Jay & Bob contre-attaquent (2001) : le test complet du DVD

Jay and Silent Bob Strike Back

Réalisé par Kevin Smith
Avec Jason Mewes, Kevin Smith et Ben Affleck

Édité par TF1 Studio

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Le 04/11/2003
Critique

Ils l’ont fait, ils ont osé ! Jay & Bob ont repoussé les limites du comique venu d’outre-atlantique. Comment imaginer un seul instant que ce quaker d’Oncle Sam, qui cultive patriotisme, vertu et bons sentiments (comme d’autres la marijuana) et les injectent à dose massive (en intraveineuse) dans ses comédies (faites avec…amour), puisse un jour donner naissance à ça ? Jay et Bob, deux mongoloïdes sans le sou dépourvus de toute dignité qui utilisent le politiquement correct à des fins purement hygiéniques. Comment soupçonner de la part de citoyens américains (qui plus est lettrés) d’ordinaire exemplaires, si préoccupés par le Bien, le bon droit et les convenances, un tel déferlement de blagues porno-géronto-zoo-scato ??? Peut-être parce que Jay & Bob (alias Smith et Mewes) nous montre la face cachée de cette Amérique si parfaite. Sûrement parce qu’ils ont envie, contrairement aux autres comédies, de nous révéler le côté obscur de la force.

Le titre est forcément évocateur. Ca ne vous rappelle rien ? Vas-y tu le fais exprès !!! Issu de la cultissime série des Star Wars, « Jay & Bob contre-attaquent » fait ouvertement référence au 5ème volet de cette guerre stellaire qui s’attache à nous faire découvrir toute la puissance dees forces du Mal. Avec un titre pareil, il ne s’agit pas simplement de faire une blague vaguement amusante mais bien de marquer les esprits en leur signifiant que Jay & Bob ne sont pas des gentils. A l’instar de Beavis & Butthead, ils vont « se faire » l’Amérique façon Dark Vador et son Empereur. On vous prévient tout-de-suite, ça va saigner !!! Pas le temps de dire ouf que le duo enchaîne blagues sur blagues avec un déroutant aplomb qui fait se demander s’ils ne se sont pas shootés avant chaque prise. Rien qu’à leur tête, le spectateur sent immédiatement qu’ils vont aller plus loin, encore plus loin, toujours plus loin, jusqu’à pousser le bouchon au-delà de toute limite (excepté peut-être celle de montrer les organes génitaux). Ce qui a pour effet de prendre ce même spectateurs par surprise. A l’image de Kevin Smith, Jay & Bob ne respectent rien ni personne et font voler en éclats tabous et interdits.

C’est simple, là où tout autre film s’arrête parce qu’il sait qu’il va devoir se colleter à la censure, « Jay & Bob contre-attaquent » continue. Imaginez une série de scènes censurées mises bout à bout et vous aurez une petite idée de ce qu’est le film. A eux deux, ils se permettent tout et n’importe quoi ; Insulter les internautes, savater les enfants qui crachent sur le film, déshabiller le mystery gang, faire éjaculer Scooby-Doo.. rien n’est défendu, tout est montrable et montré. Smith et Mewes vont jusqu’à épingler Miramax (leur société de production) et leurs acteurs (qui ont eu la bonne idée de jouer dans le film). Il faut voir cette scène jubilatoire dans laquelle Matt Damon et Ben Affleck (dans leurs propres rôles) reviennent sur le système de production hollywoodien en passant à la moulinette leur carrière. Stop la langue de bois !.. ça donne à peu près ça « il y a les films dans lesquels tu tournes pour remplir ton frigo et il y a les autres » dixit Ben Affleck… « Et puis il y a Piège fatal  » ajoute Matt Damon. Voilà ! Tout est dit, ça vanne et ça casse pour le plus grand plaisir du spectateur. Vous en voulez plus ? Allez ! Si on parlait un peu des gros bonnets des studios… et là encore le film taille dans le vif !

