Réalisé par Marcus Raboy
Avec
Ice Cube, Mike Epps et John Witherspoon
Édité par Metropolitan Vidéo
Enfin un concept nouveau ! Enfin une comédie qui
rafraîchit grave ! Parce qu’en termes de comédies, les
studios hollywoodiens ont ces derniers temps accumulés navets
sur navets. Passés maîtres dans l’art du mélo-sentimentalo
déjà vu, ils n’ont eu de cesse de nous bombarder de scénarii
bêtifiants ; vous connaissez l’histoire du chat qui
parle ou mieux celles d’ados dans un campus ou attendez j’ai
mieux encore, celle du gars complexé qui rencontre la fille
qui lui faut, on en passe et des pires. Dans ces comédies,
produits habilement formatés puis marketés, on ose un gros
mot, parfois deux mais attention rien de trop choquant ou de
trop salé. On se bouscule, on se tape dessus même mais au
fond on s’aime bien… « tout le monde il est beau, tout le
monde il est gentil ». Il suffit d’un rien, de peu de chose
pour que tout s’arrange… Un vibrant monologue, une bonne
vieille chorégraphie sur une musique façon années 80 et c’est
le happy end. Clap de fin et au lit !
La série des « Friday » conjure le sort et nous invite à un
divertissement radicalement différent. Direction les
quartiers chauds pour une bonne vieille immersion dans le
ghetto. Pour nous guider un Ice Cube survitaminé et une
galerie de portraits tous complètement déjantés. « Friday »
frappe fort et caricature à l’extrême pour mieux déclencher
l’hilarité des spectateurs et familiariser ceux qui ne le
seraient pas avec les us et coutumes du ghetto. La série des
« Friday » reprend ainsi le flambeau d’une autre très fameuse
saga ; celle des « House Party », série malheureusement
encore inédite en France. Mais ne désespérons pas ! Pour
mémoire, « House Party » avait créée un mini séisme en
initiant avec succès le grand public à la comédie rap.
« Friday » reprend entièrement à son compte ce concept. Comme
« House Party », l’intrigue se situe dans un laps de temps
très limité ; 1 journée, celle du vendredi. Comme »
House Party », le scénario est prétexte à une avalanche de
gag sur une musique rap et R & B. Comme « House Party », la
caricature se veut satirique et taille dans le vif avec un
cynisme et une décontraction achevé. Néanmoins, « Friday » va
plus loin que « House Party ». « Friday » se moque de tout,
ne respectant rien ni personne, pas même les personnes âgées.
« Friday » est le portrait au vitriole de l’autre
Amérique ; celle que les studios préfèrent ignorer.
Derrière le rire, un douloureux constat. Celui des oubliés,
des marginalisés, des « sacrifiés de la croissance ».
Mais pas de misérabilisme. « Friday » ne s’apitoie pas. Pas
le temps ni l’envie. Pas d’ambiguïté cause d’erreur possible,
« Friday » est une comédie. S’apitoyer serait dévoyer le
genre, se lamenter équivaudrait à peser lourdement sur le
rythme. Pour fuir les ennuis, les protagonistes courent. Une
fuite en avant qu’ils soulignent par la constante recherche
de l’âme soeur. On drague, on frime mais au fond, on veut ce
que les autres ont, une copine pour fonder un foyer !
Même dans le ghetto, on a le droit de rêver ! Un rêve
sans mièvrerie… pas le temps ni l’envie de cultiver la
langue de bois. Ice Cube interprète, Ice Cube écrit et Ice
Cube produit par conséquent Ice Cube fait ce qu’il veut. »
Friday » est son « Playground » (Terrain de jeu).
