Zombie (1978) : le test complet du DVD

Dawn of the Dead

Édition Collector

Réalisé par George A. Romero
Avec David Emge, Ken Foree et Scott H. Reininger

Édité par Opening

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Le 27/11/2002
Critique

Les morts ressuscitent, et se nourrissent de chair vivante. Notre société est à la limite de la rupture, et 3 hommes et une femme décident de s’enfuir à bord d’un hélicoptère et se réfugient dans un centre commercial. Tout serait (presque) parfait sans l’arrivée impromptue d’une bande de pillards…

10 ans après, George Romero décide de nous refaire « La nuit des morts-vivants » avec davantage de moyens. Exit la bicoque où se réfugient les futures victimes des morts vivants cannibales, cette fois le réalisateur décide de voir grand.

« Zombie » est un film multi-genres, qui offre de multiples niveaux de lecture. Film d’action, western moderne, film d’horreur, critique sociale virulente : suivant son humeur, chaque vision offre de nouvelles perspectives.

C’est cette dernière option qu’ont dû privilégier les censeurs français, qui ont interdit le film pendant 5 longues années, pour - je cite - « incitation au pillage ».

Il faut bien reconnaître que la séquence d’expulsion de portoricains n’offre pas une vision lénifiante de l’autorité nationale (en résumé, ça flingue à tout va, les discussions étant reportées à une date ultérieure…) ni de la situation sociale (on commence à parler à l’époque de « fracture sociale ») qui amène l’entassement d’exclus dans des ghettos insalubres qu’il faut ensuite déloger par la force.

La première apparition des zombies est à l’image du film : on a rapidement du mal à vraiment discerner les bons des méchants. Soit, il n’est pas de bon ton de tuer (et de dévorer) les vivants, mais les zombies font ça par nécessité, eux.

Il est difficile (impossible ?) de sortir indemne de la séquence des HLM. Les repères ont disparu, la violence graphique et hyperréaliste est extrême (surtout pour l’époque : on est en 1978), les vivants tuent les morts, les morts tuent les vivants, les vivants tuent les vivants (ou se suicident).

La suite est à l’avenant : décidant de fuir une société à la limite de la rupture, trois hommes et une femme décident de fuir les villes en hélicoptère (mieux vaut privilégier l’autonomie à un traitement de masse), et vont se réfugier dans un centre commercial. Ils vont en faire un lieu clos privilégié et tranquille (à condition de rester dans la partie retranchée à l’abri des centaines de morts-vivants qui errent dans les boutiques…), jusqu’à l’irruption d’une bande de Hell’s Angels, qui vont remettre un peu de désordre dans tout ça.

Les pilleurs font leur boulot : ils pillent, sans retenue, les morts vivants ajoutant à l’amusement général (faut reconnaître qu’ils ne sont pas très vivaces), ce qui a pour incidence d’énerver nos 3 réfugiés (dans l’intervalle, le quatrième s’est fait contaminer et a rejoint le paradis des zombies à l’aide d’une balle dans la tête). Et nous revoilà parti pour un tour : les vivants tuent morts ET les vivants, et les seuls vainqueurs sont nos zombies, à qui on offre de la chair fraîche.

La critique sociale que nous offre Romero est sans concession. Elle transparaît dans la trame globale du film (la société de consommation, la dénonciation du pouvoir, l’instinct de propriété), et plus subtilement dans quelques répliques (« ce n’est pas à cause des zombies (que tout est foutu), mais à cause de notre lâcheté » dira Fran en renonçant à son travail au studio de télévision) et situations (les discussions stériles des intervenants dans le studio de télévision, ou encore l’intermède « campagnard » entre potes avec tir à vue sur zombies).

Mais le film est et reste également un sommet de l’horreur (le maquilleur Tom Savini au sommet de son art), une reconstruction complète du thème des morts vivants, un classique indétronable et l’image parfaite du film indépendant (au sens film à l’écart des grands studios), reflet d’un certain cinéma et d’une certaine époque.

La version proposée est bien évidemment la version européenne remontée par Dario Argento (par ailleurs co-producteur financier du film) et avec la partition des Goblin, version hybride cumulant les visions de 2 réalisateurs hors du commun.

Présentation - 3,5 / 5

Le point faible de cette édition : le packaging. On peut aimer le côté sobre et efficace, on aurait néanmoins apprécié un peu moins de retenue… Le digipack intérieur est plus réussi, la sérigraphie des DVD efficace.

Le menu du premier disque est réussi, et l’ambiance s’installe assez rapidement, avec cette vue de zombies à la démarche traînante associée à la partition des Goblin. Pas de fioriture sur les options de choix.

Le menu du second disque est fixe et musical.

A noter des soucis de pressage sur la première génération des galettes (principalement sur la fin du documentaire sur le disque 2), qui engendraient des gels d’images (voire carrément l’arrêt pur et simple de la lecture !).

Bonus - 5,0 / 5

Le point fort de l’édition. L’intérêt va de l’incontournable à l’intéressant.

« Document of the Dead » (VOST), 84’, 4/3, 1.33 
Enfin, le voici, le voilà, cet extraordinaire documentaire de Roy Frumkes dont on entendait parler sans pouvoir le visionner !

Plus qu’un making of (ce qu’il n’est pas vraiment), plus qu’un reportage sur un tournage (ce qu’il est en partie), plus qu’une analyse sur un réalisateur (ce qu’il est aussi), c’est un véritable film qui nous est proposé.

