Réalisé par Jacques Tati
Avec
Jacques Tati, Jean-Pierre Zola et Adrienne Servantie
Édité par Opening
Deuxième apparition à l’écran de M. Hulot, et troisième chef-
d’oeuvre d’affilé de Jacques Tati, « Mon oncle » se solda par
une consécration hollywoodienne : Oscar du meilleur film
étranger 1959.
Comédie de situations, plus que de mots, ce film oppose la
bourgeoisie sacrifiant tout au modernisme (aujourd’hui on
dirait high-tech) et un monde plus prolétaire, voire
campagnard, et sa douceur de vivre.
D’un côté, des maisons grises, symetriques, alignées comme des
parpins, peuplée seulement par des bruits (les talons y
claquent comme dans un entrepôt vide), leurs habitants, les
Arpel, y sont soumis aux contraintes du progrès. Ils doivent
faire attention à bien suivre les indications, les modes
d’emploi, le traçage des routes qui les mènent de la maison au
travail et du travail à la maison, d’ailleurs, une fois à la
maison, monsieur s’assoit sur des chaises en métal, copies
conformes de celles qu’il emploie au travail. L’effort humain
y est remplacé par le confort machine, les robots font tout
dans la vie de ces gens, à part penser à leur place, sujet que
développera Stanley Kubrick, dix ans plus tard avec son
2001 : L’Odyssée de l’espace.
De l’autre côté, M. Hulot habite une rue pleine de musique, de
couleur et de gens qui braillent et s’esclaffent. Il vit dans
une petite maison perchée au sommet d’un vieil immeuble, il se
déplace sur un vieux Solex pétaradant, toujours suivi de
chiens errants.
Le soir, il va chercher son neveu Gérard Arpel et le
raccompagne chez lui en passant par les chemins de traverse :
le terrain vague et les autres mômes sont pour l’enfant
l’occasion de s’évader de cette vie trop agencée que lui
prévoient ses parents.
Mais, en filmant les villas modernes, avec souvent au premier
plan les murs éffondrés (chemins ouverts sur la rue de M.
Hulot), Tati filme aussi les ruines d’un mode de vie en voie
de disparition sur lequel se bâtit la vie moderne. Ce film est
le constat d’un temps enfuit. La petite fille à tresses du
début, n’est-elle pas une femme à la fin ?
Le film aujourd’hui n’a rien perdu de son humour, la satire de
certains parvenus est toujours aussi vraie, mais c’est avant
tout le temoignage du génie de Jacques Tati.
La jaquette, plutôt réussie, aurait dû bénéficier du logo « collection Jacques Tati » : rendont à ce génie la place qu’il mérite, celle d’un réalisateur incontournable. L’affiche du film à été réalisée par un autre grand génie du comique burlesque français : Pierre Etaix. Une animation de M. Hulot nous accueille à l’entrée du menu, accompagné d’un court extrait de la musique du film. Viennent ensuite les selections des différentes pages, fond fixe sans musique. Mais les sous-sections ont leur propre design, très en phase avec l’esprit du film. A ce titre, le chapitrage est une réussite.
Sur les trois Tati parus à ce jour, « Mon oncle » est le moins
bien loti. Critiques succintes et ditirambiques, filmographie
exhaustive de Jacques Tati (où aucune mention n’est faite de
son statut : acteur ou réalisateur ?), et enfin une bande-
annonce.
On aurait aimé quelques notes de production, la remise de
l’oscar du meilleur film étranger. Faisons preuve
d’indulgence, au regard de la richesse des deux autres Tati
(Jour de fête, Les Vacances de M. Hulot) l’ensemble de la
collection est assez riche pour que la note ne soit pas trop
sévère sur celui-ci.
De belles images, une bonne restitution sans problème de compression. En revanche, et c’est là son seul défaut, des blancs trop lumineux : ils semblent avoir été brulés lors du passage en vidéo.
« Mon oncle » n’est ni un film parlants, ni un film muet. C’est un film sonore. Tati retravaillait énormément ses bandes-son en studio pour obtenir l’effet escompté, et ce DVD lui rend honneur en restituant fidèlement chaque son avec précision.