Johnny English (2003) : le test complet du DVD

Réalisé par Peter Howitt
Avec Rowan Atkinson, Natalie Imbruglia et Ben Miller

Édité par Studiocanal

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Le 11/03/2004
Critique

« Johnny English » alias Rowan Atkinson, comprenez l’agent triple zéro, est un des spectacles les plus réjouissants de cette triste année 2003. D’abord parce qu’il s’agit du grand retour (par la grande porte, celle cinématographique) de celui qui demeurera encore longtemps Mister Bean. Ensuite parce qu’il y a bien longtemps qu’on attendait une parodie de James Bond à la hauteur du mythe. Evénement qui ne s’était produit depuis Casino Royale. Avec « Johnny English », c’est chose faite. Deux monstres sacrés se sont enfin rencontrés. Il ne reste plus qu’à faire le constat. Carambolage hilarant entre le vrai et le faux, le héros et le challenger, le séducteur et celui qui n’a rien pour lui, « Johnny English » n’hésite pas à grignoter la stelle de la légende et détourner un à un les codes de James Bond.

Première bonne idée, avoir su donner au film un nemesis à la hauteur de Rowan Atkinson. « Réussissez le méchant et vous réussirez le film » disait Hitchcock. La prophétie n’a jamais été aussi bien vérifiée. Malkovich en méchant : c’est le carton assuré. Démarche ridicule, ego démesuré, l’homme se lance alors dans une imitation du nobliau français à tomber par terre et à se tordre de rire. « Comme ont l’habitude de dire les français, c’est le top » restera une phrase d’anthologie dans la bouche d’un Malkovich plus cabotin et survolté que jamais. Tour à tour sérieux, hargneux, mégalo et angélique, il est l’incontestable révélation de ce film qu’il a très certainement pris beaucoup de plaisir à faire. Quand c’est le cas, ça se voit !

Deuxième bonne idée, avoir réuni un casting enthousiaste capable de rendre l’histoire la plus abacadabrante intense et crédible. Autour d’Atkinson, Nathalie Imbruglia (si si la chanteuse, déjà présente à la télévision dans la cultissime série anglaise « Neighbours »), dont ce sont là les débuts cinématographiques, réalise une performance très prometteuse. Quant à Ben Miller (l’inoubliable Johnny Two Dogs de Jimmy Grimble), il marque de son empreinte le film dans la peau du flegmatique agent Bough, personnage lunaire qui évolue dans l’ombre de « Johnny English » et ressemble étrangement au Docteur Watson. Toutefois et c’est bien normal, la palme des palmes revient à Rowan Atkinson qui gravit ici des sommets de comiques rarement explorés. Atteint de malchance chronique, celui qui voulait être numéro 1 doit de surcroît composer avec une encombrante maladresse. Hélas, c’est là qu’est l’os…

Voulant bien et trop bien faire, il rate l’essentiel, passe carrément à côté de la mission, perd cent fois son chargeur dans la bataille pour finir enfoui sous les sécrétions anales de ces ennemis. Ne peut-on imaginer personnage plus gagesque ? Désopilant comme l’a pu être en son temps un Leslie Nielsen, il se glisse non sans une certaine malice dans la peau de cet agent qui croit savoir mais ne sait rien. Avec un impeccable sérieux (source du comique), il enchaîne les situations désopilantes. L’affront involontaire à son ennemi déclaré, la poursuite en voiture, le repas japonais, le saut en parachute sans oublier…clou du spectacle…la méprise au cimetière. Atkinson possède parfaitement son sujet. Il avait eu à plusieurs reprises l’occasion de se familiariser avec en tournant des spots (que beaucoup d’entre vous auront vus) pour une marque de carte crédit. James Bond triple zéro alors, il se sera un moment séparé du personnage pour mieux ensuite le retrouver.

Une courte et néanmoins mémorable apparition dans 4 mariages et 1 enterrement, puis dans Maybe Baby, Rowan Atkinson enchaîne deux succès américains que sont Mr Bean, le film le plus catastrophe et « Rat Race ». Mais on le sent bien, chez lui la distinction et la maladresse sont innées. L’acteur est taillé, destiné pour ce rôle qui lui colle à la peau d’agent le plus malchanceux de la terre. « Johnny English », c’est lui !!! Il est ce personnage, à ce point même qu’on ne sait plus qui incarne l’autre. Est-ce Atkinson dans la peau d’English ou English dans celle de Rowan « Bean » Atkinson qui, jamais en panne d’inspiration, improvise sur les beanesques variations du désir frustré, de l’enfance contrarié, de l’amour fantasmé… thèmes chers à Rowan. La rencontre avec l’agent Campbell alias Nathalie Imbruglia cristallise cette interpénétration des deux mondes. Une fois la mécanique du rire amorcée par les turpitudes du personnage, scénario, mise en scène et réalisation n’ont plus qu’à fournir à ce Bean devenu Bond (ou ce Bond devenu Bean) les situations, prétextes à gags.

