Tromatisé !
Troma Entertainment, l’égerie du trash et pulp sous celluloïd fête ses 30 ans de cauchemars et « scream queens », avec une « Master Class » de son papa Lloyd Kaufman à la FNAC cannoise, et une bonne vingtaine de DVD déjà dans les bacs
Voici une excellente occasion de vous refaire une santé.
Si vous pensez que Un Homme d’exception méritait son Oscar, que Disney et Pixar ne
censurent jamais, que les intermittents sont des gens surpayés qui se foutent de vos gueules et
que la « real TV » ne ment jamais… vous avez été contaminé. Notre diagnostic : vous avez besoin
de doses XL de Troma Movies pour guérir.
Et ça tombe bien : Troma Entertainment, la mini-Major du trash et
la compagnie pour qui vous réfuseriez que votre fille fasse la starlette, célèbre ces semaines-
ci ses 30 ans de vie !
Pour assister aux célébrations en live, il faudra se ruer illico vers l’agence de voyages la
plus proche : c’est demain 18 Mai, que Lloyd Kaufman donne une « Master Class » auprès de
la FNAC de Cannes. Elle sera suivie par une « Parade Troma’ sur la Croisette, avec les bimbos et
les créatures toxiques de l’écurie.
Mais pour les autres, pas de crainte : le Troma cinéma est bien représenté dans la Zone 2 française. Une vingtaine de titres est disponible sur les bacs, grâce aux coups de griffes de LCJ et Sony Music, qui entendent bien tromatiser les bacs. Parmi les classiques, on trouve déjà Surf Nazis Must Die, Tromeo and Juliet, Rabid Grannies et quelques titres de la vedette maison, le Toxic Avenger.
Mais qu’est Troma ? Un studio indépendant avec une mission : remplir sa boîte à celluloïd des
fantasmes trash d’une génération décalée, longtemps avant que les Jackass, South
Park et Beavis & Butt-head tirent leurs délires vers le haut de l’Audimat.
Tandis que les Friends et Ally McBeal se la jouent politiquement correct (allume
une clope aux US et je t’envoie illico à Guantanamo), Troma envoie ses Tromettes
chatouiller le poil de la bête dans ses films et s’afficher sans pudeur sur la Croisette ou sur
les pages web du site officiel. Les lobbies de l’énergie nucléaire et des OGM menacent de
dénaturer le New Jersey ? N’appelez pas les Sopranos mais le Toxic Avenger - aussi viril et
sexy qu’un maquillage de KNB dans un jour sans - pour pulvériser politiciens et industriels
véreux, et coucher au passage avec la belle aveugle de la contée. Et si cela n’était pas
suffisant, envoyez les équipes de Troma racheter les droits des comédies ringardes qui foutent
la honte aux stars d’aujourd’hui (genre Sizzle Beach USA, avec un cameo fort
embarrassant pour Kevin Costner).
Et ça marche. Troma a surveçu aux modes et aux degraissages des années 90 pour devenir une industrie warholienne de la série Z. Peut-être car Lloyd Kaufman, le papa de la maison, refuse de se plier aux règles établies. Philosophe à ces heures, Kaufman déclare dans sa collection d’essais que sous certaines conditions, le piratage n’est peut-être pas une mauvaise chose, que le chef de la MPAA Jack Valenti est le plus grand méchant de l’histoire du cinéma, et que les corporations à la Disney et Time Warner avec leurs néo-censures, sont les grands responsables de la débilisation des audiences. Bref, Kaufman n’est pas près de rentrer dans les rangs.
Mais au-delà des messages sous-jacents, Troma reste l’apôtre du divertissement fast-food ! « Scream queens » glamour et kickboxeuses en 95C. Entrailles en latex au lieu du sang numérique. Affiches « pulp » et criardes. Et si vous en voulez davantage, les bonus des DVD vous enfonceront dans les abîmes du mauvais goût.
Le jour où plus personne ne rira des milkshakes humains concoctés par Toxie ou des psycho nazis qui envahissent les plages californiennes, ça y est : on peut éteindre la télé, débrancher l’ordinateur et monter à bord du premier OVNI pour se barrer de la planète Terre.