Réalisé par Hironobu Sakaguchi
Édité par Sony Pictures
Un rêve qui n’en est pas un, mais le souvenir d’un monde
anéanti. Une humanité retranchée dans des abris-bulles, dans
un monde ravagé par des fantômes ectoplasmiques… Une fille-
savant, qui détient en elle le secret du mal qui hante les
mondes, et qui peut faire régner la paix à nouveau.
Surprise, le long-métrage en CGI photo-réaliste le plus cher
et le plus accompli à ce jour, est un conte… métaphorique.
C’est d’ailleurs ce qui lui a valu un bon succès critique, et
sa propre perte au box-office. Drôle de destin : tout comme
« Tron » à son temps, « Final Fantasy » explose l’équation
innovation pure/ratage économique.
Square Picture en a payé le prix fort, avec l’arrêt de son
Studio hi-tech et de ses productions cinématographiques. Mais
de ces cendres, un pur OVNI a vu le jour, un film qui fera
office de référence, qui hantera les souvenirs des cinéphiles.
Bref, un film qui restera.
Avec sa quête spirituelle, « Final Fantasy » incarne la
transposition la plus accomplie d’une saga des jeux vidéos sur
grand écran, une aventure qui sait distiller de l’émotion dans
son univers virtuel. Une quête au féminin avec sa propre
déesse, une Aki Ross qui a fait et fera battre de millions de
coeurs réels.
La seule chose conventionnelle dans « Final Fantasy », est son
packaging. Un boîtier 2 disques digipack avec fourreau, certes
réussi, mais sans les effets spéciaux qu’on aurait pu imaginer.
Columbia cache bien son jeu, et vise tout sur le contenu. Et
quel contenu ! Mis à part quelques « ultimate », ce sera
difficile de faire mieux, avant les DVD à laser bleue…
Bref, découvrir et chérir « Final Fantasy » est un peu comme
aller à la messe. A travers ses versions work-in-progress, ses
featurettes, les commentaires et les bonus cachés, ce DVD
représente le trait d’union parfait entre les pixels des jeux
vidéos et ceux de la vidéo numérique.
Des défauts dans ce tour de force ludique, orchestré par les
menus 3D de Square ? Nous n’en voyons qu’un seul : l’absence
du jeu « Final Fantasy X » pour PS2 dans le lot.
Vous voyez « Guerre et paix » de Tolstoï ? Le fait de décrire et
décrypter l’intégralité des bonus de ce double disque, nous
emmènerait à un kilométrage d’encre numérique comparable. Nous
allons donc présenter cet univers de suppléments (tous sous-
titrés, hormis ceux indiqués diversement) par thème.
Commençons par le disque 1 :
Final Fantasy « fini », ou Final Fantasy work-in-
progress ?
Pour laisser à César ce qui est de César, ce double choix
n’est pas une nouveauté. Le premier dans ce domaine fut
Disney, qui présenta aux temps des temps la version « work-in-
progress » de La Belle et la Bête au Festival de
New York, et quelque temps après, dans un LaserDisc (toujours
ultracult).
N’empêche, le choix de visionner la version finale et
l’inachevée, reste l’un des atouts du disque. Etant plus
courte de 25’ du montage « standard », cette dernière est codée
sur des fichiers séparés, ce qui empêche le zapping d’une
version à l’autre en temps réel. Très instructif… pour
s’apercevoir d’un des limites technologiques du DVD Vidéo.
Final Fantasy « factoidisé » ou « commentarisé » ?
Le réalisateur ou le directeur de l’animation ? Le compositeur
ou la B.O. isolée ? Columbia tout le monde d’accord, et
installe pas moins de trois commentaires audio pour le
film, intégrés au montage original ou inachevé selon les cas !
Le premier (co-réalisateur et équipe) est de longue le plus
important du lot, avec une myriade de détails en anecdotes sur
la conception et mise en boîte de ce jouet très coûteux.
Puisqu’il est entièrement en japonais (sous-titré, bien
sûr !), Columbia a senti qu’il lui fallait une piste anglaise
pour des raisons commerciales. C’est la raison d’être du
deuxième commentaire (directeur de l’animation & C), qui
s’avère beaucoup plus plat du précédent. Dans le troisième, la
B.O. isolée (en 2.0) et les propos du compositeur Elliot
Goldenthal s’alternent harmonieusement, avec des explications
très « spirituelles » sur la conception de certaines mélodies.
La factoidisation de « Final Fantasy » (uniquement sur la
version inachevée, dommage..) est un peu le formatting du film
à la sauce VH-1 : une foule d’informations contextuelles et
anecdotiques autour du film (avec nommage exact des scènes en
prime). Personnellement, on adore. Et si vous êtes à l’énième
projection de l’inachevé, rien n’empêche de le parcourir en
avance rapide..
Autres charmes du disque 1
Petit détour d’urgence pour la (courte) galerie animée
d’Aki Ross en tenues plus ou moins légères (à l’origine en
bonus caché sur le Z1). Et pour ceux qui aimeraient en voir
davantage, pas de craintes, il y a pas mal d’images détournées
sur le Net..
Le DVD offre également le teaser et la bande-annonce de
« Final Fantasy » (en 16/9 et 5.1), le film-annonce du anime
« Metropolis », et celui de « Spiderman » (sans les Tours
Jumelles).