C’est ce qu’il y a de plus simple et de plus complexe à la fois. Simple parce qu’il suffit de laisser matière à l’improvisation la plus débridée pour faire d’une bonne scène une scène d’anthologie (cf. le cimetière). Complexe parce que cela demande de coucher une multitude de gags sur le papier sans savoir ce que cela va donner à l’écran et par-dessus tout si cela va fonctionner. Idée lumineuse de la production, faire écrire le scénario par Neal Purvis et Robert Wade (auteurs de Le Monde ne suffit pas et Meurs un autre Jour). Sous la plume des deux scénaristes, l’histoire prend alors des allures de véritable mission que ce James Bond de pacotille aura toutes les peines du monde à mener. Dans l’ordre, il lui faudra résoudre une / des énigme(s), approcher le méchant, séduire l’agent féminin et déjouer le complot qui menace le monde. Vraie mission pour faux James Bond. Le reste tourne autour de trucs liés à la mise en scène et d’une faramineuse prédilection pour l’improvisation….la bonne !

La réalisation prend ainsi la succession pour finir d’empaqueter le gag et rendre l’ensemble dynamique. Pour l’occasion, Peter Howitt (réalisateur d’Antitrust) s’adapte parfaitement à la personnalité de ce Bean de Bond ; il offre à Atkinson assez d’espace pour que son jeu s’épanouisse tout en rythmant le gag afin d’obtenir plus que ce que la simple improvisation pourrait donner. Exemple : « Vous êtes Monsieur dans la zone la plus sécurisée d’Angleterre » déclare Johnny English. A peine a-t-il terminé sa phrase qu’une bombe explose. Le temps de s’attarder sur le coup d’oeil embarrassé d’English et on passe à la scène suivante. Lègere, rythmée, décalée, ce genre de scenette produit alors l’effet escompté : on est forcé de rire en savourant l’absurdité. Et c’est si bon !

Leçon de comédie donnée par Maître Atkinson… c’est plus que bonnard ! C’est inventif, tordant et inspiré. Vite… la suite qu’on puisse assister à la naissance d’une réjouissante franchise…pour le coup totalement décomplexée. A voir absolument !!!

Présentation - 3,0 / 5

Studio Canal a mis les petits plats dans les grands pour cette édition spéciale du non moins spécial agent au service de sa Majesté. Oublié le DVD de Mr Bean, le film le plus catastrophe, cette fois avec force menus animés, transitions léchées et musiques Bondesques que Rowan Atkinson débarque en vidéo. Enfin, un traitement digne de l’immense star qu’il est. Enfin, un DVD loufoque qui va nous livrer les secrets de son comique.

Mais Bean à l’écran est Rowan Atkinson à la ville. Et c’est à un personnage plutôt reservé auquel on a affaire. Dommage ! On aurait aimé qu’il apportât à cette édition un grain de folie. Mike Myers l’a bien fait pour les 2 dernières éditions d’Austin Powers. Il faut croire que le génie d’Atkinson ne se galvaude pas.

A la place, nous aurons droit à un intéressant et complet making of (Bien plus élaboré que celui d’Austin Powers) dans lequel la star livre humblement quelques unes de ses pistes de travail en même temps que quelques unes de ses phobies. L’éditeur a emmailloté le tout avec grand soin. Pas moins de 4 pistes-sons incluant 3 standards différents pour un seul et même film. Quant à l’image, exempt d’imperfections, elle rend hommage à la minutieuse complexité de la réalisation.

