Self Control (2003) : le test complet du DVD

Anger Management

Réalisé par Peter Segal
Avec Adam Sandler, Jack Nicholson et Marisa Tomei

Édité par Sony Pictures

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 21/01/2004
Critique

« Self Control » est une comédie comme vous n’en avez que (trop) rarement vue ! Et je ne parle pas de la réalisation qui n’a rien à envier aux épisodes de « Papa La Bricole » ou bien d’une « Nounou d’Enfer » car de ce côté-là, on assiste avec Peter Segal aux commandes (Y a-t-il un flic pour sauver Hollywood ?, La Famille Foldingue…) à un exercice d’un classicisme le plus achevé. Non je parle de bien autre chose qui fait que le film échappe à un instant T à son réalisateur pour prendre une dimension, une ampleur, une signification surpassant tout ce qui avait pu être imaginé au départ. « Self Control » est plus qu’une simple comédie réjouissante. C’est une leçon de cinéma !!!

Première raison : l’idée. Impossible de manquer son objectif (captiver, dérouter et amuser) avec une idée pareille. Imaginez un instant qu’un type tout ce qu’il y a de plus normal soit taxé de fou dangereux au comportement compulsif et violent. Imaginez que la société le marginalise et que les tribunaux le condamnent à suivre une thérapie. Imaginez enfin que cet homme soit affublé d’un psychiatre franchement dérangé qui le squatte, l’excite, le tyrannise pour finir par tenter de lui souffler sa petite amie. Inimaginable me direz-vous ? Et pourtant c’est le ressort loufoque et prometteur de cette étrange comédie. L’idée implique des milliards de possibilités issues d’une foultitude de paramètres. Prenez par exemple ce pauvre type. Qu’a-t-il fait ? Comment va-t-il pouvoir se disculper ? Quelle stratégie pour sortir des griffes du docteur siphonné ? Quel avenir dans son entreprise ? L’idée se transforme ici en McGuffin (pour reprendre un terme éminemment Hitchcockien). C’est parce que le patient est pris pour un fou que son aliéné de psychiatre (considéré comme sain d’esprit) va pouvoir l’amener à réaliser des choses démentes. La thérapie sur le contrôle de soi devient ici le déclencheur de l’histoire (le Mc Guffin).

De cette idée aux multiples ressorts, le scénario découle. Un scénario rôdé à la mécanique bien huilée qui met en scène suffisamment de situations pour renouveler le rire et dynamiser l’ensemble. Mais sous ses airs d’apologie du rêve américain, « Self Control » révèle un tortueux penchant à l’auto-dérision et au second degré. Prenez l’exemple des scènes avec le chat. Un chat à la surcharge pondérale tellement prononcée qu’il faut créer une ligne de vêtements dans l’unique but de masquer son obésité. Voilà comment sont perçus les animaux familiers des américains. Autre scène, autre exemple, les moines bouddhistes originellement défenseurs de la non-violence et qui, poussés à bout par l’intervention du tandem Sandler / Nicholson finissent par se révolter jusqu’à chasser nos deux compères à coups de pelles et de râteaux. Et que fait-on du respect face aux cultes ? Enfin la scène du flirt est un modèle d’utilisation de la femme comme simple objet. Bref…plans après plans, le duo Segal (réalisateur) / Dorfman (scénariste) distille une irrévérence appréciable en forme pieds de nez aux standards cinématographiques de la comédie U.S. Jamais « Self Control » n’endossera le rôle du manifeste « anti politiquement correct » mais on y rit de tout et de tous. N’est-ce pas sain ? N’est-ce pas frais de troquer le « Think Right » (pensez bien) pour le « Think different » (Pensez différemment) ? C’est en tous les cas ce qui fait le sel de ce scénario qui n’hésite aucunement à transgresser les règles au profit d’un contre-courant stimulant et réconfortant. La forme la plus abjecte de la censure n’est-elle pas l’auto-censure ? Et tant pis si ça fâche ! Cette comédie est habitée par l’esprit des frères Farrelly (Mary à tout Prix, Fous d’Irène…) et c’est ce qui en fait le sel.

