Star Trek TNG : rencontre avec le Capitaine
Paramount invite Patrick Stewart à Paris pour la présentation de Star Trek : La nouvelle génération - Saison 1. Les propos de la conférence de presse
Un parterre d’une cinquantaine de journalistes de la presse écrite, TV et
Internet (dont Dvdfr.com), dans un célèbre hôtel parisien. Ici a lieu la conférence
de presse de Patrick Stewart (alias Jean-Luc Picard dans l’univers trekkien de
Star Trek: The Next Generation). Paramount convie à Paris la star principale de
la Federation pour le lancement de Star Trek : La nouvelle génération - Saison 1.
Mission accomplie.
- Parlez-nous de l’impact du personnage de Jean-Luc Picard dans votre
carrière ?
J’ai été acteur pendant plus de 40 ans. Avant de me lancer dans The Next
Generation, j’étais surtout connu pour mes performances théâtrales, pour la
Royal Shakespeare Company… et jamais je n’aurais imaginé devenir un
jour la star d’un feuilleton TV de science fiction.
Pour la petite histoire, je donnais des performances à la faculté californienne
UCLA. Parmi le public, il y avait l’un des producteurs de The Next
Generation, qui avait chuchoté à sa femme : We have our Captain !.
Bien entendu, je n’ai rien su de cela pendant six mois, jusqu’au moment où ils m’ont
offert le rôle de Jean-Luc Picard. Mais la condition est qu’il fallait que je
m’engage pour six saisons.
A la vue de ma carrière théâtrale, je trouvais cela inacceptable, et j’étais sur le
point de refuser. Mais presque tous mes amis m’ont rassuré, en me disant que
l’histoire commerciale de la série originale allait se répéter, et que le tout
s’arrêterait au bout d’une saison, ou deux tout au plus. Ainsi, je leur ai fait
confiance, et j’ai signé…
Et me voici - au bout de 178 épisodes sur 7 saisons, trois adaptations pour le
cinéma, et une quatrième en post-production !!
Je n’étais pas du tout préparé à la rigueur et aux difficultés de tournage d’une
série telle que The Next Generation. J’ai survécu à la première saison,
et l’immense regain de popularité de Star Trek m’a fait comprendre que - grâce
aux conseils avisés de mes amis - j’allais me retrouver en Californie pendant
bien longtemps..
Au début, j’ai essuyé plusieurs questions de la presse, qui me demandaient pourquoi
un acteur shakespearien se retrouvait au coeur d’une série SF… ce qui voulait
dire en gros, pourquoi je me rabaissais à cela. Un jour, j’en ai eu assez, et
j’ai répondu que toutes ces années passées sur le trône de l’Angleterre n’étaient
qu’une préparation générale pour… m’asseoir sur le fauteuil de l’Enterprise !
Ensuite, je me suis rendu compte que cette affirmation était vraie, et qu’elle avait
des implications plus profondes, que l’Enterprise - avec ses décors - pouvait
être comparée à une pièce victorienne. Et que nos costumes futuristes étaient
aussi moulants que ceux des personnages de Shakespeare, jusqu’au point où il
n’y avait pas l’ombre d’une poche ! Je me suis donc plu à jouer mon personnage,
et je me suis rendu compte de la taille et de l’importance et des enjeux de la
série que nous étions en train de bâtir. Le fait de toujours jouer le même rôle
est un challenge formidable, car il s’agit de continuer à bâtir un personnage
qui n’est jamais fini, et qui sera complet seulement lorsqu’on écrira le mot de
la fin.
- Par ailleurs, pourquoi Jean-Luc Picard est d’origine française… bien
qu’il y ait très peu de références sur ses origines ?
D’après mes souvenirs, le capitaine s’appelle Picard, car Gene Roddenberry voulait
rendre hommage à l’explorateur homonyme. En plus, Star Trek a toujours mis
en avant les valeurs d’une société multiraciale et multiethnique, donc c’est
parfaitement normal d’avoir un capitaine non américain.
Bien sûr, cela pose la question pourquoi Picard est français… mais il ne le
parle jamais. Nous avons essayé à quelques reprises, mais avec des résultats
assez moyens et on s’est vite ravisés : pas question de transformer Picard en une
sorte d’inspecteur Clouseau !
En revanche, dans Star Trek: Nemesis, il y aura une scène très émouvante,
où Picard ouvre une bouteille de son vin, le Château Picard, à la santé d’un très
cher ami qu’ils ont perdu..
