Vers des disques 100% recyclables

Ce n’est plus un secret pour personne, les stocks de pétrole diminuent de jour en jour. Et si les industriels trouvent tous les jours de nouveaux gisements ou de nouvelles façons d’exploiter les gisements existants, les coûts de production sont de plus en plus élevés et ne permettent au mieux que de reculer l’échéance fatidique à partir de laquelle le pétrole sera un produit de luxe ou aura totalement disparu.

Les récents résultats dans les urnes ont d’ailleurs montré que les français - et leurs homologues européens - sont sensibles à ces notions écologiques. Dans ces conditions, des équipes de chercheurs se sont penchées sur les moyens de réduire les besoins en pétrole de l’industrie dans des produits de grande consommation.

Et Cocorico, c’est une équipe française qui propose une solution innovante pour remplacer nos précieuses galettes. En utilisant des nanotubes de carbone cette équipe a réussi à produire des disques qui non seulement n’utilisent pas de produits dérivés du pétrole mais qui sont également 100% recyclables !

Concrètement voici comment se présenterait la galette du futur :

• le disque serait produit en carton, produit que l’on sait facilement recyclé et qui présente en outre l’avantage d’être plus facile à sérigraphier
• la sérigraphie serait réalisée avec des encres vertes. Il existe de nombreuses normes européennes et les imprimeurs maîtrisent à présent ces processus
• la couche de données est celle qui présente l’innovation la plus intéressante car réalisée à l’aide de nanotubes de carbone.

L’avantage de ces nanotubes de carbone est qu’ils permettent non seulement de durcir le disque cartonné mais aussi d’absorber ou non la lumière en fonction de leur orientation. À titre d’anecdote, c’est grâce aux nanotubes de carbone qu’une équipe de l’université Rice (USA) a réalisé un nouveau record de noirceur et c’est ce record qui a donné l’idée à nos chercheurs d’utiliser les nanotubes de carbone dans la réalisation de disques optiques.

L’autre avantage c’est que c’est un matériel facilement recyclable et nettement moins polluant que le pétrole.

Enfin - et c’est là l’intérêt de cette découverte - ce processus de fabrication permet d’atteindre très facilement la même densité d’information que sur un Blu-ray, et les premières expérimentations indiquent qu’on peut même augmenter très facilement cette densité (malheureusement le processus de lecture optique reste encore à inventer !)… et c’est 100% compatible avec nos platines CD, DVD et Blu-ray actuelles.

Malheureusement il reste quelques inconvénients :

• le processus n’est pas encore industrialisé et les coûts de revient sont encore prohibitifs, mais avec la raréfaction du pétrole et les études réalisées dans le domaine les coûts pourraient rapidement s’inverser ;
• la longévité de la galette n’est pour l’instant que de 2 ans… après, le support présente des faiblesses de lecture jusqu’à ne plus pouvoir être utilisé. Certains studios trouvent que c’est plutôt un avantage qu’une faiblesse (sic.) ;
• la couche de données est encore fragile et il faut faire attention à ne pas la rayer. Néanmoins cet inconvénient existait aussi pour les blu-ray lors de la phase de conception et des technologies de protection (malheureusement pas encore vertes) ont été inventées. Des équipes se penchent déjà sur ce problème.

Comme vous pouvez le constater, ce processus - poétiquement baptisé CARP (CArbon Reflexive Process) par l’équipe du professeur Han Cistrus - est très prometteur et devrait faire très prochainement son apparition dans les bacs.

Crédit photo : E. Flahaut