces séquences mises bout à bout affoleront vos basses (et
hurler les voisins). En VOST comme en VF, pas de détail,
c’est du bon son de la mort qui frappe (bien que les voix de
la VF soient un poil plus en avant que celles de la VOST).
Mais encore une fois Peace sur le sujet, c’est du travail
d’artiste que l’éditeur nous a livré… Respect ! ! !
Bon DVD à vous brothers et sisters !