Réalisé par Gérard Oury
Avec
Louis de Funès, Yves Montand et Alice Sapritch
Édité par Gaumont
Classique parmi les classiques, « La folie des grandeurs » est
un délicieux fourre-tout : un mix d’aventures andalouses et de
spaghetti-western, un écho de l‘« Avare » et des contes de
Cervantès, une opposition constante entre l’ordre (Yves
Montand) et le chaos (Louis De Funès). Mélangez le tout, et
vous aurez l’un des chefs-d’oeuvre immortels du fou rire à la
française.
Seul Gérard Oury pouvait gérer à l’époque l’art et la manière
de ce kolossal hexagonal en terre étrangère (l’Espagne post-
Christophe Colomb, et des magouilles et traîtrises à la Cour).
Il le fait avec un sens du look étonnant, avec un récit visuel
qui respire à la fois du Vélasquez et le brio de ses
interprètes.
Pourtant, « La folie des grandeurs » a failli ne pas se faire
(Bourvil, qui devait tenir le rôle de Yves Montand, mourut peu
de temps avant le tournage). L’intrusion inattendue de Montand
dans cet univers clos, se révélera pourtant comme l’une des
raisons du succès du film. Le couple De Funès/Montand se
complète à merveille, et donnera vie à un choc culturel (et
hilarant) qui restera dans les annales..
C’est dans une ambiance spaghetti-western (la musique de
Michel Polnareff y est pour beaucoup) que Gaumont livre le DVD
d’un des classiques intemporels du cinéma comique français.
Restauration complète de l’image et du son, plusieurs bonus
produits expressément pour l’occasion, la complicité du studio
Mastery derrière les rideaux : tout est mis en oeuvre pour
l’épopée d’aventures avec le couple De Funès/Montand. Tout
sauf… quelques suppléments sur le grand comique Français,
pour des raisons de coûts et de temps..
La présence d’une deuxième piste audio en anglais facilitera
la diffusion « officieuse » du DVD à l’étranger, et la présence
d’un sous-titrage pour malentendants constitue un réel plus.
Parmi les grands regrets, on pleurera juste l’absence d’une
piste musicale seule, qui aurait rendu honneur à la BO de
Polnareff.
Avec la plupart des éléments sur De Funès off-limits, Gaumont
se résout à produire en interne la quasi totalité des bonus
présents sur le disque.
La folle heure des grandis (39’)
La pièce de résistance du DVD est représentée par ce
documentaire assez « hybride », composé pour la plupart
d’interviews récentes à Gérard Oury, Marcel Jullian et Danièle
Thompson, et pour le reste des archives de l’époque. Pourquoi
hybride ? Parce qu’il suit à la fois la carrière du
réalisateur, à l’intérieur d’une structure typiquement « making
of ».
Même s’il n’opte pas pour une seule direction, le document
présente un réel intérêt historique. On le sait, « La folie des
grandeurs » avait été conçu pour le couple De Funès/Bourvil. Le
décès de ce dernier mit le projet en danger, jusqu’à quand
Yves Montand prit le risque de le remplacer. Un pari fou qui
devint payant..
Une fois n’est pas coutume, ce documentaire est en 16/9.
Galerie de photos
Le choix des images retenues par Gaumont, est excellent. Mais
l’intérêt du bonus est ailleurs, dans la présence du thème
romantique de Michael Polnareff en guise de commentaire
sonore.
Le reste
L’exploration du disque se termine par la bande-annonce
originale du film (en 4/3), et le clip promo de la collection
de De Funès. Et en cliquant sur le revers du bras gauche de De
Funès dans le menu des suppléments, on accédera à l’écran
caché des crédits du DVD (Mastery).
« La folie des grandeurs » renaît ! Le talent et les techniques
de restauration de Gaumont retrouvent et reconstituent la
splendeur de la copie de l’époque. L’image est impeccable sous
tous ses aspects, de la définition aux teintes. On pourra
juste chipoter sur les contrastes pas assez prononcés et sur 2
ou 3 plans peu fluides vers le début, mais dans l’ensemble
c’est un sans faute.
Dites-vous qu’il y a bien de DVD de films contemporains qui
n’arrivent pas à faire autant..
L’audio français reste dans son mono d’origine, mais quelle
ampleur, quel élargissement des timbres, et quelle restitution
des aigus ! Même la dynamique retrouve (comparativement) son
compte, malgré l’âge du film. Réécouter la musique
westernisante de Polnareff est un plaisir. Seul les graves ne
sont pas au rendez-vous, ce qui est tout à fait
compréhensible.
A titre de comparaison, il suffira de faire un saut sur la
piste audio anglaise, très fade et plate. Sa présence ouvre
cependant les horizons et la diffusion internationale du DVD.
Dommage par contre pour l’absence de la BOF de Michel
Polnareff en piste musicale seule…