Réalisé par Paul W.S. Anderson
Avec
Jason Statham, Joan Allen et Ian McShane
Édité par Universal Pictures Home Entertainment
L’idée du film est vaguement inspirée de La Course à la mort de l’an 2000 (Death Race 2000)
(ré-édité en DVD une semaine avant la sortie du remake) que
je n’ai pas vu, réalisé en 1975 par Paul Bartel, connu pour
une centaine de rôles, principalement pour la télévision et
pour la direction d’une bonne douzaine de films ou téléfilms.
Paul W.S. Anderson, également auteur du scénario, se limite à
reprendre les deux personnages principaux, Frankenstein et
Machine Gun Joe Viterbo, placés par Paul Bartel dans le
contexte différent d’une course transcontinentale.
Le pré-générique met tout de suite dans l’ambiance avec une
séquence de la fin de la course. Le film touche à plusieurs
genres, courses de voitures, univers carcéral, violence et, à
plus faible dose, guerre avec sa profusion d’armes lourdes.
La réalisation est aussi musclée que les pensionnaires de
Terminal Island, body-builders coriaces, au diapason d’un
accompagnement de hard-rock, techno et rap. La caméra,
complètement frénétique pendant les scènes de course avec ses
plans excessivement courts, se pose et s’assagit dans les
autres scènes, avec quelques plans séquences bien maîtrisés,
répits dont nous profitons pour nous reposer les yeux (et les
oreilles) avant que ça ne reparte pour une autre randonnée à
tombeaux ouverts.
Le casting est judicieux. Jason Statham, est à l’aise dans la
peau de Jensen Ames/Frankenstein, mauvais garçon repenti qui
retrouve toute son agressivité dès qu’on lui marche sur les
pieds. Joan Allen, vue récemment dans La Mort dans la peau,
puis La Vengeance dans la peau, avec son gros calibre
pointé sur une partie très sensible de l’anatomie de Jason
Statham, se surpasse dans le rôle de l’exécrable et
machiavélique directrice de la prison, avec une conviction
qui pourrait lui valoir d’accéder au panthéon des « nasty
bitches » (ou sales garces), aux côtés de la Glenn Close de
Liaison fatale ou de la Jessica Walter dans
Un Frisson dans la nuit. Pour les seconder, une galerie
de « gueules » qu’on aurait guère envie de croiser sur un
trottoir, dont l’inquiétant Robert LaSardo, reptilien, qui ne
laisse voir ici qu’une toute petite partie émergée du tatouage
qui lui recouvre tout le corps (vous vous souviendrez sans
doute de lui dans son incarnation de l’inoubliable Escobar
Gallardo, le trafiquant colombien de la première saison de
Nip/Tuck). Sans oublier une jeune
bomba latina dont c’est la première apparition sur le grand
écran, Natalie Martinez, la très sexy navigatrice de
Frankenstein, généreusement pourvue de tous les accessoires.
Dans le casting, il ne faut pas oublier la Mustang de
Frankenstein, ni les autres voitures, des américaines des
années 70 et 80 « customisées » dans un délire de plaques
d’acier, de pare-chocs agressifs, d’armes automatiques et
d’autres gadgets létaux, machines monstrueuses qui feraient
bien passer les bolides rugissants de Mad Max pour de
peinardes berlines familiales. Le summum est atteint avec le
dreadnought/cuirassé, un gigantesque camion-citerne, une
sorte d’effrayant coléoptère qui crache la mort et le feu par
tous les orifices de son blindage.
Il y a dans ce film du Ben Hur (dont une ré-édition est
annoncée pour juin 2009), du Rollerball de Norman Jewison avec
cette course sans foi ni loi dont sortira vainqueur celui qui
aura su tuer tous ses concurrents. Une réalisation très
professionnelle fait de ce film de genre un bon divertissement.
C’est probablement la meilleure réussite de Paul W.S. Anderson,
au-dessus du discutable Resident evil.