On passe maintenant au disque 2 :
Columbia tient vraiment à son documentaire de 31’. Elle
y tient à un point que le disque nous arrache automatiquement
du menu principal, pour nous positionner directement sur
l’écran d’accueil du making of. Puisque elle insiste, allons-
y…
Plus que pour les contenus en soi, ce document brille pour sa
structure en boîtes chinoises. Il peut (et doit) être visionné
avec un mode simil-lapin blanc, qui rappelle à l’écran 17
séquences contextuelles (pour un total de 37’ additionnels),
avec des explications appuyées sur la modélisation des
personnages et des autres éléments visuels du film. Mais ce
n’est pas tout ! Car les 17 séquences disposent - elles aussi
- de leur propre commentaire audio complémentaire. Inoui…
Maintenant qu’on a accompli notre devoir, ils restent les
bonus « conventionnels » :
Encore plus de « Fantasy »
Comme son nom l’indique, Final Fantasy inachevé 2 est
une filiation du work-in-progress du disque 1, avec 2 minutes
additionnels d’autres scènes et chantiers du film. On monte en
puissance avec la Séquence d’ouverture alternative de
5’ : une séquence qui fut abandonnée, car le public avait
l’impression qu’Aki venait d’un autre monde..
Encore plus fort, Le rêve d’Aki. Si vous avez vu le
film, vous savez que la découverte du dernier esprit et de
l’essence des fantômes, est liée aux fragments d’un rêve du
personnage principal. Square remonte les bouts dans une
séquence complète de 9’ environ (et en 16/9 et en 5.1)… qui
est au passage l’un des seuls bonus en VO non sous-titrée -
pas très grave, car les dialogues sont rares..
Aussi étrange que cela puisse paraître, « Final Fantasy »
dispose aussi de son bêtisier (2’). Même si les images
sont essentiellement en fil de fer, ne pas le rater sous aucun
prétexte, car deux ou trois bloopers sont vraiment très
tordants.
Encore plus de Making of
Le documentaire interactif ne suffit pas ? Le deuxième disque
offre bien davantage. L’élaboration des graphismes et
les Explorations artistiques (respectivement de 8’ et
6’) sont là pour offrir des détails complémentaires sur
l’apport des images de synthèse, mais aussi des peintures et
finitions à la main. Le duo est très intéressant, mais il
aurait presque valu réunir les deux dans un seul documentaire.
Attention au Projet Gray ! Il s’agit en quelque sorte
de l’examen d’admission de « Final Fantasy », ou plutôt d’un
court-métrage de 5’ (qui n’a pas grand chose à voir avec le
« Fantasy » final), pour prouver aux investisseurs - et à Square
elle-même - que les avancées technologiques permettaient de
réaliser un long-métrage en CGI photo-réaliste… Un essai
datant de 1998, à voir et admirer…
Galeries artistiques
Comme nous sommes en train de parler de « Final Fantasy », mêmes
les bancs d’images et autres filmographies se doivent d’être
hors du commun. Exit les écrans fixes donc, et enter les
fiches d’identité virtuelles : 7 en tout - une pour chaque
personnage-clé (de 1’19” à 2’55”), avec un mélange savant
d’infos ludiques, tests de modélisation et répliques des
acteurs qui prêtent leur voix.
Et - histoire de ne pas faire des malheureux - il y a aussi
des ID pour les 3 principaux véhicules virtuels : le
« Bandit », le « Black Boa » et le « Quatro ».
Faux bonus caché
… Ou quand Aki et sa gang prennent des allures à la Michael
Jackson dans « Thriller ». Tout est dit.. Quoi qu’en dise
Columbia, il ne s’agit pas d’un bonus caché, car il suffit de
cliquer sur son icône bien visible, tout au fond de la page 2
des bonus..
Vrais bonus cachés (tous sur le disque 2) :
1 - Splash screen du documentaire, gauche, haut et enter.
L’idéogramme bleu donne accès à un court essai (moins d’une
minute) de modélisation du visage d’Aki.
2 - Splash screen du documentaire, gauche, bas et enter. Le
pictogramme à droite donne accès au story-board animé de la
séquence du restaurant, jamais tournée.
3 - Fiches d’identité virtuelles, droite, gauche, enter (à
partir de retour)… et le pictogramme des pieds qui paraît
nous conduit vers les story-boards d’une autre (très courte)
séquence supprimée.
4 - Fiches des véhicules virtuels, droite, droite en enter
(toujours à partir de retour). Le pictogramme étoilé nous
ouvre les portes d’un clip promo de 2’ (et en 16/9) sur les
différents véhicules et hardwares du film.
5 - Direction la page des contenus DVD-Rom. On monte, on
tourne à droite, on donne enter, et le pictogramme de
l’explosion donne accès à une bande promo sur la
conceptualisation de l’attaque final à l’entité-aliène.
DVD-Rom :
Le visionnage requiert Quicktime 5 (inclus dans le DVD). Et il
le requiert à un tel point qu’il empêche les utilisateurs
d’annuler la fenêtre d’installation… à moins de donner un
bon coup de Ctrl+Alt+Supp (les bonnes manières triomphent
toujours..). Les différents goodies de cette section
comprennent une visite virtuelle des studios Hawaiiens
de Square, le scénario intégral du film (en anglais),
et les habituels économiseurs d’écran et liens Internet.
Alors là, on s’agenouille et on remercie le Ciel d’être
vivants.. Un transcodage direct de la source numérique vers le
DVD, une fluidité et un piqué impressionnants, et même un
minimum de flou artistique (voulu) pour faire plus vrai que
nature. Cela s’appelle être au sommet de son art.
Une contre-épreuve ? Nous avons également visionné des
extraits du DVD dans un cinéma des Champs-Elysées, avec
vidéoprojecteur-arme ultime, vidéo progressive et tout le BA :
pour faire mieux, soit on prend un SuperBit, soit on attend
l’HDTV. C’est aussi simple que ça.
Renversant ! Que ce soit en VF ou en VO, la dynamique et les nombreux effets feront vibrer les salons… des voisins à 3 km. On imagine ce qu’il aurait donné une piste DTS, mais bon, on ne peut pas tout avoir dans la vie.