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Deauville 2004 : "Maria Full Of Grace" et "Eternal Sunshine Of The Spotless Mind"

Par François Chollier | Publié le
Deauville 2004 : "Maria Full Of Grace" et "Eternal Sunshine Of The Spotless Mind"

Premier film, première perle pour Joshua Marston. Deuxième film, deuxième folie pour Michel Gondry…



MARIA FULL OF GRACE de Joshua Marston avec Catalina Sandino Moreno

Brimée par sa mère, exploitée par sa soeur et prise à la légère par son petit ami, une jeune colombienne décide de changer de vie. Elle ne trouve qu’un seul moyen : accepter d’être une « Mule » pour le compte de trafiquants de drogue.

Maria Full Of Grace

Sur une histoire simple mais puissante, Joshua Marston réalise un premier film brillant d’une incroyable finesse et d’une touchante sincérité. Mise en image avec doigté (le film n’est jamais vulgaire ni racoleur), l’aventure humaine de cette jeune fille prend immédiatement des allures de parabole. Le titre « Marie pleine de grâce » est à cet égard révélateur et pointe une multitude de références bibliques. Le personnage de Marie, d’un milieu modeste, attend un enfant dont elle décide d’assumer seule la charge. Plusieurs fois soumise à la tentation, elle cherchera à maintes reprises (y compris dans la prière) un pardon pour ses fautes et s’acheminera vers une rédemption.

Maria Full Of Grace

Mais qui dit parabole ne veut pas dire prosélytisme ni même symbolisme lourd. Et tandis que la portée spirituelle du film élève très haut narration et mise en scène, Marston dépouille soigneusement « Maria Full of Grace » de toute connotation moralisatrice. Son objectif n’est pas de juger mais de comprendre pourquoi une jeune fille bien élevée se compromet soudain dans le trafic de drogue. Et Marston d’expliquer les rouages de cet engrenage sans le moindre signe didactique. C’est d’ailleurs ce pourquoi le film fonctionne à merveille. Marston s’attache à l’histoire, aux personnages et à l’atmosphère en ayant une seule ligne de conduite : les faits et rien que les faits. Pas de plans traînassants, de montage larmoyant ou de gros plans concupiscents. Le cinéaste laisse le soin au spectateur de développer ses propres sentiments.

Maria Full Of Grace

Sympathie, tristesse, espoir, révolte, joie… le spectateur est invité, s’il le souhaite, à vivre à l’unisson avec Maria. Rien ne l’y oblige hormis l’envie d’en apprendre plus sur un univers à la fois terrifiant et fascinant : celui du trafic de drogue. Hormis l’irrésistible envie d’accompagner Maria dans ce douloureux (mais jamais sordide) parcours initiatique. Et parce que Joshua Marston vise juste tant au niveau de la mise en scène que de la narration, il obtient la pleine et entière attention de chacun du début du film jusqu’à la fin.

Saisissant et profondément humain, « Maria Full of Grace » est une réussite absolue. Un de ces diamants bruts qui s’insinuent dans les Festivals pour capter l’attention et marquer les esprits. Le film a déjà permis à un jeune homme de 17 ans de renoncer à faire « la Mule » pour des trafiquants de drogue en Colombie. Y a-t-il plus belle façon de rendre justice et hommage au film ? A voir absolument !


ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND de Michel Gondry avec Jim Carrey

Après un an de vie commune, Joël et Clémentine ne voient plus que les mauvais côtés de leur tumultueuse histoire d’amour. Clémentine prend alors la décision de faire effacer de sa mémoire toute trace de cet amour. L’opération réussit et Joël, effondré, contacte à son tour l’inventeur du procédé, le Docteur Howard Mierzwiak, pour qu’il extirpe à son tour de sa mémoire tout ce qui se rattachait à Clémentine.

Mais à mesure que les souvenirs de Joël disparaissent, il commence à redécouvrir ce qu’il aimait en Clémentine, l’inaltérable magie d’un amour dont rien au monde ne devrait le priver.

Eternal Sunshine Of The Spotless Mind

Après le très haut perché Human Nature, Michel Gondry choisit à nouveau de faire équipe avec le scénariste (non moins haut perché) Charlie Kaufman (Dans la peau de John Malkovich, Adaptation, Confessions d’un homme dangereux… ) pour son second long-métrage : « The Eternal Sunshine of the Spotless Mind ». Gondry annonce ainsi clairement son intention ; il ne redescendra pas de son arbre de sitôt.

Human Nature - DVD
 
Dans la peau de John Malkovich - DVD
 
Adaptation - DVD
 
Confessions d'un homme dangereux - DVD

Déroutant, osé, surréaliste, son second long-métrage confirme la tendance. Gondry ne fera pas cette fois encore les choses comme tout le monde. Aux excentricités scénaristiques de Kaufman, le cinéaste ajoute d’ahurissantes expérimentations visuelles. (cf la scène de la bibliothèque à l’appartement ou bien encore celle de la déconstruction de la maison). Doué d’un casting impeccable, d’une esthétique renversantes et de transitions à couper le souffle, « Eternal Sunshine…  » enchaîne les séquences en alliant fond et forme… avec une originalité jamais égalée. Kaufman et Gondry peignent ainsi cette oeuvre cinématographique à la manière d’un Dali. Leur imagination est sans limite. Les moyens sont conséquents. Le résultat est exaltant.

Eternal Sunshine Of The Spotless Mind

Le film ne ressemble à aucun autre. C’est celui dans lequel Jim Carrey trouve son meilleur rôle (mix parfait entre folie et sobriété). C’est aussi celui dans lequel le tandem Kaufman / Gondry montre le plus ostensiblement l’étendue de son talent. C’est enfin une oeuvre inoubliable qui traite de l’amour, du temps, du regret avec emphase et beaucoup d’humanité. Au-delà de toutes considérations classiques, en dehors de tout système, « Eternal Sunshine…  » souffle un ouragan de fraîcheur sur le cinéma hollywoodien et prouve qu’avec beaucoup d’idées et un budget raisonnablement conséquent, on peut engendrer un grand film. De l’Art à l’état pur !!!

Eternal Sunshine Of The Spotless Mind

Cinéma
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