Réalisé par William Malone
Avec
Stephen Dorff, Natascha McElhone et Stephen Rea
Édité par Sony Pictures
A tous ceux qui ont aimé le film, je tiens à réaffirmer ceci.
Encore une fois, je ne cherche ni à faire d’élitisme ni à
dénigrer le genre. L’Horreur est à mon sens tout aussi
respectable que le thriller, le drame ou la comédie.
J’exprime ici mon avis illustré d’exemples. Je ne crois pas
qu’il faille s’acharner contre un film parce que (forcément
subjectivement), on a que peu apprécié ce dernier. Vous aurez
fort heureusement un avis différent du mien. Je pense
sincèrement qu’une critique n’est pas destinée à influencer
le spectateur ou le dévédénaute à voir ou acheter le film.
Une critique doit servir une réflexion avant ou après la
vision d’une oeuvre quelle qu’elle soit. Cependant, je reste
bien conscient que devant la prolifération des films et DVD,
la critique se substitue au libre-arbitre du spectateur ou du
dévédénaute concernant le choix ou l’achat d’un film. C’est
la raison de ce préambule (que je glisserai à chaque critique
négative mais constructive) qui sonne comme une mise en
garde. J’ai mon avis sur ce film qui ne reste que mon avis.
Ayez le votre. Si certains d’entre vous tiennent à le faire
partager. N’hésitez pas !!! Qu’il aille dans mon sens ou
qu’il me soit contraire, il sera le bienvenu et comptera tout
autant que ce que je pourrai vous livrer sur « Terreur.com ».
Ceci étant dit, « Terreur.com » est typiquement le genre de
film racoleur qui pue la mauvaise série B sous ses airs
prétentieux de thrillers réfléchi à gros budget. 42 millions
de dollars ont été dépensés à faire cette immondice. Pour
qui ? Pourquoi ? On se le demande encore ! Pas une once
d’imagination, pas un brin d’originalité n’émane du scénario,
premier responsable de l’irrépressible ennui qui gagne petit
à petit le / les malheureux spectateur(s). On pourrait
résumer l’histoire tout entière sur un demi-ticket de métro.
De quoi s’agit-il ? D’un site qui héberge le fantôme d’un top
model censé avoir souffert et qui vous donne 48 heures pour
lui faire obtenir réparation… hou là là… qu’est-ce qu’on a
peur ! A mi-chemin entre le mauvais polar et le nanar
fantastique, vous aurez le choix entre poursuivre une parodie
de serial killer ou bien traquer cette peau de fantôme qui
n’en finit pas d’apparaître. Voilà… voilà voilà ! Côté
rebondissement, c’est lourd et incohérent. Côté dialogue, on
sent qu’on a affaire à une belle plume de champion. Catégorie
poids lourd le Moshe (Diamant) ! Mention spéciale aux
échanges entre le tueur et sa victime. Plats, grotesques,
sans intérêt, ils alourdissent l’histoire et ne font que
décrédibiliser le pauvre Stéphane Réa, déguisé pour
l’occasion en chirurgien psychopathe.
Quant aux autres, ils sont livrés à eux même dans le vide
intersidéral qu’est la bible des personnages (détail
présentant chacun des protagonistes de l’histoire). La faute
à Diamant qui, une fois encore, dessine d’invraisemblables
personnages sans passé, sans histoire, sans relief…bref
dont on se fout royalement. Ca vous intéresse vous de savoir
que le policier joué par Stephen Dorff a une aversion
particulière pour les virus ? D’autant que ça n’est
absolument pas le propos… alors Moshe… passe à autre
chose ! Et quand il passe à autre chose, c’est pour nous
gratifier d’une abracdabrantesque histoire de petite fille
hémophile qui a peur des couteaux. Non mais on s’en balance !
Du coup, la performance des acteurs tourne à vide puisqu’ils
ne peuvent s’accrocher à un quelconque personnage sérieux.
Arriver à autant se faire suer alors que le film bénéficie de
la présence de Stephen Dorff, Stephen Réa et Natasha Mc
Elhone, ça tient du record ! Triste, je vous l’accorde car on
aurait tellement aimé les voir interpréter autre chose que
cette pitrerie informe ! Quant à Moshe Diamant, il aurait dû
respectueusement s’en tenir aux films de Van Damme, au moins
là, en tant que scénariste-dialoguiste, il joue dans sa
catégorie.
Et puis vient le tour de la réalisation ! Grands, purs,
intenses moments de cinéma ! Logique ! ! ! Aux commandes, on
retrouve avec force déplaisir ce bon vieux William Malone,
qualifié ici par l’éditeur de » spécialiste du genre horreur
« . Pour un spécialiste, c’est un spécialiste… du sabotage de
classiques surtout. Avec en prime, dès qu’il le peut, le
traficotage de scènes copiées pour qu’on ait l’impression
qu’elles viennent de lui et qu’elles s’insèrent le plus
naturellement du monde dans son (?) film (?). Ainsi, son
Créature pompait sur
Alien, son
La Maison de l’horreur sur l’original et « Terreur.com »
à moitié sur Seven, à moitié sur
La 6ème victime, complètement sur le
Ring d’Hideo Nakata. Pourquoi pas ?