Ici c’est lui (non les studios) qui fixe les règles. Il ne
montrera donc aucune pitié pour les historiettes à l’eau de
roses qui ont tendance à ne mettre en scène que les jeunes et
beaux WASP friqués censés représenter le fantasme masculin
archétypal. Dans « Friday », le héros (si héros il y a) est
plutôt bien enrobé… il est également gaffeur, délateur,
fainéant, peureux et menteur. Le parfait monsieur tout le
monde. Un héros sans héroïsme. Juste un survivant dans cette
jungle urbaine qu’est le ghetto ! Ice Cube ne se fait
aucun cadeau (si ce n’est sa partenaire). Et c’est peut-être
ce qui rend si sympathique « Friday », c’est cette
simplicité, cette franchise dans le propos qui ne cherche ni
à enjoliver le quotidien du ghetto ni à le noircir pour faire
d’Ice Cube un super-héros.
Le Meilleur des 3 épisode demeure sans aucun doute
Friday qui, en 1995, lançait le concept et surfait
sur l’indéniable talent comique de Chris Tucker
(Le 5ème Elément,
Rush Hour… ). Ajoutez à cela, la
réalisation nerveuse de F. Gary Gray (Negociateur,
Un homme à part… ), qui signait avec « Friday » sa
toute première réalisation, et vous comprendrez pourquoi la
série a immédiatement été mise sur orbite. Puis vient
Next Friday ! Plus de Chris Tucker ni de F. Gary
Gray remplacé au pied levé par un certain Steve Carr
(Docteur Dolittle 2, École paternelle… ) qui
signe également avec Next Friday sa première
réalisation. Néanmoins, scénario et rythme ne s’en trouve que
peu altérés. Logique ! Ice Cube garde le contrôle sur
cette série qu’il considère comme son enfant.
Next Friday pousse un peu plus loin la caricature et
assure le show.
Sans être indigne de la série, « Friday after next » est
l’épisode le moins bon. 3ème volet et 3ème scénariste, Marcus
Raboy peine à marcher sur les traces de ses prédécesseurs.
Trop lent mais aussi trop porté sur la caricature facile, il
semble avoir enterré ce qui faisait le sel de la série :
la satire. Résultat : on se retrouve avec un film à
sketchs un peu décousu qui cherche à tout prix l’hilarité au
prix d’une surenchère quelques fois indigeste. (Les oncles
sont carrément insupportables). Néanmoins, Ice Cube sauve le
show et l’emporte sur la réalisation somme toute simpliste un
brin grotesque. Il livre une nouvelle fois dans ce 3ème et
ultime (?) volet une version surexcitée du Buddy Movie que la
vidéo n’est pas prête d’oublier.
Cette succession de vendredis pourris fait de nous des
spectateurs heureux. Et s’il est vrai que le malheur des uns
fait le bonheur des autres. « Friday » est un concentré de
bonheur pur ! A tous ceux qui s’imaginait que rien de
bon ni d’heureux ne pourrait un jour sortir du ghetto, la
série des « Friday » est là pour les faire changer
d’avis ! Une preuve par 3… de la bombe atomique en
DVD !!!
L’éditeur a déployé des trésors d’inventivité pour rendre le
DVD aussi captivant que possible. Pêle-mêle, vous aurez le
droit aux repérages, à la visite des décors, à quantités
d’interviews, de clips, de bandes-annonces, à un bêtisier et
à des makings of comme s’il en pleuvait… .bref, la note
maximale s’impose tout spécialement en ces temps qui poussent
nombre d’autres éditeurs à la plus abjecte mesquinerie. Ici,
nulle mesquinerie mais une rafraîchissante profusion qui
montre l’intérêt particulier de l’éditeur pour « Friday after
next ».
Quant à la qualité du son comme de l’image, le travail est
tout simplement impressionnant. L’éditeur n’a lésiné sur
aucun moyen pour faire de l’édition de « Friday » une édition
d’exception (et je pèse mes mots). L’ensemble témoigne d’un
soin extrême apporté par l’éditeur jusqu’aux menus que ce
dernier a illustrés sous forme de dessins animés (rappelant
les génériques de la série). Et fin du fin, le must, le
hit : l’éditeur s’est même offert d’ajouter une piste
DTS 5.1 en français, histoire de booster la dynamique du son.
Seul mini regret, l’absence d’une piste DTS 5.1 en anglais.