Bonus - 3,0 / 5

Le making of largement détaillé pallie quelque peu l’absence d’autres suppléments consistants. Accompagné d’une bande-annonce et de filmographies, ces coulisses du tournage nous livre quelques unes des pistes de travail de Rowan Atkinson. Preuve indiscutable que pour faire rire, il faut (parfois ?) se prendre très au sérieux. Une idée qui viendra très certainement contrarier l’image que vous vous faisiez du comique – un grand bonhomme dégingandé sautillant et grimaçant. Ici, vous trouverez l’un des comédiens les plus posés et attentifs qu’il vous ait été donné de voir. Loin d’improviser dans tous les coins, à tout bout de champ et dans toutes les langues, l’acteur se livre à travail constant sur la scène, sur le texte, avec ses partenaires et sous la direction attentive du réalisateur. A méditer…

Making of (24’18 - VOST)

Construit à la manière d’un making of de film d’action, il interroge tour à tour techniciens, acteurs et réalisateur afin de recouper les différentes approches et d’en dégager une méthode de travail commune. L’objectif est clair : analyser les causes du succès. « Et la première des raisons de ce succès, c’est le casting » dixit Rowan Atkinson en personne. Vous le soupçonnez de vouloir être gentil avec ses petits camarades. Pas du tout ! Il est tout simplement lucide sur ce qui transforme une gentille petite comédie en énorme succès : le casting. Si les acteurs sont bons et qu’ils donnent la répartie au héros de l’histoire avec assez de métier, d’insolence et de cabotinerie, alors le film sera réussi. Sinon, la sauce risque de très vite tourner au one man show mégalomaniaque et ennuyeux. C’est la philosophie essentielle que nous livre ce passionnant making of, alternant interviews, coulisses du tournage, post-production, et extraits. Mieux vaut un making of dense et captivant plutôt qu’une caravane de bonus tous plus futiles et pompeux les uns que les autres. Ce supplément vaut amplement le détour !

Bande-annonce (2’00 – VOST)

Oubliez la filmographie pour très vite passer à la bande-annonce du film qui concentre certains des éléments les plus hilarants. C’est d’autant plus agréable de la visionner que la qualité de son et d’image est au rendez-vous. Seul reproche : pourquoi avoir délibérément choisi de la présenter en VF ? Hormis cet insignifiant grain de sable, nous sommes en présence d’une bande-annonce qui fonctionne efficacement et donne à chaque fois envie de revoir le film. D’ailleurs, vous voudrez bien m’excuser…

Image - 5,0 / 5

Rien à redire au niveau de l’image. On a rarement vu un transfert d’aussi bonne qualité offrant un contraste à la fois souple et élégant (cf les scènes d’intérieur et notamment la Cathédrale). C’est du très beau travail. Excellent travail également en termes de compression. Gels, bruits et pixellisations sont proscrits au même titre que le crénelage et les stries. La poursuite dans les rues de Londres montre à quel point le détail et la précision de l’image sont élevés. Vous pourrez ainsi savourer le film en toute sérénité.

Il n’était pourtant pas facile de restituer une ambiance harmonieuse composée d’atmosphères aussi contrastées. Le cimetière, la soirée, le parachutage… l’ensemble s’enchaîne avec le plus grand naturel. Roland Emmerich (auteur de Stargate, Independance Day…) aurait sans nul doute quelques cours à prendre. C’est tout de suite maintenant avec Peter Howitt et son équipe auxquels l’image de cette édition DVD rend hommage.

Son - 5,0 / 5

Vous aurez le droit à 4 pistes-sons incluant 3 standards différents. VF en DTS 5.1, Dolby Digital 5.1 et Dolby Surround 2.0 ou alors VO en Dolby Digital 5.1. Même si la piste VF DTS 5.1 est mixée un ton au-dessus et propose une lecture plus dynamique du film, préférez-lui la VO DD 5.1, seule piste à même de retranscrire l’irrésistible accent de John Malkovich. De toutes les façons, niveau surrounds, vous allez être servis. Les balles vous sifflent aux oreilles, les voitures vous frôlent et les explosions vous clouent.

Pas le temps de dire ouf ni de souffler. La bande-son ne marque que très peu de temps mort pendant lesquels, Rowan Atkinson, bredouille 2 ou 3 de ces répliques hilarantes (là aussi préférez la VO) et c’est reparti pour un tour de manège. Toutefois, si vous tenez à la VF à tout prix, le DD 5.1 équivaut à peu de choses près à la VO DD 5.1. Oubliez cependant le surround 2.0. Vous y perdriez à la foisd en richesse et en finesse.

Johnny English vous souhaite une excellente projection…bon DVD !

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Rétroprojecteur Toshiba 43PH14P
  • Toshiba SD-330ES
  • Onkyo TX-DS797
  • système d'enceinte 5.1 Triangle
Note du disque
Avis

Moyenne

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Quentin
Le 12 avril 2007
Pas de commentaire.
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Pascal
Le 11 juin 2005
Pas de commentaire.
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Olivier
Le 10 mars 2005
Une bonne parodie de film d'espionnage. Avec l'humour de Rowan ATKINSON, "du Mr.Bean".
Bon divertissement.

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