Adieu à Ettore Scola et à Jacques Rivette

Jacques Rivette (1928-2016) :

© Raphael Van Sitteren, CC BY-SA 4.0

Jacques Rivette nous a quittés le 29 janvier. Né à Rouen en 1928, il rencontre en 1949 Éric Rohmer avec lequel il fonde l’éphémère Gazette du Cinéma, née et disparue en 1950, avant d’écrire, comme beaucoup de cinéastes de la Nouvelle Vague, dans les Cahiers du Cinéma en compagnie, notamment, de Jean-Luc Godard, Alexandre Astruc, François Truffaut, Claude Chabrol..

Il fait sa première expérience du cinéma en assistant Jacques Becker et Jean Renoir et en réalisant quelques courts métrages avant son premier long métrage, que beaucoup voient comme le premier film de la Nouvelle Vague, Paris nous appartient, qu’il doit produire lui-même en 1958. Mais l’échec commercial l’obligera à attendre jusqu’en 1966 pour réaliser Suzanne Simonin, la religieuse de Diderot, avec Anna Karina dans le rôle-titre. Un temps interdit par la censure, le film connaîtra, à sa sortie en juillet 1967, un assez beau succès commercial.

Puis vient le temps des défis, avec L’Amour fou (1969), l’histoire d’un couple en crise formé par Bulle Ogier et Jean-Pierre Kalfon, d’une durée de 4h15, record qui sera pulvérisé, en 1971, par les 12h55 de OUT 1, une folie dont se sont rendus complices cinquante acteurs, répartis en deux groupes (dont Michael Lonsdale, Bulle Ogier, Jean-Pierre Léaud, Juliet Berto, Bernadette Lafont), priés, sans scénario ni répétitions, d’improviser histoire et dialogues. Projetée une seule fois dans sa version intégrale à la Maison de la culture du Havre en 1971, l’œuvre ne sera vraiment tirée de l’oubli qu’à la sortie du magnifique coffret édité par Carlotta Films en novembre dernier.

À partir de 1974, sortiront 17 longs métrages, dont Céline et Julie vont en bateau, avec Juliet Berto et Dominique Labourier dans les rôles titres, L’Amour par terre (1984, avec Jane Birkin, Geraldine Chaplin et André Dussollier), La Bande des quatre en 1989, La Belle noiseuse (238 minutes), Prix du Jury à Cannes en 1991 et Prix du Syndicat Français de la Critique de Cinéma, avec Michel Piccoli et Emmanuelle Béart (suivi en 1992 par sa version courte, Divertimento, 130 minutes), et Jeanne la Pucelle, en deux parties, avec Sandrine Bonnaire (1994). Son dernier film, sorti en 2009, sera 36 vues du 36 vues du Pic Saint Loup, un documentaire-fiction sur la vie de l’écrivain Raymond Roussel.

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Ettore Scola (1931-2016) :

© DR

Ettore Scola, disparu le 19 janvier, était né en Campanie en 1931. Après une courte expérience de dessinateur de presse, puis à la radio, il fait son entrée dans l’univers du cinéma en 1953 comme scénariste. Il écrit ou coécrit le scénario ou les dialogues d’une quarantaine de films, dont Le Fanfaron et Les Monstres de Dino Risi.

C’est en 1964 qu’il réalise son premier film, Parlons femmes, avec Vittorio Gassman, Sylva Koscina et Antonella Lualdi, le premier d’une bonne trentaine de films dont certains, plusieurs fois primés, sont restés pour toujours imprimés dans la mémoire des cinéphiles de toute la planète.

Nous nous sommes tant aimés !, en 1974, sur les désillusions de trois anciens résistants dans les années d’après-guerre. Puis, en 1976, le truculent Affreux, sales et méchants (récemment testé) et, dans la foulée, un émouvant huis clos, Une journée particulière (1977) sur la rencontre de deux êtres solitaires meurtris par les années noires du fascisme. En 1980 sort La Terrasse, une autre fable sur la désillusion avec, à l’affiche, Ugo Tognazzi, Jean-Louis Trintignant, Marcello Mastroianni, Vittorio Gassman, Serge Reggiani et Stefania Sandrelli.

Trois ans après, il tourne en France Le Bal, un exercice de style unique, inclassable, évoquant, sans qu’une seule parole soit prononcée, un demi-siècle de l’histoire de France. En 1988, La Famille suit Carlo de son baptême à sa mort, l’occasion pour le cinéaste d’observer l’évolution d’une famille de la bourgeoisie romaine de 1906 à 1986.

On pense ensuite à l’hommage à la Commedia dell’arte rendu parLe Voyage du Capitaine Fracasse (1990) avec deux français dans la distribution, Vincent Perez et Emmanuelle Béart. Le Dîner (1998, à quand une édition ?), est, après Le Bal, un autre regard critique et amusé sur la comédie humaine.

Son dernier film sera Qu’il est étrange de s’appeler Federico, le plus beau portrait jamais dessiné de son ami Federico Fellini.

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