Réalisé par F. Gary Gray
Avec
Vin Diesel, Larenz Tate et Timothy Olyphant
Édité par Metropolitan Vidéo
Nouveau venu dans le paysage cinématographique hollywoodien,
F. Gary Gray a su en quelques films se frayer un chemin tout
droit vers les sommets du Box Office. Sa méthode : donner aux
gens ce qu’il veulent et aux studios ce qu’ils souhaitent.
Une attitude qui aurait pu déclencher agacement, mépris et
parfaite indifférence à l’égard de ce jeune cinéaste mais
qui, bien au contraire, eût très tôt pour effet de lui
attirer faveurs du public, de la presse et de l’ensemble de
la profession. Principale raison : l’homme est furieusement
doué ! A se demander même s’il n’est pas magicien. Après
avoir tourné deux films mineurs, F. Gary Gray se voit confier
la réalisation du Negociateur. A l’affiche, Samuel L.
Jackson et Kevin Spacey. Il en fait un Western urbain doublé
d’une haletante partie d’échec entre Jackson et Spacey. Ce
seul film va immédiatement le propulser dans le top 50 des
réalisateurs. Désormais Hollywood lui appartient. F. Gary
Gray se lance alors dans ce projet à la fois intimiste et
grand public qu’est « Un Homme à part ». Opportunité de
diriger un acteur sauvagement charismatique : Vin Diesel.
Occasion de porter à l’écran un scénario qui alterne une fois
encore action, réflexion et introspection. Clairement sa
spécialité !
Sans être à la hauteur du Negociateur, le film a de
quoi séduire. D’abord par sa mise en scène qui fait étalage
d’une extraordinaire précision et d’une singulière opulence.
Que ce soit le Quartier Général des narcotrafiquants ou la
maison de Sean, chaque lieu, par son désordre et sa
complexité, respire la vie et ajoute à la crédibilité de
l’histoire. Une crédibilité que l’on retrouve dans
Scarface et dont s’inspire librement et
respectueusement « Un Homme à part ». La danse au QG des
narcotrafiquants, la voiture piégée, le mitraillage en règle
de l’appartement figurent parmi les scènes qui vous
rappelleront quelques unes des séquences les plus
incandescentes du film de Brian De Palma. Inutile de pousser
plus loin la comparaison, « Un Homme à part » n’est ni un
remake, ni une copie ! Avec F. Gary Gray aux commandes, le
film prend même un chemin assez particulier vascillant entre
drame intimiste, film de gang et blockbuster 100% action.
L’atmosphère quasi électrique donne au film cette intensité
et cette coloration si particulière. A tout instant, un grain
de sable, un rien peut faire s’emballer la machine. La scène
du vrai faux deal et le tabassage en règle d’un des dealers
est sans conteste le climax du film (point culminant par son
intensité et sa densité narrative). Climax auquel F. Gary
Gray donne un sens ambigu, radical, extrême même…et que la
performance de Vin Diesel transcende totalement.
Allez ! Les enfants sont couchés… on peut se lâcher deux
minutes sur la performance animale de Vin Diesel. Surnommé
Turbo Diesel depuis Fast and
Furious, Vin est une bête… la quintessence même de
l’animalité faite homme. De la trempe des Kirk Douglas, il
incarne la force… la violence à l’état pur. Repéré par
Spielberg alors qu’il fait une brève apparition dans un
court-métrage en compétition au Festival de Deauville, il est
immédiatement enrôlé pour
sauver le Soldat Ryan.
Puisqu’il le faut… Steven « Wonderboy » Spielberg crée même
un petit rôle afin qu’il puisse y jouer. Enfin quand on dit
jouer, on veut dire irradier de sa présence un court instant
le film. Puis il enchaîne les rôles et apparitions
charismatiques ; il prête sa voix au Le Géant de fer,
crève l’écran dans Les Initiés avant de
définitivement s’imposer dans la peau de l’antihéros
nyctalope qu’est Riddick. C’est Pitch Black qui l’a
fait et Fast and Furious qui
l’a propulsé dans la peau d’une star, d’un jeune
premier… mais pas n’importe lequel. Belle gueule, bon genre,
regard d’acier, muscles de braises et cette voix rocailleuse
à vous carboniser une midinette à distance… l’homme appelle
de ses voeux le fauve qui est en lui… Nom de code : faut
pas m’chauffer. Et pour le reste : voir avec son agent.
