Adieu Bertrand Tavernier !
Le 25 mars a sonné le terme d’une vie consacrée au cinéma, celle du cinéaste et cinéphile Bertrand Tavernier.
Bertrand Tavernier fonde, pendant ses études de droit, un cinéclub, le Nickel Odéon, devient l’assistant de Jean-Pierre Melville pour Léon Morin, prêtre, puis l’attaché de presse de Stanley Kubrick pour 2001 : L’Odyssée de l’espace, Orange mécanique et Barry Lyndon.
Parallèlement, dans les années 60, en gardant ses distances avec la Nouvelle vague, il se lance dans la critique, d’abord avec des piges pour Télérama, puis dans une contribution régulière à plusieurs magazines, Les Cahiers du Cinéma, Positif, Cinéma… avant d’écrire plusieurs ouvrages sur le cinéma américain qui aideront le public français à découvrir Delmer Daves, Bud Boetticher et autres. Il fut l’auteur de plusieurs livres sur le septième art, principalement sur le cinéma américain, dont 50 ans de cinéma américain, coécrit avec Jean-Pierre Coursodon (Nathan, 1991) et dirigea une série documentaire en neuf épisodes, Voyage à travers le cinéma français, la série, éditée en vidéo par Gaumont en 2016 et 2017.
Il fut aussi l’auteur d’une dizaine de documentaires, dont le remarquable La Guerre sans nom, sur la Guerre d’Algérie, réalisé en 1992 avec la complicité de Patrick Rotman.
Son premier long métrage, L’horloger de Saint-Paul, salué en 1975 par le Prix Louis Delluc, inaugure une suite de films populaires, Que la fête commence (1975), marquant le début d’une longue complicité avec Philippe Noiret, suivi par Le Juge et l’assassin (1976).
En réalisant 22 longs métrages de fiction, il touche à tous les genres, à la science-fiction avec La Mort en direct (1980), au policier avec L.627 (1992), L’Appât, Ours d’or à la Berlinale de 1995, et Dans la brume électrique (In the Electric Mist), tourné aux USA en 2009, au jazz, avec Autour de minuit (‘Round Midnight, 1986), à la guerre avec Capitaine Conan (1996), à la chronique familiale avec Un Dimanche à la campagnequi lui vaudra le Prix de la mise en scène à Cannes en 1984, à la romance historique avec La Fille de d’Artagnan (1994), La Passion Béatrice (1987) et La Princesse de Montpensier (2010), à la satire politique avec Coup de torchon(1981) et Quai d’Orsay (2013), son dernier film.
Il a, de plus, apporté un solide soutien à l’édition vidéo, commencée en 2006 pour L’Homme aux Colts d’or (Warlock, Edward Dmytryk, 1959) la première des quelques 150 et 200 présentations de films pour Sidonis Calysta. Parmi les dernières enregistrées, en janvier 2021, celle de Le Journal d’une femme de chambre (The Diary of a Chambermaid, 1946) de Jean Renoir, une édition collector dont la crise sanitaire a reporté la sortie.
Celles et ceux qui souhaitent approfondir leur connaissance de l’œuvre du cinéaste pourront s’offrir Bertrand Tavernier : Film après film, le parcours d'un cinéaste humaniste et en prise avec son temps de Jean-Dominique Nuttens (Éditions de Grenelle, 2009).