Lancé à 200 à l’heure, sans limite ni complexe, le film fait l’effet d’un pavé dans la marre, d’une gigantesque bombe qui a le bon  » mauvais goût  » d’exploser dans l’univers aseptisé du gratin Hollywoodien. Vous connaissez Hollywood ??? Cette merveilleuse multinationale à partir de laquelle on fabrique les gentils héros qui sauvent tous les jours le monde et ses habitants. Mais oui le monde…à moins que ce ne soit les Etats-Unis..enfin c’est pareil !!! Alors vous pensez…lorsqu’un maître Jedi de l’irrévérence nommé Kevin Smith vient y commettre un film, il est aussitôt considéré comme un extra-terrestre. Et c’est peut-être la définition la plus adéquate pour décrire cet atypique saltimbanque devenu scénariste, réalisateur et producteur. C’est peut-être pour cela que studios et stars laissent dire et faire et que certains des acteurs les plus influents donneraient tout pour participer à l’entreprise. Il faut voir le nombre incalculable de vedettes présentes au générique. Parmi elles Mark Hamill, Chris Rock, Carrie Fisher, Morris Day, Ben Affleck, Matt Damon, Jason Biggs, James Van der Beek…les citer tous prendrait trop de temps (et encore le producteur affirme en avoir refusé).

Sans se soucier de leur image ou des codes élaborés par la maison-mère, cette tripotée d’acteurs se donnent avec beaucoup d’autodérision, d’enthousiasme et d’entrain. Jamais avares d’improvisations, hilarantes ou affligeantes, ils se jettent à corps perdu dans la parodie voire l’autoparodie (cf Mark Hamill en Castrator qui se voit trancher la main façon Luke Skywalker ou Wes Craven qui déguise un singe en tueur de Scream pour que le public adore). Les plus sagaces d’entre vous auront dénombré pas moins d’une vingtaine de parodies de films parmi lesquelles E.T., Drôles de Dames, Indiana Jones, Cat’s Eyes, Scooby-Doo, Jumanji, Alerte!, Le Fugitif, X-Files, La Planète des Singes, Zorro, Batman, Will Hunting (attendez je fais une courte pause…allez on est reparti) Dawson, American Pie, Clerks (tout premier film du tandem Smith / Mewes), Boyz N the Hood et d’autres encore sans oublier Star Wars - Episode V : L’Empire contre-attaque qui cimente l’ensemble. A travers une multitude de sketchs et de gags divers et variés, c’est à l’ensemble du star système que Jay & Bob déclarent la guerre. Le film dans le film permet à nos deux lascars de démonter un à un les mécanismes de fabrication d’un Blockbuster en campant deux Laurel & Hardy antisociaux, défoncés à l’héro.

Smith et Mewes alias Jay & Bob contre-attaquent avec humour mais sans ménagement l’Empire du formatage alias Hollywood pour donner naissance à un cabotinage jouissif et sain.

C’est particulier, c’est foncedé mais tu vas adorer man !

Présentation - 4,0 / 5

Côté conception, c’est presque un sans faute ! Tout bouge, tout est animé et (dès l’introduction de la décoiffante galette) vous plonge dans l’ambiance à part de ce film d’une autre planète. L’image et la zic sont à tomber et ont eu les honneurs d’un minutieux et éblouissant retravail. Résultat : effet Home Cinéma (et embrouille avec les voisins) garanti.

Il est heureusement bien loin et définitivement révolu le temps où TF1 Vidéo sortait un Terminator en mono avec un grain à faire pâlir la VHS. Ici, le dévédénaute a le droit à du haut de gamme rempli de bonus tous plus ingénieux les uns que les autres. Seul hic de taille dans ce jardin d’Eden ; certains lecteurs DVD-ROM (lire lecteur DVD sur ordinateur quoi !) se verront privés de l’accès au sous-titrage des bonus. Remarquez ! Avec un bon dico et quelques cassettes type « apprendre l’anglais niveau débutant, avancé et argot des rues », vous devriez vous en sortir.

Pas de panique !!! Revenez quoi !!! C’était pour rire… car après avoir contacté le concepteur qui s’est lui-même renseigné auprès de l’éditeur, votre serviteur est en mesure de vous le déclarer avec solennité (la larmichette à l’oeil) qu’il serait très surprenant que vous fussiez confrontés à ce genre de problème. Tous les bonus, sans exception aucune, sont sous-titrés français. Et si quelques rares lecteurs DVD-ROM (dont le mien) ont le culot de vous faire le coup, sachez que la totalité des lecteurs DVD de salon (dont le mien) ainsi que beaucoup d’autres lecteurs DVDROM feront apparaître ce sous-titrage béni des dieux. En d’autres termes, ce serait une forme aiguë de malchance si vous étiez trahis par le matériel !!!

Pour le reste.. y a de quoi rester planté 5 heures d’affilées et encore, vous aurez à peine fait le tour de ce DVD survitaminé !

