REPORTAGE - Que viva Mexico !
Un reportage exclusif sur le terrain au coeur de la Zone 4, entre les magasins de Mexico City et Guadalajara, et les mythiques studios cinématographiques de Churubusco (les films de Santo et Blue Demon, ça vous rappelle quelque chose ?)
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C’est la terre de la Révolution, du métissage des races, de la cerveza à déguster avec un verre de tequila et une écorce de « lima » vert. Avec ses 20 millions d’habitants et son aéroport au centre-ville (effet Blade-runnerien garanti si on atterrit la nuit!), la Cité du Mexique est un monstre démographique, qui accompagne lentement mais sûrement la nation vers le club des Pays industrialisés. Mais le Mexique est aussi un Pays (peut-être le seul) où deux Zones de DVD coexistent au même temps.
Sous un point de vue technologique, le Mexique a emprunté plusieurs normes à son puissant voisin du Nord, comme le courant électrique à 110 V et la norme NTSC (paradoxalement, le Mexique a adopté le système métrique, et non pas les milles). L’influence nord-américaine se retrouve aussi dans le bouquet satellitaire DirecTV (amplement reformaté pour le marché latino), et bien sûr dans les DVD Zone 1.
Mais le DVD Forum a décidé que la frontière entre les États-Unis et le Mexique se devait d’être technologique. Tandis que le nord de Tijuana est le royaume de la Zone 1, le Mexique et l’ensemble des Pays de l’Amérique Latine se retrouvent en Zone 4, à l’instar de l’Australie et la Nouvelle Zélande. Mais avec une différence de taille : tandis que l’Océanie est en PAL, l’Amérique Latine a un forte prédominante NTSC, avec des déclinaisons parfois étranges (par exemple, la norme TV du Brésil est le PAL-M, un PAL à 60 Hz).
« Le marché local du DVD n’a pas encore véritablement décollé, en raison de cette double exposition entre notre Zone 4, et les Z1 des États-Unis », nous explique le producteur cinématographique Jorge Sanchez. « De plus, la base installée des Z1 a fortement pénalisé la production Z4 ». Est-ce que cela signifie que les mexicains ont des lecteurs multizone ? « Non, même pas - réponds Sanchez. La plupart des acheteurs de DVD ont des lecteurs américains uniquement Z1, et donc ils ne peuvent pas lire les Z4. Notre marché Zone 4 est limité aux titres commercialisés par les Majors pour l’Amérique Latine. Les éditeurs locaux ne se sont pas encore lancés dans le DVD. Le premier film mexicain en DVD devrait être « Pas de lettre pour le colonel » de Arturo Ripstein, mais pour le moment le projet n’est pas finalisé ».
Comme le DVD a encore une vocation élitiste, pour trouver un bon choix de titres, il faut se rendre sur la Zone Rose de Mexico City, ou chez ces centres commerciaux ultramodernes de Guadalajara peuplés par des « chicas » très Calvin Klein et Dolce&Gabbana, et par ces garçons qui se retrouvent dans des clubs post-modernes pour démarrer le nightclubbing.
La première constatation est que les imports Z1 se taillent clairement la part du lion sur les linéaires, par rapport aux Zone 4 maison. La deuxième constatation est que Disney vient de résoudre à sa façon cette ambiguïté entre les Zones : Tarzan et tous les films d’animation (bientôt dans nos rayons) sont labellisés multizone !
Nous avons fait un essai direct avec Tarzan. A l’arrière de la jaquette, le DVD porte la mention Z1 + Z4, ainsi que le nombre des Pays de l’Amérique Latine où il est autorisé à la vente (voir les images ci-contre). En ouvrant le boîtier, autre surprise : le disque sérigraphié comporte des indications uniquement en anglais, et la mention d’office « made in USA ». Au niveaux des pistes audio, les caractéristiques sont les mêmes du DVD vendu aux États-Unis, jusqu’à la présence de la piste VF « interdite ». Nous avons ainsi demandé à des possesseurs du Tarzan Zone 1 d’essayer de passer leur DVD en Z4. Bingo, il fonctionne ! Morale de l’histoire : une partie des DVD Disney vendus aux US sont secrètement Z1+Z4. Autrement dit, une pierre, deux coups.
Le rayon des Zone 4 locaux est dominé par Warner, Columbia et Fox (pas encore des Paramount, ni des Dreamworks). Ces DVD ne sont pas limités seulement au Mexique, mais ils servent la quasi-totalité de l’Amérique Latine. Une tâche facilitée par le fait que la langue commune est l’espagnol (à l’exception du Brésil), et que les différences linguistiques se situent surtout au niveau des accents (l’espagnol parlé à Cuba est notoirement à vitesse warp, tandis que celui parlé en Colombie ou en Chili ont une musicalité exemplaire).
Le choix des titres Z4 est très similaire aux DVD Majors commercialisés en Europe. Il y a des exceptions : par exemple, on a remarqué le magnifique « Etat second » de Peter Weir, avec Jeff Bridges (édité par Warner). Mais une mauvaise surprise se trouve à l’arrière de la jaquette : tous les DVD Warner sont recadrés en format 4/3 et 1.33 ! A l’inverse, les Columbia Z4 ont une image anamorphique, le format respecté, et la totalité des contenus présents sur les éditions européennes. En plus, une bonne partie des Columbia offre des pistes audio ou des sous-titres français. Pour un touriste européen (avec machine multizone), les Z4 Columbia peuvent se révéler fort attrayants, tandis que les Warner sont clairement à éviter.
Justement, est-ce que le Mexique offre des prix concurrentiels ? Pas pour les imports Z1 en tout cas. Dans les magasins que nous avons visité, les prix moyens se situent aux alentours de 250 F, avec des pointes à 300 F pour les nouveautés. Certes, le Mexique n’a pas des limitations légales quant à la chronologie des médias, mais 300 balles pour « Bone Collector », « Double Jeopardy » ou Le 13ème guerrier est plutôt excessif…
Les titres Zone 4 sont plus concurrentiels, avec une fourchette des prix qui voyage entre les 140 et 160 F selon l’éditeurs. Les plus chers sont les films d’animation Disney multizone, qui approchent la barre des 190 francs. Ce n’est pas une surprise…
