ACTUALITÉ

31ème Festival du Film Américain de Deauville : les révélations.

Par François Chollier | Publié le
31ème Festival du Film Américain de Deauville : les révélations.

Dvdfr était à l’édition 2005 du Festival de Deauville. Impressions, sentiments et photos…



L'affiche du festival

A plus d’un titre, la 31ème édition du Festival du Film Américain de Deauville aura fait exception. Exception culturelle en réaffirmant son attachement à la liberté d’expression. Exception artistique au travers d’une programmation résolument tournée vers la création et l’indépendance. Exception dans le ton puisque le cinéma américain, autrefois triomphant, vire désormais à la caricature vitriolée. Objectif visé : le libéralisme et ses méfaits.

Robert Downey Jr.

Dès le premier film, le LA est donné avec « Matador », sorte d’anti-thriller dans lequel un anti-héros fatigué d’assumer ce qu’il est subit une succession d’anti-séquences truffées d’anti-situations …bref de l’anti-blockbuster porté par l’ex-monsieur James Bond (le très distingué Pierce Brosnan) désormais plus intéressé par les valeurs familiales et citoyennes que par l’accumulation des profits. Et bang, en plein dans la cible. Le temps d’un très léger « Shane Black’s Kiss Kiss Bang Bang » pour vous consoler et c’est au tour de « Broken Flowers » de prendre le relais.

Pierce Brosnan

Jarmush y dépeint une Amérique étiolée par l’absence de relations fussent-ils entre deux êtres du sexe opposé ; Une Amérique engluée dans une indescriptible apathie et qui s’en satisfait. Une Amérique individualiste à peine capable de s’autoalimenter. Même l’hilarant Harold Ramis (auteur de l’excellent Un jour sans fin) aura pour l’occasion laisser sa verve humoristique au vestiaire. Son « Ice Harvest » offre un portrait vitriolé du « way of life » américain dont la violence n’a d’égale que la cupidité.

Ron Howard

La compétition n’a pas encore commencé que voilà les choses sérieuses abordées. Avis de tempête, il y a fort à parier que ça va sérieusement se gâter. Pari amplement tenu avec des films graves voire plombant à l’atmosphère particulièrement lourde, brûlots acides à la face d’un libéralisme omnipotent. A chaque fois, « l’Amérique de Bush » est prise pour cible. En conférence de presse, l’expression revient à ce point qu’elle semble consacrée. Impossible d’en sortir, l’heure est trop grave. Le cinéma, on le sent bien, s’est mobilisé pour une levée unanime de bouclier contre les valeurs obsolètes d’un président fantoche qu’ils jugent « irresponsable ».

Forest Whitaker

Il y a de cela 1 an, les manoeuvres d’approche se faisaient plus timorées. Aujourd’hui, on ne prend plus de gants, on tire à boulets rouges même sur et en dehors des écrans. « L’Amérique s’est découvert des pauvres » dira Pierce Brosnan, « une mauvaise conscience » ajoutera Matt Dillon et aujourd’hui, renchérit Akiva Goldsman (scénariste du lumineux « De l’Ombre à la Lumière »), « il est temps que les gouvernements prennent leurs responsabilités car viendra forcément l’heure des comptes ».

Matt Dillon

On ne badine pas avec la métaphore. Elle pèse même de tout son sens. A l’image d’un formidable « Elizabethtown » qui aborde les sujets les plus durs avec une incroyable facilité ou un « Four Brothers » qui taille sévèrement dans cette Amérique en proie à la discrimination tant sociale que raciale. Et Singleton de parachever l’ensemble en affirmant qu’il « ne dépeint pas l’Amérique ou la famille américaine mais bien le monde et ses inégalités ».

Kirsten Dunst & Cameron Crowe

De révélations cinématographiques parmi lesquelles on retiendra tout spécialement (« Collision », « Mary », « Elizabethtown », « Les Noces Funèbres » « Four Brothers », « De l’Ombre à la Lumière » et « Reefer Madness ») en révélations socio-culturelles, le 31ème Festival de Deauville aura indubitablement marqué les consciences individuelles et collectives des spectateurs. Que rêver de mieux à une époque ou la télévision travaille dans le sens opposé ?

Mark Wahlberg

A la différence du téléspectateur, le spectateur pense et c’est ce qui autorise sans doute les cinéastes à oser défier l’ordre établi… la règle. S’il est bien un enseignement à retirer de cette 31ème édition du Festival du Film Américain de Deauville, c’est que la création ne connaît aucune limite. Elle donne courage et permet d’imaginer ce que devrait être le monde pour ainsi mieux le façonner.

John Singleton

Retrouvez dans la semaine les interviews exclusives d’Alain Corneau (Président du Jury de 31ème Festival) et de Dominik Moll (Membre du Jury de ce 31ème Festival) interviewé pour vous par DVDFR.

Le ciel du festival

Cinéma
Commentaires

Personne n'a encore réagi à cet article. Soyez le premier !

Ajouter un commentaire

Pour commenter, connectez-vous à l'aide de votre compte DVDFr ou Facebook

Partager
Plus d'infos

Accès aux fiches DVDFR citées dans l'article :

(publicité)

(publicité)