Bonus - 4,0 / 5

L’éditeur a pensé à tout ce qui pourrait enrichir cette édition digne d’un Collector. Du making of à la bande-annonce, rien ne manque, tout y est. Vous saurez tout sur la fabrication du film, les caméos des acteurs, le pourquoi du comment est né cette gigantesque farce, sans oublier l’ambiance délirante qui régnait sur le plateau au moment du tournage. On a fait le tour ??? Je crois que oui ! Accrochez vos ceintures, c’est parti pour un rase-mottes au-dessus de cette nuée de suppléments.

Making of (13’37 – VOST)
Séquence émotion ! C’est assez fascinant de voir comme une œuvre aussi délirante peut laisser ses artisans bouches bée. Non qu’ils n’aient rien à raconter sur le tournage. Les anecdotes, comme on le verra par la suite, fourmillent mais ils ont l’air (à l’exception de Smith et Mewes) tout droit sorti d’un marathon qui les a épuisés. Ca n’est pas trop grave ! Spécialement quand le making of regorgent de scènes prises sur le vif comme c’est le cas dans celui-ci. Les commentaires, souvent navrants, laissent place aux improvisations, fous-rires, quiproquos du tournages qui, en quelques images, en disent plus long que n’importe quel discours. Seul regret ! Le making of eut été parfait avec un montage un peu plus fun et rythmé…il aurait ainsi pu parfaitement s’intégrer à l’ambiance du film. Au lieu de cela, certaines séquences traînent en longueur et alourdissent l’ensemble. Mais c’est vraiment histoire de pinailler !

Bêtisier (7’51 - VOST)
Séquence humour ! 7’51 de fous-rires et de bafouillages en tous genres qui soulignent l’extrême difficulté de concentration des acteurs durant le tournage de cet ovni qu’est « Jay & Bob contre-attaquent ». La bonne humeur est communicative et fait l’objet d’une hilarante introduction de nos deux héros qui livrent ici une performance décalée. Décidément Smith & Mewes ne sont jamais là où on les attendrait… surprenant !

Comedy Central, l’émission (21’58 – VOST)
Séquence dont aurait largement pu se passer ! C’est le bonus de trop !!! Enfin… c’est le seul et il en fallait bien un. L’émission Comedy Central a consacré plusieurs mini-reportages aux artisans de  » Jay & Bob contre-attaquent « , juste avant sa sortie en salles. Encore une fois, si ce type de documentaire a un sens avant la sortie du film, il n’en a aucun après. C’est d’une vacuité abyssale et chacun, pour tuer l’ennui (le leur et celui du téléspectateur), se lance dans un consternant cirage de pompe ou bien dans une interprétation basique (pour ne pas dire lourde) du scénario. Franchement, je vous soupçonne d’être assez intelligents pour comprendre par vous-mêmes l’intrigue volontairement simpliste du film. Quant aux échanges d’amabilités, il faut là aussi oser pour taxer Smith et Mewes de « grands philosophes contemporains »« . Qu’ils se soient réappropriés le comique populaire et qu’ils s’en servent pour dénoncer le star système, passe encore. Mais de là à les voir se répandre sur des manuels scolaires, il ne faut pas avoir peur du ridicule. C’est dommage car ce genre de propos excessif et grandiloquent jette le discrédit sur ces mêmes gens qui prétendent se foutre du système ! Pourquoi continuellement encenser pour les besoins de la promo ?…un brin d’auto-dérision saupoudrée de second degré aurait été le bienvenu… ben faut croire que non !

Les Scènes coupées (VOST)
C’est le trésor du film. Vous aurez accès à pas moins de 42 scènes coupées, chacune introduite par le réalisateur et/ou son producteur, sa famille et ses acteurs. La plupart reprennent des gags existants en les prolongeant. Toutefois, vous en verrez également de nouveaux qui n’ont pas survécu à l’exigence de courte durée du film. C’est une véritable mine d’or restituée dans son intégralité qui respecte chronologiquement le déroulement du scénario…à parcourir absolument !

La Planque secrète (11’ – VOST)
Autre bijou de cette édition, la planque secrète reprend 4 improvisations qui n’ont pas dépassé la salle de montage et montrent à quel point les acteurs du film sont également de vrais artistes. Là encore, ces 4 séquences font l’objet d’une introduction personnalisée qui pointent l’attachement du réalisateur au processus de fabrication du film. Elles méritaient, malgré tout, de voir le jour afin de témoigner du degré de professionnalisme des acteurs (cf will Ferrell et le Clit) et du soin apporté dans la conception du film. C’est pas parce qu’on déconne qu’il faut laisser prendre au film n’importe quelle direction. La Planque secrète réhabilite ces séquences inutiles pour le film mais tellement indispensables à la jubilation du dévédénaute !