Les Hommes de main confirme son talent… mais la sortie
française littéralement sabotée (par le distributeur)
éclipsera la performance (à apprécier en DVD). On tente alors
de l’imposer dans une image de sulfureux héros. Manque de
peau ! Censure et politique des studios (qui veulent faire de
xXx une franchise) revisitent xXx pour en
faire un bon gentil petit James Bond anticonformiste mais pas
trop… il vole la voiture d’un politicien et dit des gros
mots face à la caméra… oh la la le vilain garçon… Bref
Diesel vient de gripper le turbo en tournant son premier
navet…interdit aux plus de 12 ans !
Mais l’homme a de la ressource ! A venir « Pitch Black 2 »,
sans oublier le rôle d’Hannibal, général Carthaginois qui fit
trembler Rome, dans le peplum éponyme. Sortie prévue en
2005 ! « Un Homme à part » est à l’image de Vin Diesel. Il
est celui qu’aucune catégorie ne peut véritablement ranger.
Aussi à l’aise dans l’action, que dans la guerre ou dans la
Science Fiction, cet acteur né sait tout faire, emplissant
l’écran à sa seule apparition ! Il est l’atout majeur de F.
Gary Gray, son héros, son histoire, son atmosphère même.
Alors le cinéaste oublie l’espace de quelques plans qu’il
tourne un film et s’attarde sur le sourire, la musculature et
les larmes de Vin Diesel. Plus de mise en scène, plus de
scénario, juste une caméra, un réalisateur et son acteur. On
regrette l’absence d’un De Palma lors de ces moments-là. Il
aurait permis à Diesel de se tailler la part du lion dans des
scènes à la mesure de son envergure. F. Gary Gray, lui, mise
sur la star…et son talent certain à tenir en haleine.
Malheureusement, à certains moments (je dis bien certains),
cela ne suffit pas. Plate et scolaire à certains endroits, la
réalisation se révèle ultra aseptisée, ce qui a pour effet de
rendre » Un Homme à part » moins intense, moins rythmée,
moins structurée que le Negociateur. Dommage ! On
était pourtant sur la bonne voie. Il vous suffit de garder en
mémoire le tabassage du dealer pour voir de quoi le couple
Gray / Diesel est capable. Et si le film avait été un film
indépendant…régie par aucune autre loi que celle de la
création ? C’est sûr, Scarface n’aurait été
qu’un vague souvenir…
Reste un film furieusement jouissif, rock’n’roll au possible,
avec de solides interprétations. Au programme : vengeance et
castagne. Cocktail explosif servi bien chaud… Diesel y
veille… Gray aussi… à consommer sans modération !
…et pourtant « Un Homme à part » méritait bien autre chose
qu’une édition mal ficelée. C’est franchement décevant de la
part d’un éditeur qui nous avait habitué à bien mieux que
ça ! Où sont donc passés les menus animés, les musiques
punchies, les documentaires et makings of façon
Le Seigneur des
Anneaux, les interviews, l’analyse des effets spéciaux et
le commentaire audio du réalisateur et de son équipe ?
Enfin toutes les choses auxquelles les Dévédéphiles ont
droit. Ici, c’est carrément la déche avec pour seule et
unique compensation des scènes coupées et une bande-annonce.
Pour le reste, t’as l’bonjour d’Alfred !
L’éditeur se concentre sur le soin (habituel chez lui)
apporté à l’image et au son. C’est bien mais on aurait aimé
aussi qu’il n’oubliât pas l’importance capitale des
suppléments qui sont (on ne le répétera de toute évidence
jamais assez) l’autre valeur ajoutée du DVD. Fort
heureusement, dans sa hâte, l’éditeur a toutefois pris soin
de réaliser une jaquette à peu près propre, en tous les cas
plus accrocheuse que l’affiche cinéma. Vin Diesel déguisé en
penseur de Rodin, ça ne le faisait vraiment pas…Demeure une
accroche approximative dont on aurait très bien pu se
dispenser ; « Un Homme qui n’a plus de raison de vivre a
toutes les raisons de se battre »… mouais, pas le sens
de la formule, encore moins celui du résumé… allez on passe
au film… ça vaut mieux !!!
Allez, une autre tournée de « y a vraiment rien à se mettre
sous la dent, c’est dégueulasse, je ne suis pas content » et
de « qu’est-ce que fout l’éditeur ? » ! Maintenant, tout ne
vient pas de lui non plus ! Il faut que le réalisateur
veuille bien se livrer, que les acteurs soutiennent le film,
que les producteurs prévoient un budget promotion… enfin que
la grande chaîne de la création soit respectée pour qu’il y
ait matière ! Ici, difficile de trouver matière, c’est sec de
chez sec… est-ce par manque de moyens ? Par protestation ?
