Les Looney Tunes passent à l'action : LE LONG
Double évènement dans le monde des Toons en ce mercredi 10 décembre ! 4 DVD des Looney Tunes hystériques sortent aujourd’hui, tandis qu’un film mi-live/mi-cartoon sort dans les salles au même moment. A double évènement, double article : ici, c’est séance cinéma…
C’est décidé, de temps à autres, Dvdfr.com via notre collaborateur François Chollier sera
en mesure de vous proposer des critiques cinéma de films très frais voire pas encore
démoulés…
Et en ce jour toonesque, c’est le nouveau film de Joe Dante qui ouvre la séance cinéma.
( Sortie le 10 décembre 2003 )
Bugs Bunny travaille avec son collègue Daffy Duck pour la Warner. Mais le canard
décide de partir, ne supportant plus le traitement de faveur réservé au lapin. Il est
bientôt rejoint par D.J. Drake, un vigile apprenti-cascadeur licencié le même jour.
Ce dernier découvre au même moment que son père disparu, ancienne star de
cinéma, était un agent secret à la recherche du mythique Diamant du Singe Bleu et
kidnappé par le sombre Mr. Chairman. D.J. décide de reprendre la quête de son
illustre paternel et de retrouver sa trace, aidé par Daffy.
Convaincus de l’efficacité de son tandem avec Bugs Bunny, les dirigeants du studio
décident alors de récupérer leur star animée coûte que coûte, et lancent Bugs Bunny
et la jeune productrice Kate Houghton à leur poursuite, de l’enfer hollywoodien à la
jungle africaine en passant par Paris, Las Vegas et la mystérieuse Zone 52…
Qui veut la peau de Roger Rabbit et Space Jam ont ouvert la voie et montré
que ce type de comédie mêlant animation et prises de vue réelles fonctionne à
merveille. Du coup, le studio exploite régulièrement le filon. Truffées d’ingrédients
destinés à satisfaire toutes les tranches d’âge, ces comédies d’un nouveau genre
laissent libre cours à tous les délires narratifs et autres débordements visuels qui
n’ont d’autre limite que le budget du film. Rassurez-vous ! « Les Looney Tunes passent à
l’action » bénéficient d’un budget très conséquent.
Pionnier en la matière, Robert Zemeckis (Retour vers le futur : Trilogie, Forrest Gump…) et
son Qui veut la peau de Roger Rabbit fit sensation en explorant la piste de
l’hommage aux polars des années 50. Mâtiné de suspens et d’une pointe d’érotisme,
le film fourmillait à ce point de références qu’on en venait à se demander s’il
n’excluait pas de son public les enfants (cf la célèbre scène de bébé Herman
savourant les jupons de sa Baby-Sitter ou bien encore l’apparition de Jessica Rabbit
dans son numéro de chant). Tout aussi déjanté mais un poil plus rassembleur, le
Space Jam du publicitaire Joe Pytka creusait son sujet côté star-système (en
incluant au générique plusieurs basketteurs connus dont le célébrissime Michael
Jordan) et y exhibait son goût prononcé pour le fantastique. Résultat, le film
récupérait les enfants mais avait du mal à se frayer un chemin jusqu’aux adultes.
« Les Looney Tunes passent à l’action » choisit une position intermédiaire.
Hommage vibrant et magistral au monde du cinéma et de l’animation, le film effeuille
les idées, égrène les gags, multiplie les cascades et les allusions. De Scooby-Doo à
Batman en passant par James Bond et Indiana Jones, Joe Dante (Gremlins,
L’Aventure intérieure…) n’a de cesse de parodier avec la détermination
boulimique d’un enfant de la télé. Sachez à ce propos que pour les plus cinéphiles
d’entre vous, le film vous gratifiera de la présence de Roger Corman (le cultissime
réalisateur de « La Petite Boutique des Horreurs » - version 1960)… en plein tournage de surcroît.
Mais en parodiant, Joe Dante n’oublie pas l’une des règles les plus importantes :
l’auto parodie. Il distille ainsi tout au long du film une dose massive d’autodérision qui
se glisse jusque dans les recoins de la narration, n’hésitant pas à faire apparaître
quelques uns de ses personnages préférés, à signaler la présence de techniques
scénaristiques et à dénoncer les aberrations en matière de sponsoring publicitaire.
Bref…Dante a le sens inné du rythme, du ton et de la mise en scène. De quoi
amplement satisfaire tous les amoureux de cinéma à qui le film offrira en prime (lors
d’une fabuleuse séquence au Louvre) de remonter à la source du dessin animé.
Adepte des prouesses techniques, Joe Dante expose ici son immense aptitude à
concilier spectacle, intelligence, second degré et action. Avec lui, les Tunes (qui
avaient perdus au fils des ans leur mordant esprit de sales gosses dessinés) sont
véritablement de retour et vous embarquent dans un voyage autour du monde, aux
confins de galaxie et au-delà des limites de votre imagination. Brendan Fraser, Jenna
Elfman, Thimoty Dalton et… l’étonnant, le bouillonnant, le talentueux Steve Martin
sont de la partie pour humaniser ce film incroyablement énergisant !!!
François Chollier