Après tout, puisqu’on se fout de l’histoire, le pompage
risque lui aussi de passer inaperçu. Je vous rassure,
l’illusion n’est toutefois que de courte durée car même si
vous ne faite pas consciemment la liaison, inconsciemment
vous aurez l’impression d’avoir vu et revu 100 fois ces mêmes
images. Les tentatives d’arrestation sous la pluie, les
gigantesques hangars vides, les apparitions de petite fille
en blanc, les suicides sous les rails du métro, les tables
d’opérations transformées en tables de torture.
Quitte à copier, autant le faire avec style. Ca se nomme
alors « un hommage ». Là, on a plutôt la sensation d’un
plagiat, qui plus est navrant. Un travail d’écolier imbécile
qui n’apporte rien ; ni à celui qui l’a fait, ni à celui à
qui ce travail est destiné. Un ouvrage bâclé, sans âme, sans
passion, achevé et monté en dépit du bon sens. Cadrages en
biais, travellings à tout bout de chant, montage
psychédélique… indices sortis du chapeau, dialogues
miséreux, effets spéciaux vulgaires. Rien à sauver si ce
n’est la lumière qui éclaire en vain cette accumulation de
plans censés terroriser…les plus jeunes. Le plus terrifiant
est que l’on donne de l’argent à des gens pour faire ce genre
de pellicule imprimée. Que Moshe Diamant pourrait un jour
réécrire et William Malone de nouveau réaliser, mobilisant
ainsi à nouveau des fonds qui auraient pu servir à John
Carpenter, David Cronenberg, Dario Argento. Ca y est, on peut
enfin avoir peur… très peur… avec un tel scénario, le
cinéma est en grand danger…
Difficile de faire grand-chose pour un film dont le titre est
« Terreur.com ». C’est même plutôt la poisse. Et encore, je
crois que le pire demeure l’affiche… comment peut-on avoir
envie d’aller voir un film en voyant une femme pisser le sang
sur un clavier d’ordinateur ? Ni terrifiant, ni repoussant,
c’est limite bizarre voire incongru et pour finir pas
franchement vendeur… on retourne le DVD et la sobriété des
images incite là aussi à l’étonnement.
Vite mettre la galette dans le lecteur DVD. Présentation
choc, menus fixes, le bleu est la couleur dominante. C’était
également celle de l’affiche américaine. Bleu
écran…pourquoi pas ? Une légère pression sur les bonus et
le DVD dévoile, en apparence, des trésors d’interactivité.
Making of, scène supplémentaire, galerie de photos,
commentaire audio…
Puis vient le film. Image et son irréprochables. L’éditeur a
déployé une attention toute particulière à la qualité du
transfert. Côté image afin de renforcer la surprise visuelle.
Côté son afin d’appuyer comme il se doit l’anxiété auditive.
L’éditeur achève un travail d’excellente facture qui saura
peut-être faire illusion et assurer à » Terreur.com » un
succès vidéo. L’éditeur, qui est l’un des pionniers du DVD, a
parfaitement compris et maîtrisé les enjeux du support.
A la lecture des bonus, on ne peut que se réjouir d’un aussi
grand nombre de suppléments. Circonspects toutefois sur le
fait qu’un tel film puisse engendrer une réflexion suffisante
pour donner matière à un making of. Mais après tout, pourquoi
pas ? Peut-être y at-il véritablement un acte de création à
la base du projet à côté duquel nous serions passés ? Que
nenni mes Seigneurs !!! Derrière de ronflantes et pompeuses
dénominations se cache de nouveau un vide intersidéral,
preuve (s’il en était encore besoin) que « Terreur.com »
n’est qu’un pur produit tout droit sorti de l’imagination
mercantile des machines à frics hollywoodienne. Démonstration
tout-de-suite maintenant.
Making of (5’07 - VOST)
Mais attention ! 5 minutes de pur bonheur pendant lesquelles
on vous explique avec le plus parfait aplomb que l’idée de
départ de « Terreur.com » n’a jamais été abordée. Qu’elle a
un fort potentiel horrifique. Que William Malone a toujours
été fasciné par la peur depuis sa plus tendre enfance. Qu’il
passe sa vie à explorer ce territoire sombre de l’âme
humaine. Que le film mêle habilement deux époques et deux
styles. Les années 30 et nos jours. Enfin que le film fait se
rencontrer deux mondes ; celui de la Science et celui du
Spiritisme et que si l’on est pas convaincu par l’un, on peut
l’être par l’autre. Ouf… quelle densité ! Tout cela en à
peine 5 minutes avec forces extraits, interviews et même un
semblant de découpage qui a la prétention de faire passer
cette featurette bancale pour un making of réflechi. Reste à
espérer que ceux qui nous assènent ce tissu d’âneries n’y
croient pas eux même. Ce serait à la fois terrifiant et
atterrant.