Comme la plupart des Farrelly comédies, « Self Control » observe la société américaine et y puise dans ce qu’elle a de plus délirant son inspiration. Les programmes pour éviter les débordements dus à la colère sont un véritable phénomène de société aux Etats-Unis. Nombre d’américains, soumis au stress de la Grosse Pomme (alias New York) se réfugient dans ces thérapies qui portent le nom de « Anger Management ». Ils apprennent à y contrôler leurs pulsions. L’objectif : éviter de constituer une menace pour la société. Sur des fondations (étonnamment) bien réelles, « Self Control » tricote une (stupéfiante) idée et engendrent un scénario malin. Les Farrelly ont ouvert la voie, les frères Weitz (American Pie, Pour un garçon…) s’y sont engouffrés, le duo Segal / Dorfman renouvelle intelligemment le concept. Leur trouvaille : faire se télescoper l’humour scabreux de Los Angeles et l’univers New-Yorkais. Incompatibles me direz-vous ? Oui et c’est pourquoi « Self Control » réussit brillamment l’entreprise parce qu’il fait reposer l’humour sur cette fondamentale incompatibilité, extrayant de la rencontre entre ces deux mondes une savoureuse opposition pour ne pas dire un légendaire face-à-face.

On en vient tout naturellement à s’interroger sur la bizarroïde association entre Jack Nicholson (monstre sacré) et Adam Sandler (le comique qui monte). Elle couronne cette idée force d’opposition entre deux milieux, deux cultures, deux êtres au demeurant incompatibles. D’un côté, une figure de proue du cinéma à l’ensorcelante personnalité et à l’incontestable démesure. De l’autre, un agaçant Pygmalion au charisme douteux et au talent approximatif. L’un prendra-t-il sur l’autre l’ascendant ? En aucune manière, Bien au contraire ! De la différence naît l’irrépressible inclination pour l’affrontement. Sandler et Nicholson l’ont compris, leurs personnages font appel à un stimulant antagonisme. Qui sera le dominé et qui sera le dominant ? Peut-être pas celui qu’on pense et à ce petit jeu, tous les coups les plus retors sont permis. Les acteurs dépassent alors le cadre du scénario et improvisent. Ca se voit, ça se sent et par-dessus tout ça s’entend (cf. la scène du lit). Le film tout entier finit par échapper à son réalisateur. Sandler et Nicholson, pris dans la stimulante compétition qu’appellent leurs personnages, rivalisent d’imagination et s’approprient chacune des scènes. L’équilibre en est rompu au profit d’une explosion de sentiments les plus divers. Le film prend vit et réussit son pari : rendre le spectateur furax de bonheur.

Mais pourquoi est-il si jouissivement méchant ??? Parce que !!!

Présentation - 3,5 / 5

Ouverture sur le thème de la variation psychanalytique avec musique d’ambiance et test de Rorschar. Dès l’introduction de la galette dans le lecteur, les menus de « Self Control » prennent en charge le patient. Humour et soin sont ici prescrits à haute dose par l’éditeur afin d’accroître chez le dévédéphile plaisir, confort et ergonomie dans la navigation. Hormis certaines transitions franchement ratées et de rares sous-menus fixes et tristounets, l’ensemble trahit une volonté de bien faire et vous invitera à découvrir tous les trésors que contient cette édition.

Bandes-annonces, scènes coupées, making of et commentaire. Voilà qui comblera les attentes légitimes du dévédéphile avide de suppléments et enrichira cette édition qu’on peut sans complexe qualifier de collector. Quant à la qualité technique, Columbia persiste et signe en livrant là un travail remarquable. A noter l’excellence en termes de son qu’accompagne une image à tous points de vu irréprochable. N’ayons pas peur des mots, cette édition est un exemple.

L’éditeur a tenu pour l’occasion à lier forme et fond, clarifiant ainsi la nature et le genre du film. Une initiative heureuse qui lui avait cruellement fait défaut lors de sa sortie en salles. Seule ombre au tableau ; Où est passé Big Jack ? Pas un début de commencement de fin d’une interview de Jack Nicholson. C’est dommage ! On aurait aimé avoir son sentiment sur son talentueux cabotinage. Aurons-nous la chance une prochaine fois ?