Le slang version originale sous-titrée en DTS 5.1, c’eût été
le sans faute absolu !!! Néanmoins le Dolby Digital 5.1
vous permettra d’apprécier avec toute la profondeur et
l’amplitude nécessaire « Friday after next ».
Par conséquent, ce 3ème et ultime (?) DVD de la série »
Friday » constitue une totale réussite. Véritable trésor
d’interactivité, il comblera les fans de la série !
Point trop de louanges pour ce qui demeure (on le rappelle
douloureusement) une heureuse exception dans cet océan de
mesquinerie dont font de plus en plus preuve les éditeurs.
Trop occupés à rentabiliser leur catalogue et à comprimer les
prix, ces derniers oublient souvent le caractère interactif
du support. Ca n’est heureusement pas le cas de Seven 7 qui
livre (comme à son habitude) un DVD complet rempli de bonus
en tous genres. De qui ravir fans de la série et dévédévores
attirés par des titres portés par une avalanche de
suppléments. Chaussez vos lunettes, nous plongeons tout
schuss dans cette poudreuse de bonus :
Making of (16’58-VOST)
Compte tenu de la durée, il va falloir faire vite. Expliquer
tout ce qu’il y a à expliquer en un minimum de temps. Peu de
technique, beaucoup de généralités et c’est ce que ce making
of tente de faire dans une première partie par ailleurs fort
inintéressante. Les acteurs paraphrasent le film, expliquent
leur rôle, se congratulent… bref, vous n’apprendrez rien que
vous ne sachiez déjà sur « Friday after next ». Et puis vient
le tour du scénario et de la réalisation. On y voit Ice Cube
diriger les acteurs et le réalisateur prendre ses
instructions auprès d’Ice Cube. « Friday after next » montre
son vrai visage : une succession d’improvisations
orchestrées par Ice Cube autour d’un scénario prétexte. Ni
Ice Cube ni le réalisateur ne s’en cache. Leur franchise les
honore et suscite grandement l’intérêt. Un making of
inhabituel à voir !
Les Lieux de tournage (8’46-VOST)
Principal interviewé, le directeur artistique, Colin de
Rouin, très prolixe sur son travail. La précision avec
laquelle il décrit l’ouvrage force l’admiration. Par de
nombreuses anecdotes, il fait vivre chacune de ses
descriptions. Néanmoins, on aurait tout de même souhaité
quelque chose de plus fouillé, croquis et images vidéo à
l’appui. Savoir comment se sont passés les repérages, qui les
a effectués, quels autres lieux ont été sélectionnés, quel a
été le visage des commerces avant et après le passage de
l’équipe. Malheureusement, le documentaire se contentera
d’effleurer ces différents points. L’ensemble reste au niveau
de la discussion sur tel ou tel choix artistique ce qui en
fait de ce supplément un bonus sympathique mais pas
transcendant.
Autour du film : 4 documentaires (38’
environ-VOST)
4 « mini » documentaires qui complètent le making of et
développent un aspect essentiel à la fabrication de « Friday
after next ». Voici le détail :
- « L’art de l’impro » : le plus passionnant
- « Le succès de la série Friday » : très intéressant
- « Les costumes du ghetto » : plutôt bien illustré
- « Le barbecue de l’Oncle Sam » : dispensable
Scènes coupées (16’05 - VOST)
Montées, bruitées et d’excellente qualité, ces scènes
auraient pu figurer dans le film. Cependant, certaine aurait
alourdies le propos et le réalisateur s’est donc abstenu de
les intégrer, ce que l’on peut aisément comprendre. Certaines
apportent quelques éclaircissements intéressants sur le mode
de vie de nos deux compères ainsi que sur le personnage de
Damon. Toutes sont accompagnées d’un commentaire audio qu’il
vous est possible de retirer. Vous pourrez les visionner une
par une ou toutes ensemble. Voici le détail :
- Après la visite de Mme Pearly
- Comment faire avec Damon ?
