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So long John Hurt !

Par Philippe Gautreau | Publié le | Mis à jour
So long John Hurt !

Retour sur la lumineuse carrière d’un des plus grands acteurs du cinéma britannique, qui laisse derrière lui près de 100 chefs d’oeuvre…

Le 27 janvier dernier, s’est définitivement terminée la carrière d’acteur de John Hurt qui aura duré plus d’un demi-siècle. Sa première apparition devant les caméras remonte, en effet, à 1962, quand il tint, à 22 ans, son premier (petit) rôle dans The Wild and the Willing, réalisé par Ralph Thomas, un des « young angry men » qui formaient alors le bataillon de la nouvelle vague du cinéma britannique.

Il faut bien, dans le cadre de cette courte chronique, se résoudre à ne citer que quelques-uns seulement des plus de deux cents, films, téléfilms et séries dans lesquels John Hurt a joué.

Alien
Alien, de Ridley Scott (1979)

Impossible d’oublier les films les plus populaires dans lesquels il est apparu, pas nécessairement en tête d’affiche : Alien de Ridley Scott, en 1979, le premier de la saga, Elephant Man de David Lynch dans lequel il tenait le rôle-titre en 1980. Mais encore V pour Vendetta de James McTeigue (2005), Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal (Steven Spielberg, 2008) et son incarnation d’Ollivander dans la saga Harry Potter. Il a même été une des réincarnations de l’immortel Doctor Who (2005), en 2013, dans les trois derniers épisodes de la saison 7 !

John Hurt, c’était aussi une voix, chaude et profonde, la voix du narrateur de The Storyteller, une magnifique suite de contes créée par Jim Henson, celle du narrateur de deux films de de Lars von Trier, Dogville (2003) et Manderlay, en 2005 (il interprétera en 2011 le personnage de Dexter dans un troisième film du même réalisateur, Melancholia). Il sera aussi la voix du dragon dans la série Merlin (2008-2012), celle du narrateur du film Le Parfum - Histoire d’un meurtrier de Tom Tykwer (2006). Il a également commenté deux documentaires, la belle évocation par Paul Cox de Vincent - La vie et la mort de Vincent Van Gogh (1987) et, tout récemment, l’hommage rendu au cinéma par Jonathan Blagrove avec The Final Reel, sorti dans les salles du Royaume-Uni en septembre 2016.

Midnight Express
Midnight Express, de Alan Parker (1978)

Mais il aura probablement laissé une plus forte impression avec Midnight Express (1978) d’Alan Parker pour sa pathétique interprétation d’un prisonnier des geôles turques qui lui valut un Golden Globe. Avec Mémoire traquée (Lapse of Memory de Patrick Dewolf, 1991), avec La Porte des secrets (The Skeleton Key de Iain Softley, 2004). Et aussi avec An Englishman in New York (Richard Laxton, 2009) pour son émouvante incarnation de Quentin Crisp, saluée par le Prix du meilleur acteur au festival de Berlin, un personnage qui lui avait déjà valu un BAFTA Award du meilleur acteur en 1975 pour The Naked Civil Servant de Jack Gold. Impossible encore de l’oublier dans Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch (2013), dans Snowpiercer, le Transperceneige (Bong Joon-ho, 2013) ou sous l’habit d’un prêtre (rôle qu’il a souvent tenu) dans Jackie de Pablo Larrain qui sort dans nos salles le 1er février 2017, cinq jours après sa disparition.

John Hurt m’a particulièrement ému dans deux incarnations d’un personnage vulnérable, promis à une destinée tragique, celui de Timothy Evans dans L’Étrangleur de Rillington Place de Richard Fleischer (1971) et celui de Winston Smith dans 1984, la vision par Michael Radford du monde dystopique imaginé par George Orwell.

1984
1984, de Michael Radford (1984)

La plus belle marque d’estime accordée à John Hurt fut sans doute le BAFTA Award décerné en 2012 « pour sa remarquable contribution au cinéma ». Notre consolation est de savoir qu’il ne nous a pas vraiment quittés. Non seulement est-il toujours présent dans notre mémoire, mais il reste toujours prêt à nous émouvoir, encore et encore. Il suffit, pour ça, de choisir une petite galette argentée parmi toutes celles disponibles, au nombre… d’une bonne centaine !

Elephant Man
The Elephant Man, de David Lynch (1980)

 

Reportage .
Commentaires
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Decrauze Loïc
Le 1 février 2017 à 22:26

Hommage à son interprétation poignante de Joseph Merrick alias Elephant Man et à la question que pose le film éponyme de David Lynch : http://acrostweet.blogspot.fr/2017/02/hurt-john.html?view=mosaic

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francis moury
Le 2 février 2017 à 16:54

Il faut signaler en outre deux rôles intéressants dans le cinéma fantastique anglais, période 1970-1980 :

- THE GHOUL (GB 1975) de Freddie Francis

- THE SHOUT [Le Cri du sorcier] (GB 1978) de Jerzy Skolimovski

et préciser que c'est 

- SINFUL DAVEY [Davey des grands chemins] (GB 1967) de John Huston 

qui lui donna pour la première fois un rôle en vedette principale. Auparavant, il avait tourné des rôles subalternes dans des longs métrages mineurs signés Sidney Hayers, Jack Lee Thompson, Ralph Thomas, etc.

 

 

 

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Ded
Le 2 février 2017 à 20:12

"Rien, rien ne meurt jamais. Le fleuve coule, le vent souffle, les nuages passent, le coeur bat... Rien ne meurt jamais." (Elephant man)

In memoriam...

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