Bonus - 3,5 / 5

4, je mets 4 ! Non pas qu’il y ait des bonus à foison. Pour l’insatiable dévédéphile que je suis, il n’y en a jamais assez. Mais parce que l’éditeur a ici consenti un réel effort de personnalisation et ça se voit ! L’équipe du film (Nicholson mis à part) a pris un malin plaisir à colorer ces suppléments d’une saine et communicative bonne humeur, allant même jusqu’à y ajouter un jeu (de bonne facture) dans lequel ce sont eux qui vous posent des questions afin de vérifier si vous avez bien saisi l’esprit du film. Bref…à la fin du visionnage, il va y avoir interro et nous verrons bien alors tous ceux qui n’ont rien suivi (ceux-là même bien installés au chaud près du radiateur ! ! !). L’absence d’un commentaire de Jack Nicholson himself se fait cruellement ressentir tout comme l’absence en fin de jeu d’un bonus caché ou bien d’un reprotage rapide mais instructif sur de véritables séances de « Anger Management ». Mais bon…c’est histoire de suggérer !…pour une édition ultimate…peut-être ?

Les Scènes coupées (10’11 – VOST)

Section fort réjouissante avec son cortège (4 au total) de scènes montées, sonorisées…bref retravaillées. Mais attention ! Hors de question de vous présenter des bouts de scénettes qui n’ont ni queue ni tête. Les gags qu’elles mettent en lumière sont drôles, formidablement bien amenés et l’on se demande même pourquoi certains d’entre eux ont été coupés au montage…Notamment celui de l’automobiliste barraqué et celui qui transforme le simple caméo de Mc Enroe en véritable rôle (le face-à-face Nicholson / Mc Enroe est à mourir de rire). Le tout est présenté en dolby surround et vous fait regretter de ne pas avoir les commentaires (du réalisateur, du scénariste, des acteurs ou du producteur) pour expliquer ces coupes sombres dans le montage…elles avaient leur place ! A-t-on sacrifié au rythme, à la durée, au sens ? Allez…donnez-nous un petit, un minuscule, une larve d’indice quoi ?

Le Making of (20 minutes environ - VOST)

Au nombre de deux, ils constituent le corps de ce DVD. On passera très vite sur le second making of de 4 minutes environ et qui s’apparente tout au plus à une ôde au monstre sacré qu’est Jack Nicholson, tout au moins à un pitoyable exercice de je-te-passe-de-la-brosse-à-reluire, exercice ô combien fréquent dans ce monde merveilleux qu’est Hollywood. A ce jeu-là, Marisa Tomeï (charmante au demeurant) décroche le ponpon avec son florilège de compliments. Et qu’il est le meilleur ! Et qu’il est le plus grand ! Et qu’il est le plus gentil ! Qu’elle est serviable cette Marisa. Ni une biographie, ni un portrait, ni un véritable sujet…c’est juste une honteuse séance de tout-le-monde-se-lève pour Big Jack…Pathétique, ennuyeux, inutile et navrant. Le premier making of est en revanche fort intéressant car au lieu de vous réexpliquer niaisement le film (ce qui est trop souvent le cas), le documentaire met l’accent sur le casting, le style (au travers du travail discret mais essentiel du chef décorateur), la construction des personnages et la place importante laissée à l’improvisation. Vous verrez comment une oeuvre peut heureusement échapper à son réalisateur pour fuir une réalisation académique et s’appuyer sur l’extraordinaire alchimie développée par les acteurs. A voir absolument !

Le Bêtisier (5’35 – VOST)

Se dégage de ce bêtisier une bonne humeur évidente avec improvisations et talents d’acteurs à la clef. C’est généralement une section qui fait la part belle aux gaffes et aux fous-rires. Ici, on a le droit en plus aux cabotinages de Big Jack dont la personnalité a clairement influé sur le ton et l’ambiance du film. Il se prête au jeu, se trompe à dessein, interrompt, recommence, déstabilise les autres acteurs…en un mot Big Jack a mis le feu sur le plateau…La preuve en images…

Bande-annonce (1’24 – VOST)

Des bandes-annonces encore et encore. Des bandes-annonces comme s’il en pleuvait ! Joli retravail sur le son et l’image car toutes sont présentées en Dolby Digital 5.1. Vous l’aurez compris, seule la bande-annonce du film nous intéresse d’où le minutage de cette section (1’24). Les autres, parmi lesquelles vous trouverez Bad Boys II, Charlie’s Angels : Les anges se déchaînent et « Gigli », sont de la promotion. On ne dira jamais assez combien il est agréable de regarder un belle bande-annonce, même après avoir 100 fois vu le film. C’est un de ces petits plaisirs de cinéphiles cousin de celui qui vous fait demeurer dans une salle, à la fin du film, pour regarder le générique en entier. Bien agréable ! ! !