Pensé, tourné et monté comme un film et sur une période de 11 ans (1978-1989), Roy Frumkes nous propose une passionnante leçon de cinéma indépendant (donc à l’abri des exécutifs des grands studios), détaillant à des niveaux de détails variés la pré-production (scénario, budget), la production (tournage, FX), la post-production (montage) et la distribution de « Zombie », ceci avant de nous faire plonger 10 ans plus tard sur le tournage de Deux yeux maléfiques (titre original « 2 Evil Eyes »).

La première partie du film (en gros la première heure) alterne des extraits et analyses de 3 films de G. Romero (« Martin », « La nuit des morts-vivants », « Zombie »), des interviews faites en 1978 lors du tournage à Pittsburgh des principaux intervenants sur « Zombie » (Romero himself, le producteur Richard Rubinstein, le directeur de la photo Carl Angestein, Tom Savini). On y découvre au passage quelques scènes absentes du montage final.

La seconde partie nous entraîne 10 ans plus tard sur le tournage d’une scène du segment de Romero sur Deux yeux maléfiques (l’autre segment étant de… Dario Argento). On y retrouve Romero et Tom Savini, l’intérêt n’étant plus ici axé sur le tournage en lui-même (on ne peut que constater la différence d’ambiance entre les 2 époques), mais sur la différence flagrante entre les 2 époques. On ressent la désillusion de Romero (et incidemment de Savini) face aux difficultés insurmontables opposées au cinéma indépendant.

Le document se poursuit par des interviews de Gahan Wilson et Steve Bissette, deux ilustrateurs américains, qui nous offre leur vision du cinéma de Romero.

Enfin, quelques pubs (dont une inénarrable « Night of the Living Deal »…) et autres documents viennent compléter l’ensemble.

Unique en son genre, ce film est un vrai reflet de la personnalité d’un cinéaste, couplé à une vision d’un certain cinéma aujourd’hui disparu. Un must ! C’est aussi pour nous européens l’occasion de découvrir des extraits de la version américaine du film, avec la musique associée (et on ne peut que réaliser à quel point le score des Goblin nous paraît indissociable du film).

Version commentée et scènes coupées (VOST) : comme si ça ne suffisait pas à notre plaisir (et c’est une première), on nous offre également un commentaire audio du réalisateur Roy Frumkes (accompagné de son directeur de la photo et d’une des narratrices) et 6 minutes de scènes coupées au montage. D’autres informations nous sont dispensées, à la fois sur Romero et « Zombie ».

Le montage de « Zombie » (16’24”, VF) : analyse très pertinente de Eric Dinkian sur les différences de montage entre les version américaine et européenne. L’occasion de préciser à quel point l’apport de Dario Argento a été important et déterminant sur notre vision du film.

Les effets spéciaux de « Zombie » (17’24”, VF) : analyse non moins pertinente de Benoît Lestang des principaux FX du film. L’occasion (entre autre intérêts) de voir comme le montage peut adoucir les erreurs de tournage…

Interview de Jean-Pierre Putters (18’39”, VF) : fondateur de la revue Mad Movies, JPP répond à quelques questions et revient sur l’historique du film de zombies, sur la portée sociale de « Zombie », les influences qu’il a eu sur le genre, les problèmes de censure, et les critiques de l’époque. L’ensemble n’est certes pas déplaisant, mais laisse un arrière-goût de superficialité. Peut-être l’occasion de réaliser qu’une bonne interview demande un bon intervieweur…

Bande-annonce originale, VOST, 4/3.

Ne manquerait que la version américaine du film, et on n’aurait plus rien à attendre d’une édition ultérieure…

Image - 4,0 / 5

Un master nettoyé, sur lequel subsistent quelques tâches et rayures (et un plan irrécupérable à 25’55”). La définition est très correcte (le grain est d’origine), on peut noter des petits défauts d’étalonnage, et une compression sans problème.

Un vrai plaisir de pouvoir découvrir le film dans une version correcte, loin de notre vieille VHS et autres copies cinéma usées.

Son - 4,5 / 5

Là encore, un résultat plus que correct.

Les remixages 5.1 ne visent pas l’esbroufe inutile et sont essentiellement concentrés sur les enceintes avant. Seule la partition musicale profite vraiment des enceintes arrières, mais le plaisir d’écoute est manifeste.

Les dialogues sont plus en avant sur la VF, les versions DTS plus claires que les DD.

Configuration de test
  • Vidéo projecteur Barco Ciné6, écran Oray
  • Toshiba SD-500
  • Denon AVR3700
  • Pack enceintes Solid S100 - caisson de graves Solid SB100
Note du disque
Avis

Moyenne

4,8
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2
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1
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cédric
Le 5 décembre 2009
un blu-ray de grande qualité, fidèle au master d'origine mais rafraîchissant ce chef-d'oeuvre ultime.
un film intemporel, à la critique sociale acerbe et aux scènes de violence magistrales, à redécouvrir encore et encore !
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Pierre
Le 2 mars 2003
On désesperait d'avoir une édition zone 2 de ce pur chef d'oeuvre d'un genre malheureusement révolu.
De plus, cette édition (vraiment collector !!!) nous gratifie d'un second disque de bonus vraiment au dessus du panier (particulièrement "Document of the dead";).
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Julien
Le 15 janvier 2003
enfin une edition dvd pour ce chef d'oeuvre!
MALHEUREUSEMENT le dvd des bonus ne marche pas sur mon lecteur dvd!!!
ce qui ne m'a pas empeché de revoir ce film qui n'a rien perdu de son efficacité et demeure LE meilleur film de mort vivant

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