Réalisé par Michael Bay
Avec
Ben Affleck, Josh Hartnett et Kate Beckinsale
Édité par Touchstone Home Video
On peut le dire, « Pearl Harbor » est un film qui n’aurait pas
pu être mis en chantier après le 11 septembre 2001. En effet,
la grosse machine Bruckheimer-Bay esthétise la guerre au
possible et la rend, par conséquent, irréelle.
Cinématographiquement parlant, le film est excellent. Ce long
(très long) métrage bénéficie d’une réalisation dynamique et
moins épileptique que le précédent opus de Michael Bay,
Armageddon. Vous passerez trois agréables
heures de visionnage, bien que le début ait un peu de mal à
décoller (pour un raid aérien ça le fait pas). Nous avouerons,
sans honte, avoir beaucoup aimé.
Mais d’un point de vue éthique, on pourra reprocher au
réalisateur (il n’a pas encore l’étoffe d’un cinéaste) de
mettre en scène des gravures de mode ; tous les acteurs sont
trop beaux, trop parfaits (hormis Red, un aviateur laid et
bègue, le meilleur second rôle, et sûrement le meilleur acteur
du film) aux réactions trop héroïques. Les Américains
seraient-ils tous un modèle de perfection ? Où est l’Américain
obèse, le pleutre, le raciste ? Bien sûr, c’est une liste de
lieux communs, mais quinze lieux communs créent une
photographie bien plus réaliste de la société américaine de
cette époque que les héros au menton carré que nous sert le
film.
En fin de compte, l’emploi de Ben Affleck, véritable Américain
à la mâchoire carrée, s’avère peu payant. Certes, il est beau
dans son uniforme d’aviateur, mais quel jeu subtil ! Il fronce
les sourcils, louche et garde la bouche ouverte : il est en
colère… ou alors il vient de comprendre un truc, ou essaye
t-il de lire son rôle sur le prompteur, bref c’est le contexte
qui permet de déchiffrer ce qu’il tente d’exprimer et non son
talent d’acteur.
Bien sûr, la discrimination raciale n’existait pas dans
l’armée américaine, et si les blacks sont cantonnés au rôle de
cuistots, tout le navire est fier d’eux. Une courte scène fait
comprendre que Miller (Cuba Gooding, jr) est un peut aigri par
le fait qu’il n’ait jamais eu l’occasion de manier un fusil,
mais dans une scène suivante, il félicite son capitaine
mourant de l’avoir bien formé (à servir le café, tu parles !).
On notera aussi que, selon Michael Bay, Hawaï n’est peuplé que
d’Américains blancs. A aucun moment on ne distingue le moindre
autochtone. Il transforme l’île paradisiaque en lieu
interchangeable avec la Floride ou la Californie. Plus qu’une
enclave américaine ; c’est un bout de l’Amérique WASP qui y
est mis en scène.
Le point de vue japonais est quelque peu (mal)traité. En fait,
on ne voit du Japon que des réunions de guerre, des généraux
belliqueux et des aviateurs kamikazes avant l’heure.
Auxquelles on oppose la vie à Pearl Harbor, candide et
insouciante, où les militaires ne pensent qu’à surfer et
tomber les filles. Quelle justesse dans les propos.
Michael Bay est un bon faiseur, et tous ses films traduisent
son désir de cinéma, mais la réflexion sur le pouvoir des
images lui fait cruellement défaut : il ne sait finalement pas
faire la différence entre la commémoration des morts et la
réalisation d’une pub pour une grande marque de cola.
L’Edition basic offre un packaging basic, comme on pouvait se
douter. Le recto se contente de résumer le film. L’ensemble
est plutôt esthétique.
A l’intérieur du boîtier on trouvera un disque joliment
sérigraphié, et un petit livret récapitulant les chapitres en
français et en anglais, plus une note sur le THX nous
souhaitant un bon film, chose plutôt agréable.
Les menus sont inspirés par ceux de
Il faut sauver le soldat Ryan ou de Gladiator, à
savoir des extraits du film bordés de noir et nappés d’une
musique doucereuse, de petites lettrines discrètes
apparaissent au bas de l’image pour indiquer les différents
menus. Tout dans la sobriété.
Pour être basic, alors il est plus que basic. Mais ce n’est
pas faute de ne pas le dire. Justement, Buena Vista ne
proclame aucun label magniloquent sur cette édition
light du film de Michael Bay. Et, histoire de rassurer
les consommateurs basic, ajoutons que
Pearl Harbor et
Pearl Harbor ne sont pas exactement
des bêtes de guerre en matière de bonus (cliquer sur les liens
pour s’en rendre compte..).
Enfin, sur ce premier et unique disque on trouvera un
Optimizer THX. Ne comptez pas sur un commentaire audio,
sur une bande-annonce, sur rien de rien en plus du film.
Magnifiques ! Quelles couleurs ! Un des plus beaux spectacles disponibles en DVD. Une précision vraiment incroyable, une finesse du détail redoutable. Ainsi, lors du raid aérien sur Pearl Harbor, votre regard ne sait jamais où se porter tant les détails sont foison. On ne regrette qu’une chose : ne pas pouvoir disposer d’un diffuseur plus grand pour pouvoir le visionner. Pensez à rajouter un vidéo-projecteur sur la liste que vous enverrez au Père Noël !
Une bonne VF dans l’ensemble, bourrée d’effets. Mais si on la
compare à la VO (chose qui n’est pas facile car il n’est pas
possible de changer de langue à la volée), on remarquera que
les voix originales se fondent mieux dans l’ambiance générale
(c’est ce que l’on appelle une vérité de La Palice), et,
surtout, que cette dernière est plus riche en basse, ce qui
change pas mal les choses en fait. Ainsi, lorsqu’un avion vous
survole, dans la VF il semble passer au-dessus de vous, alors
qu’en VO il semble vous frôler littéralement.
Bien sûr, le gros morceau du film (si j’ose dire), c’est le
raid aérien sur Pearl Harbor (d’un autre côté, c’est ce qui
est indiqué dans le titre) ; et c’est près de trente minutes
d’effets à gogo, une vrai démonstration de puissance du
multicanaux. Cela justifierait presque le troc de votre
système Pro-logic pour un système 5.1. Ça décoiffe !