Image - 5,0 / 5

Piqué exceptionnel, précision du plan, contraste appuyé des couleurs. Même si « Self Control » ne nécessitait pas une technicité hors pair, l’éditeur nous a gratifié d’une image adaptée au ton du film. Les blancs froids s’opposent au rose chaleureux des visages, ce qui permet au dévédéphile d’adhérer très rapidement aux situations et de s’identifier aux personnages. Lorsque Sandler bout, nous bouillons avec lui. Lorsque le cadre est chaleureux, nous nous détendons avec lui. Lorsque son teint blêmit jusqu’à se confondre avec la pâleur des murs, nous déprimons avec lui.

Quant à la compression, elle est tout simplement éblouissante avec juste ce qu’il faut de qualité pour offrir aux champs détails et profondeur. Jamais, en quelque occasion que ce soit, la chrominance n’est pris en défaut et les jeux de lumière (cruciaux pour dessiner sur le visage de Nicholson toute l’ambiguïté du personnage) sont ici parfaitement retranscrits. L’image offre de très beaux instants de poésie et manipule avec bonheur les émotions que « Self Control » nous amène à ressentir. Une note de 5 est encore trop basse pour une telle excellence ! ! !

Son - 5,0 / 5

Côté bande son, même punition ou devrais-je dire même récompense ! ! ! Enveloppante, chaleureuse, elle sait tour-à-tour soutenir l’exaspération, la satisfaction, la tristesse et la joie…de belles envolée lyriques pour un film à la musicalité poétique. La scène d’ouverture, celle de l’arrivée de Jack dans l’appartement ou bien encore celle dans l’enceinte du Stadium prennent une dimension supplémentaire grâce à la sonorisation (là encore) très singulière du film ; sélection de chansons kitschs, nostalgiques et cependant bien modernes.

Un seul et unique mixage, le Dolby Digital 5.1, pour la VF et la VO. Pas de différence notable si ce n’est qu’il est préférable de regarder le film en français. Hérésie me direz-vous ? ? ? Ben oui ! ! ! La voix de Nicholson est (en français) tellement chaleureuse et celle de Sandler (en anglais) si désagréable que le doublage français (de très bonne facture) aura le bon goût de vous rendre le film encore plus agréable !

Bon DVD à toutes et tous…j’ai dit BON DVD..non mais ! ! !

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Rétroprojecteur Toshiba 43PH14P
  • Toshiba SD-330ES
  • Onkyo TX-DS797
  • système d'enceinte 5.1 Triangle
Note du disque
Avis

Moyenne

3,7
5
1
4
0
3
2
2
0
1
0

Je donne mon avis !

Avatar
Réal
Le 29 juin 2009
Pas de commentaire.
Avatar
Josquin
Le 12 mai 2006
Une comédie psy comme les aime bien les Amerloques, c'est-à-dire une comédie parmi tant d'autres, très conventionnelle, frisant souvent le ridicule ou l'absurde et se concluant par un ( presque ) happy end des plus vomitifs. Heureusement, ce bon vieux Jack est là pour redresser la barre, ainsi qu'un John Turturro ( O'Brother, The big Lebowski ) enragé qui, par intermittence, influe de son énergie, que deux pin-up bisexuelles expertes en roulages de patins enflamment les pulsions refoulées du spectateur mâle.
Le film peut être vu comme une controverse de Vol au-dessus d'une nid de coucous, Nicholson n'étant plus le patient d'un cercle de thérapie, mais dirigeant celui-ci. Et quelles méthodes peu orthodoxes emploie-til, allant jusqu'à s'incruster dans la vie privée de ses patients, en l'occurence un Adam Sandler benêt qui, pour gérer sa colère, devient sa victime. A la suite de quoi, surviennent quelques situations drôles, de bonnes idées par moments, mais dans l'ensemble, malgré un rythme soutenu, cela n'explose pas. Dommage.
Avatar
Emmanuel
Le 18 février 2004
une comédie délirante

Lire les avis »

Multimédia

Proposer une bande-annonce

Du même auteur
(publicité)

(publicité)