Laissez-vous aller : tournez la clé de contact et appuyez
comme un fou sur le champignon ! (Mais pas quand vous êtes
sur la route, comme le rappelle - utilement ? - un carton)…
De beaux menus Universal désormais familiers, dans des
tonalités bleu métallisé, qui assurent une navigation sereine
parmi un foisonnement d’options : 7 langues pour les menus et
le son, 14 langues pour les sous-titres (qui gagneraient à
être à cheval sur la bande noire inférieure), 20 chapitres, un
temps d’accès au menu principal réduit par la possibilité
d’utiliser la touche « suivant » pour faire aussitôt disparaître
les trois avertissements usuels (copyright et distance prise
avec les commentaires des créateurs).
Le U-Control est toujours présent, avec pistes « Picture in
Picture » avec trois niveaux de volume sonore,
possibilité de sélectionner ses scènes favorites en insérant
des marqueurs…
Boîtier Blu-ray classique.
Vous pouvez, si ça vous inspire, guidé par des instructions
claires, créer votre montage personnel d’une séquence de
course à partir d’un choix de 7 angles de prise de vue
défilant sur des moniteurs, puis ajouter vos propres
commentaires, avant de partager le résultat en ligne avec
d’autres fans (avec un lecteur 2.2 et les connexions
adéquates).
De plus, deux documentaires, « Faites chauffer les moteurs »
(20 min.), et un trop court « Sous le capot, dissection des
cascades » (8 min.) nous font entrer dans les coulisses du
tournage, sans nous épargner toutefois les trop fréquentes
banalités et auto-congratulations souvent coutumières de ce
genre de bonus.
Plus intéressants sont les commentaires du film par Jeremy
Bolt, producteur et par le réalisateur et par Paul W.S.
Anderson, réalisateur et co-producteur, quand ils ne se
cantonnent pas à l’évocation de menues anecdotes.
Tous ces suppléments sont en VOST aux formats 16/9, SD 480i
et DD 2.0 pour le son.
L’option U-control offre deux options :
- Picture in picture (avec trois niveaux de volume sonore),
commandant l’ouverture, de temps à autre, d’une fenêtre sur
le tournage du film (maquillage, prises de vue, commentaires
du réalisateur, etc.)
- possibilité d’afficher à tout moment la liste des coureurs,
à leur fiche d’identité avec la liste de leurs crime, à leur
palmarès au volant (avec mise à jour de leur score en temps
réel tout le long du film) et aux caractéristiques techniques
de leurs véhicules.
Un encodage sans défaut, même pour les scènes tournées dans des conditions exigeantes, dans l’obscurité, avec fumées et jets de vapeur. Hormis pour les nombreuses explosions, les couleurs sont intentionnellement froides et désaturées comme il sied à l’univers minéral du film (ni arbre, ni le moindre brin d’herbe, dans l’espace industriel de Montréal choisi pour le tournage !). L’image, toujours très lisible, bénéficie d’un franc contraste.
Mettez les gaz, mais de préférence en profitant du week-end où
votre voisine du dessous sera partie dans sa province rendre
visite à ses parents. Si le doublage français offre un honnête
DTS 5.1 (à quand la HD sur des films américaines pour la VF ?),
ce n’est que de la petite bière en comparaison du
déchaînement de la version originale DTS-HD Master Audio,
dynamique en diable dans tout le spectre sonore, des
super-graves qu’on sent dans le dos du fauteuil aux suraigus
qui nous percent le tympan. Rien de tel que les moteurs
vrombissants, le crissement des pneus, les chocs d’acier
contre acier, le crachement des armes et le souffle des
explosions pour faire exulter votre installation multi-canal.
Et tout ça avec une irréprochable netteté et une
époustouflante spatialisation.
Le seul petit bémol que j’ai relevé est une désagréable
saturation des graves aux toutes premières secondes du
chapitre 7.