- Revenons à votre carrière sur le grand écran. Pouvez-vous nous dire quelques
mots sur les prochains Star Trek: Nemesis et X-Men 2 ?
Nous avons terminé le tournage de Nemesis il y a 1 mois. Ce sera un film
très intense, rempli de scènes d’action, avec de l’humour et… une tragédie. On
murmure que ce sera le dernier film - de notre génération. Si c’est le cas, je
pense que ce sera une manière très digne de tirer notre révérence. Et si ce n’est
pas le cas… il y aura alors une suite…
Tout ce que je peux dire, c’est que Nemesis regroupe l’ensemble de notre
équipe et plusieurs personnages réguliers, qu’il y aura un mariage… et un décès.
Pour venir à X-Men, quelques acteurs peuvent s’estimer heureux de faire
partie d’une franchise : imaginez de pouvoir participer à deux… Nous commençons
le tournage de la suite en juin, toujours avec Bryan Singer à la mise en scène.
Tous les bons et les méchants du premier reviennent, et il y aura en prime un
nouveau mutant..
- Vos impression préliminaires sur le personnage du prof. Xavier
d’X-Men ?
Il n’y a pas grand chose que je puisse dire pour l’instant, parce que je n’ai
pas passé beaucoup de temps à l’intérieur de ce personnage. J’ai reçu
dernièrement une nouvelle version du script X-Men 2, et j’ai donné des
notes visant à élargir le personnage de Xavier, qui paraissait un peu
superficiel dans le 1er film. Je pense que le premier X-Men est une
sorte de bande-annonce très élaborée de la vraie histoire des X-Men, une
histoire qu’on se doit de renforcer.
- Vous êtes-vous personnellement impliqué dans l’élaboration des DVD ?
Chaque coffret comprend environ une heure de bonus, avec de nouvelles interviews
des acteurs et de l’équipe de tournage. En ce qui me concerne, j’ai parlé pendant
4 heures face aux caméras de Paramount, et mes propos seront étalés tout au long
des coffrets des 7 saisons.
Une chose que je regrette, est l’absence de commentaires audio sur les disques,
car je suis un fan de DVD, et c’est l’une des premières choses que je recherche.
Mais j’espère qu’on pourra corriger le tir dans le futur proche. Ce serait
intéressant d’avoir des épisodes ponctués par des commentaires - par forcément
de la même personne, mais par l’équipe de la série.
- Avez ces coffrets, revoyez-vous vos anciennes prestations, et l’évolution
du personnage de Picard ?
Vous savez, nous acteurs sommes victimes d’une malédiction. Avec la vidéo, on se
revoit encore et encore, et il n’y a rien que l’on puisse faire pour corriger nos
bêtises ! Si au théâtre on estime avoir eu une mauvaise performance, on peut
toujours se corriger le lendemain. Avec le cinéma et la vidéo, c’est impossible.
Lorsque je revois moi-même dans The Next Generation, tout ce que je vois,
ce sont mes défauts et les opportunités que je n’ai pas su saisir. Mais le côté
positif de la série, est que sa longévité nous a permis à tous de nous améliorer.
Le moins que je puisse dire sur la 1ère saison,
c’est que certains épisodes sont naïfs. Mais nous avons su monter en
puissance par la suite.
- Quel est le secret - s’il y en a un - de l’incroyable longévité de Star
Trek ?
Le nouveau film sort dans 8 mois, et la nouvelle déclinaison de Star Trek à la
TV américaine (Star Trek: Enterprise, avec Scott Bakula dans le rôle
principal) arrive à la fin de sa première saison.
Il s’agit sans doute de la question la plus populaire. Et je crois que le
succès de Star Trek repose en large partie dans la formule
narrative : qu’est ce qui se passe ensuite ?.
Nous avons pu développer de bonnes histoires avec The Next Generation,
et nous avons su exploiter le talent et la diversité de notre équipe d’acteurs.
Mais ce n’est qu’un élément de réponse. Le secret de Star Trek se trouve
dans l’optimisme et l’esprit d’ouverture que Gene Roddenberry a su y insuffler.
J’avais demandé à l’époque à Whoopi Goldberg pourquoi une star de son calibre
avait accepté de tenir un rôle régulier dans The Next Generation. Et elle
m’avait répondu que - lorsqu’elle était gamine, elle adorait la série originale.
Et, sur le pont de commande du vieil Enterprise, ils avaient donné une place primordiale à
une femme de couleur. Et maintenant que Whoopi a le pouvoir, elle a voulu
rendre la pareille.