- Mr Johnson
- Damon s’éclate
- Donna se fait gronder
- La poursuite
- L’armure de Damon
- Chez Mme Pearly
- La fin alternative
Le Bêtisier (6’22-VOST)
Bonne ambiance avec beaucoup de fous rires et de dialogues
oubliés. Un bêtisier qui ressemble à beaucoup d’autres mais
qui a le mérite de montrer le talent de comédiens de certains
acteurs. A voir !
Le vidéo clip + le making of du vidéo clip (7’30
environ-VO)
Réalisation soignée, bon son et surtout belle image pour une
interprétation signée Ice Cube. Une section particulièrement
bien réussie !
Bonus caché (2’50-VOST)
Deux bonus cachés : Le premier est la première de Friday
after next avec les acteurs, le réalisateur et quelques
personnalités invitées. Le second est la recherche
vestimentaire pour le personnage de Mike le Mac. A vous de
les trouver !
Les bandes-annonces
Bandes-annonces de tous les épisodes de la série ainsi que
les teasers en VF et VOST. Malgré leur qualité plus que
douteuse, leur visionnage est un pur régal !
« Friday » est un kaléidoscope de couleurs chamarrées.
Essentiellement des couleurs chaudes. Pas facile de suivre
pour une édition DVD puisque ce sont principalement ces
couleurs qui posent problème quant à leur remplissage et leur
délimitation. Tout simplement parce qu’elles ont une fâcheuse
tendance à baver lorsqu’elles ne sont pas assez bien
encodées.
Ici aucun risque, l’encodage est d’une précision diabolique
avec tout ce qu’il faut de contraste pour que ces couleurs
puissent sauter au visages du spectateur. L’intérieur de
l’appartement de Ice Cube ou bien encore le magasin de
vêtement de Mike le mac mettent en exergue le travail
concernant contraste et lumière. La gestion des rouges,
rouges clairs, rouges foncés ou bien du jaune et du bleu côte
à côté est tout simplement éblouissante. L’image est vive et
chaleureuse et sied particulièrement bien au ton de la
comédie.
Exit les défauts de compression, les arrière-plans imprécis
et les contours floutés. Difficile même de repérer certains
défauts inhérents à l’absence de profondeur de champ d’une
réalisation décidément trop plate. Marcus Raboy filme »
Friday after next » comme il filmerait un feuilleton TV.
Néanmoins, le DVD offre une telle profusion de détails en
arrière-plan qu’elle semble plusieurs fois rattraper une
photo en 2 dimensions. C’en est troublant ! Quoi qu’il
en soit, l’éditeur s’est attaché à offrir une qualité d’image
vraiment exceptionnelle. Ca se voit, « Friday after next »
est du très bel ouvrage !
Pas la peine d’ergoter non plus en matière de son, prévenez
vos voisins « Friday after next » est une explosion sonore
mélodieusement tonitruante. Surdynamisation des basses
balançant régulièrement graves et infagraves mais aussi
présence des aigus, la piste-son de « Friday after next » a
tout pour vous séduire et attirer toute votre attention.
D’autant qu’elle mixe effets sonores comiques et bon son de
quelques uns des rappers les plus en vogue incluant bien
évidemment la prestation d’Ice Cube en personne.
Dolby Digital 5.1 et DTS 5.1 en français. Dolby Digital 5.1
uniquement en anglais. Evitez tout de même la piste française
qui n’offre qu’un doublage approximatif et privilégie les
voix au détriment de l’ambiance. Préférez lui la piste VO qui
fait un peu moins dans le clownesque et un peu plus dans la
finesse. La comédie n’en sera que plus légère !
La BO de « Friday after next » fait le reste. Bien mise en
valeur par l’éditeur, elle est le point d’orgue de la
piste-son. Elle illustre avec punch des scènes d’actions
rapides et donne au film une énergie dont bien peu de
comédies peuvent se targuer. C’est dans ces moments là qu’on
sent la différence entre la stéréo et le 5.1. Une différence
que sentiront également vos voisins.
A toutes et tous, bon vendredi… en DVD !