Par mépris pour le support ou pour le film ? Il faudrait
demander à l’éditeur mais il est fort à parier qu’une
anguille d’au moins un bon kilomètre se cache, lovée, sous la
roche de cette édition DVD.
Scènes coupées (9’50 environ - VOST)
Montées, bruitées et d’excellente qualité, ces scènes
auraient pu / dû figurer dans « Un Homme à part ». Quel est
le massacreur de films qui a forcé le réalisateur à les
couper ? Elles sont toutes intéressantes et apportent de
pertinents éclaircissements vis-à-vis de l’action. Celle
opposant Frost et Demetrius (intitulée Demetrius est remis en
place) est même essentielle à la compréhension du film. C’est
à peine croyable qu’on puisse forcer le réalisateur à
supprimer ce genre de scènes. Le message subversif délivré
par chacune d’elles explique leur suppression honteuse. Voici
le détail :
- L’avertissement de Hollywood Jack
- Frost donne son feu vert
- Demetrius est remis en place
- Sean se recueille
- Leon prévient Sean et Demetrius
- La livraison
- La danse d’Assia
Juvénal, poète latin, écrivait ceci : « La censure
pardonne aux corbeaux et poursuit les colombes ». En
voulant à tout prix édulcorer le film, on a enlevé certaines
des scènes les plus inspirées… combien de temps encore
aurons-nous à subir le dictat de misérables corbeaux
hollywoodiens sans le moindre talent ni le moindre respect
pour les oeuvres de création ?
Bande-annonce (2’20 VOST)
Livrée avec une très belle qualité de son et d’image, vous
aurez également le choix de l’écouter en VF ou en VOST.
Toutefois, ne soyez pas surpris si vous ne comprenez rien au
sens de film après sa vision. Elle a été montée en dépit du
bon sens. Objectif premier : montrer qu’ « Un Homme à part »
est avant tout un film d’action avec Vin Diesel. Ca flingue,
ça cogne, ça explose, 2 ou 3 vannes par ci par là et roule
avec ça. Pour résumer, la bande-annonce d’ « Un Homme à part »
est un concentré de grand n’importe quoi !
Image somptueuse, compression haute gamme, tons et ambiances
du film parfaitement bien rendues…que peut-on reprocher à
cette édition DVD ? C’est simple… rien ! Du QG à la prison
en passant par le salon de massage ou bien encore l’appart de
Sean, chacune des atmosphères a été retranscrite avec
infiniment de précision de sorte que chaque « territoire »
fût bien marqué. En terrain neutre, autrement dit les
extérieurs, toujours la même qualité d’image et cette couleur
dominante qui tire sur le sableux. F. Gary Gray opte même
pour une surexposition légère à la faveur de certains plans
qui n’aident parfois pas à la compréhension de l’action mais
apporte néanmoins un petit côté documentaire nécessaire à
l’ambiance du film.
Les gunfights sont une partie essentielle du film. Rapides,
nerveux, dotés par endroit de plans à la limite du
subliminal, ils tirent pleinement avantage d’une compression
sans faille. Ni bruit, ni gel, ni pixellisation et pourtant,
ces séquences survitaminées dispensent une quantité
faramineuse d’informations. Quelle que soit la complexité et
la richesse visuelle du plan, l’image la retranscrit avec une
aisance désarmante qui fait étalage du haut degré de
professionnalisme de l’éditeur dans ce domaine.
Côté bande-son, c’est le carnage absolu ! Au point même que
vous sentirez presque l’odeur asphyxiante de la poudre à
canon (les soirs de plein lune). Encodage Dolby Digital 5.1
que ce soit pour la VF ou pour la VO mais avec la sensation
d’écouter du surroud ex. C’est bien simple, première scène,
premier gunfight et la saisissante impression de décoller du
siège vous envahit. Détaillées à souhait l’une comme l’autre,
elles vous offriront quelques injections de pure adrénaline
droit dans les veines…sensation que Negociateur
procurait mais dans une moindre mesure !
Léger avantage tout de même à la VO afin de retrouver la
vraie voix de Vin Diesel et non un doublage français aussi
plat qu’irritant. Aucun style, aucune chaleur dans cette voix
robotisée qu’on a eu la mauvaise idée de lui affubler. Si la
plupart des doublages français ne sont pas trop mal réussis,
hormis erreur de casting (exemple : Yvan Attal pour Tom
Cruise), celui-ci est clairement raté ! Pour le reste, il n’y
a aucune différence flagrante entre VF et VO.
A toutes et tous, excellente pro-jection…bon DVD !