Cours de dans (1’54)
C’est l’un des seuls suppléments où vous apercevrez Morris Day and the Time. Pour l’occasion, ils apprennent à Smith et Mewes quelques pas de danse. Rassurez-vous ! Rien de trop élaboré (C’est Jay & Bob pas Chicago). C’est ici l’occasion de souligner la spontanéité du tournage et la grande part laissée à l’improvisation. Court mais fun !

Bande de Comics
Enfin une édition où le dévédénaute a le droit au storyboard. On avait fini par se résigner à attendre la sortie des James Bond en DVD pour avoir la chance d’accéder à ce type de suppléments (qui devrait être exhibé le plus souvent possible). Encore un petit effort et la prochaine étape à franchir sera la comparaison avec certaines séquences ou images du film. Hé oui !!! Jamais satisfait ce dévédénaute !!!

Filmographies
C’est fixe, c’est sommaire mais toutefois bien utile ! Histoire de se rappeler ce que chacun a fait avant d’en arriver à « contre-attaquer » tous azimuts…

Bandes-annonces
Admirez tout le respect que peut avoir un éditeur pour ces acheteurs. TF1 Vidéo ne vous donne pas accès à une bande-annonce du film mais bien à 3 d’entre elles ; La bande-annonce cinéma (VOST) et les 2 bandes-annonces internet (VO). L’image et le son de qualité vous permettront de vous les repasser encore et encore…pour les observateurs les plus aguerris, vous y trouverez alors des scènes qui n’ont pu se frayer un chemin jusqu’à la version finale du film. A vous de les repérer !!!

Image - 5,0 / 5

Voir une image aussi somptueuse, c’est de la balle ! Toujours précise, jamais bruitée, elle restitue dans les moindres détails les nuances de lumières et pousse à son maximum le contraste des couleurs, offrant ainsi un festival d’effets visuels à l’écran. Ca manque un poil de subtilité, mais vu le ton du film, on s’en balance carrément. On oublie les dégardés de teinte pour leur préférer des rouges vifs, des bleus clinquants et du vert fluorescent. Ni coulure, ni crénelage, c’est du bel ouvrage certes tape à l’œil mais redoutablement efficace.

Certaines séquences tirent partie de cette débauche de couleurs ; notamment la séquence dans laquelle Sissy, Chrissy et Justice passent les rayons infra-rouges pour voler le laboratoire sensé effectuer des tests sur les animaux ou bien encore la bataille finale type Star Wars - Episode IV : Un nouvel espoir où la mise en scène, les costumes, la réalisation et les décors concourent à en mettre plein la vue au spectateur.

Pour résumer, « Jay & Bob contre-attaquent » est une édition qui sort des sentiers battus et joue pleinement la carte de la démesure visuelle. Ca claque ! ! !

Son - 4,5 / 5

Histoire de jouer les troubles-fêtes, on peut reprocher au menu sonore de ne pas séparer audio et sous-titres. En clair, si vous avez envie d’écouter le film en VO, c’est avec sous-titres français sinon rien (une spécialité regrettable de l’éditeur). Mais c’est vraiment histoire de pourrir un chouillat l’ambiance. Parce qu’une fois la piste sélectionnée, c’est en véritable boîte de nuit que va se transformer votre appartement. House Party vous connaissez ?

Si les voix sont claires et les bruits sonores (en montant légèrement le volume vous percevrez ce bruit si jouissif et familier du faisceau laser frâichement sorti du sabre), ils ne sont rien comparés à la dynamique dégagée par la bande-son. Le tout mélo-mixé utilisera au maximum les capacités de vos enceintes. Après le « dans ta face » de l’image, voici que l’éditeur y ajoute le « dans tes oreilles ». Là encore, les séquences s’y prêtent.

Les impros de Bob & Jay devant le supermarché, les poursuites en voiture, les explosions sans oublier encore une fois la cultissime bataille finale type Star Wars - Episode IV : Un nouvel espoir. Toutes ces séquences mises bout à bout affoleront vos basses (et hurler les voisins). En VOST comme en VF, pas de détail, c’est du bon son de la mort qui frappe (bien que les voix de la VF soient un poil plus en avant que celles de la VOST). Mais encore une fois Peace sur le sujet, c’est du travail d’artiste que l’éditeur nous a livré… Respect ! ! !

Bon DVD à vous brothers et sisters !

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Rétroprojecteur Toshiba 43PH14P
  • Toshiba SD-330ES
  • Onkyo TX-DS797
  • système d'enceinte 5.1 Triangle