Réalisé par David Lynch
Avec
Francesca Annis, Kyle MacLachlan et Sting
Édité par Opening
Film culte parmi les films cultes, Dune n’est pourtant pas
arrivé à ce statut dès sa sortie. Non, il fait partie de ces
films qui ont construit leurs carrières au fil des rediffusions,
et des exploitations en vidéoclubs. Alors Dune est-il un
mauvais film récupéré par une bande de fanatiques ? Certainement
pas ! Bien sûr, les effets spéciaux ne sont pas tous réussis,
bien sûr, ceux qui connaissent si bien l’oeuvre de Frank Herbert
ont été déçus par le manque d’ampleur de certaines scènes…
mais voilà, malgré le gigantisme de la tâche, David Lynch a
tout de même bouclé une adaptation qui tient la route et qui livre
son lot de splendeurs.
Et c’est bien cela qu’il faut retenir. Malgré une production chaotique
et des divergences artistiques fortes, Lynch a été jusqu’au bout et
a montré qu’effectivement, d’une façon ou d’une autre, il est
possible d’adapter le chef d’oeuvre de Frank Herbert.
Même si la télévision a tenté de s’emparer de la saga, le résultat
ne fut pas forcément à la hauteur non plus sur toute la ligne, malgré
de très bonnes idées.
Alors avec les moyens techniques du moment, on se prend à rêver
qu’un jour, un réalisateur de la trempe de Peter Jackson prenne son
courage à deux mains et transforme ces centaines de pages en une saga
cinématographique démesurée. Après tout, le Seigneur des Anneaux a livré
son dernier combat, Star Wars semble arrêté pour un moment et le vivier des
super héros de bandes-dessinées sera bientôt épuisé… A part l’univers
d’Asimov à peine effleuré dans « I, Robot », ils sont peu nombreux ceux
pouvant se targuer d’une telle vastitude et d’un tel potentiel narratif.
En attendant, la vision de Lynch restera pour un moment encore
un pilier de la science-fiction.
Classe et sobriété sont les maîtres mots de cette édition. Dans leur digipack monolithique noir, les 3 DVD vous attendent plein d’étoiles et proposent des menus sobres et sonorisés dans l’esprit Lynch. Les sous-titres auraient pu être plus bas dans les bandes noires et le chapitrage n’est pas proposé dans le boîtier. On aurait aimé également un livret photos mais je chipotte…
On sera curieux de voir ce que les américains auront trouvé
à placer dans leur édition tant celle-ci regorge déjà de tout
ce que l’on pouvait souhaiter, ou presque…
Gigantesque bonus, la version TV du film et ses 3 heures
8 minutes est un véritable coffre au trésor à elle toute seule.
L’explication est simple : même si vous pouvez tout de suite
oublier la qualité des images (charcutées en 4/3) et la narration
un poil pénible à grands coups de voix off et de d’illustrations
très moyennes, ce ne sont pas moins que 22 scènes inédites ou
alternatives qui sont enfin accessibles ici pour la France (un
DVD existait en Angleterre). Un total de plus de 40 minutes
sans compter l’interminable prologue et les génériques (cette version
TV est en deux parties). Les fans du livre trouveront ici des
éléments familiers comme Gurney jouant de son instrument ou même
la noyade d’un jeune ver des sables pour la fabrication de l’eau de
la vie. Mais je vous préviens, le visonnage de cette version dans son
intégralité est assez pénible…
Le troisième DVD propose un mélange d’interviews récentes apportant leur
lot d’anecdotes et d’éléments d’archives d’époque, le tout proposé en 6
parties :
L’adaptation revient sur le côté « film maudit » et surtout sur la
version à jamais perdue de Jodorowsky. Une galerie de dessins préparatoires
ferme cette partie. Il est dommage de ne pas trouver ici au moins quelques
extraits du fameux stroyboard de Moebius dont il est question dans le 2ème
documentaire.
Le tournage est composé d’une featurette d’époque montée à partir des
images de ce qui aurait dû être un making of gigantesque. Mais l’échec
commercial du film à sa sortie a condamné ce projet. Il reste donc quelques
images d’archives, pour la postérité et pour le souvenirs de Frank Herbert
que l’on voit ici à la fin de sa vie.
En complément de cette featurette, une galerie de photos de tournage
offre quelques images rares supplémentaires.
David Lynch propose une courte interview datant de 1985 au
moment de la sortie du film. Lynch y parle de certains aspects du
tournage sans pour autant livrer quoi que ce soit de très intéressant…
Pour ceux qui ne connaissent pas encore toute l’oeuvre cinématographique
et télévisuelle de David Lynch, une filmographie est également présente
dans cette section.
Les scènes coupées ne propose pas les scènes coupées puisqu’elles
sont toutes répertoriées ou presque dans la version TV du 2ème DVD.
Cependant, la galerie photos de cette section jette un oeil sur 2 ou
3 scènes définitivement écartées. Dans cette même section, le très
intéressant Qui est Alan Smithee livre toutes les anecdotes
nécessaires pour comprendre pourquoi la version TV est signée de cet Alan
Smithee et non de David Lynch.
La promotion propose le lot habituel de bandes-annonces et autres
galeries de photos, affiches et produits dérivés.
La restauration ne s’attache qu’au son et c’est bien dommage !
La démonstration sonore est certes intéressante, mais elle n’est que l’un
des aspects de la résurrection du film. Et tant qu’à faire, plutôt qu’une
simple démonstration, une véritable explication sur ce travail de fourmi
aurait été bien plus intéressant.
Et bien si l’on fait le calcul, on se retrouve au final avec une toute
petite heure de bonus sur le 3ème DVD et 40 minutes réellement intéressantes
sur le 2ème. Le travail d’Opening est évidemment fort louable, mais l’on
reste quelque peu sur sa faim.
Même dans les salles de cinéma en 1985, il n’est pas certain qu’on ai pu assister à pareil spectacle. Je n’irais pas jusqu’à dire que vous pourrez compter les grains de sable à la surface d’Arrakis, mais bon sang ce que c’est beau ! A part certains effets spéciaux qui trahissent encore l’âge du film, les images de cette remastérisation sont à tomber par terre. Précises, contrastés, lumineuses, colorées juste comme il faut… ce n’est plus un lifting, mais une véritable cure de jouvence pour ces images dont nous ne pouvions soupçonner l’éclat jusque là.
Et bien là aussi, quel travail extraordinaire ! La VO bénéficiait déjà d’un mixage 5.1 sur l’ancienne version zone 1. En Dolby Digital, cette piste donne déjà une belle ampleur au film avec des arrières plans sonores plus fouillés. Mais c’est en DTS que tout éclate ! Musique, dialogues, bruitages, … tout y est à l’aise et à sa place. Une véritable redécouverte du film. En français aussi, c’est la redécouverte totale ! Car le mixage 5.1 a dû être entièrement généré à partir d’une source plutôt « plate ». En Dolby Digital, ce nouveau mixage est déjà convaincant mais une fois de plus, c’est le DTS qui prend l’avantage avec une scène sonore bien plus fouillée. Mais encore une fois, que ce soit pour la richesse de la bande sonore ou pour la véracité des dialogues, préférez la VO sans l’ombre d’un doute.