La scène supplémentaire (5’00 - VOST)
William Malone a eu la bonne idée d’exhumer cette scène
totalement hallucinante qui s’intitule la
champignonnière. De quoi s’agit-il ? Le réalisateur nous
l’explique en nous exposant les raisons pour lesquelles elle
a été créée et pour lesquelles elle a été supprimée. C’est le
clou du DVD. Une gigantesque parodie (volontaire ou
involontaire ?) du film « Terreur.com ». Imaginez-vous un
homme pris de divagations parce qu’il est allé sur le site de
la mort qui tue. Cette homme est gardien dans une usine de
champignons (sans doute le genre qui rend heureux) et
s’imagine que les champignons en veulent à sa vie. On vous
laisse imaginer la loufoquerie de la scène et son armada
d’hommes-champignons tous plus grotesques les uns que les
autres. Malgré une bande-son de très mauvaise qualité, cette
seule scène est un collector qu’il faut absolument conserver.
A la hauteur d’un sketch des « Inconnus ». A ne pas
rater !…
Filmographies et Galerie d’images
Si la section filmographies et ses 3 noms (Rea / Dorff
/ Mc Elhone) ne sert pas à grand-chose, celle intitulée
Galerie d’images est la vraie bonne surprise de cette
édition DVD. On y retrouve une vingtaine de croquis parmi
lesquels des captures d’écrans qui ont servi à réaliser
certains des effets spéciaux et par-dessus tout des feuilles
de storyboards. C’est assez rare pour être souligné et
encourager les éditeurs à en produire davantage. Dommage
qu’ils ne soient pas commentés ou qu’ils ne bénéficient pas
d’une comparaison avant / après, mais il est tout de même
réjouissant d’y avoir accès afin d’entrapercevoir la manière
dont les scènes ont été pensées. Pour le cinéphile, le
storyboard est l’ultime instrument de travail. Y avoir accès
est un plaisir autant qu’un privilège. Une mine d’or !
Bande-annonce (2’11 VOST)
Avec sa très belle qualité de son et d’image, sa piste-son
VOST et son rythme endiablé, la bande-annonce est un plus
très appréciable dans cette édition DVD. Elle est également
l’occasion d’apprécier la manière dont le film a été vendu.
Un soupçon d’horreur pour une bonne dose d’action et de
suspense. Une vision idyllique de ce qu’est la réalité mais
qui a l’immense intérêt de drainer l’audience 15/24 ans, en
d’autre termes le coeur de cible du cinéma. Plutôt malin !
Côté image, l’éditeur livre un travail de toute beauté avec un
piqué d’une grande élégance et d’une immense finesse. Les
contrastes entre couleurs chaudes et froides sont
parfaitement appuyés. Vous distinguerez même jusqu’aux halos
de lumière travaillés par le réalisateur. Les scènes sous la
pluie sont particulièrement bien retranscrites et le clair
obscur du chef opérateur rappelle de manière frappante (et
pour cause) celui utilisé pour
Seven.
L’appartement des allemands blafard à souhait pue l’hôpital
et la mort. L’appartement de Denise, le combat perdu d’avance
contre les forces du Mal. Le commissariat, le gigantisme
technocratique duquel émane le sordide et l’impuissance.
Enfin, l’espace de torture sent l’inhumanité et la froideur.
Chacune de ces atmosphères (si elles ne sont pas nouvelles)
ont ici le mérite de bénéficier d’un rendu impeccable qui
vous fera apprécier le travail de copiage-collage du
réalisateur.
Enfin, ni bruit, ni gel, ni pixellisation ne viendront
troubler la vision du film. Ici, la compression a été
parfaitement maîtrisée. Demeure alors un spectacle visuel
qui, s’il manque cruellement d’âme et d’originalité, reste
agréable à regarder… l’un des deux meilleurs atouts de cette
édition DVD.
Le deuxième meilleur atout de cette édition DVD est sa bande
son. Après tout, on est là pour sursauter ! Pour ce faire, le
DVD se lâche littéralement sur les basses et les aigüs. Le
jeu du chat et de la souris se transforme alors en sursautez
c’est gagné avec une mention toute spéciale aux scènes
d’apparitions, particulièrement bien sonorisées. Dans cette
édition, la machine à faire « boo » marche à plein… c’est
même ce qui fonctionne le mieux.
Elles bénéficient toutes deux d’un Dolby Digital 5.1
enveloppant, ce qui veut dire en clair que vos surrounds
seront très souvent sollicités. Vous n’avez plus qu’à
éteindre la lumière, à vous blottir derrière vos draps et à
fermer les yeux (car la réalisation contraste très nettement
avec le punch de la bande-son) et vous aurez alors quelques
bonnes sensations. A signaler égaleemnt qu’entre VF et VO, il
n’y a pas de différence notable et que le doublage français
est d’assez bonne facture.
Bonnes frayeurs, bon DVD !…