Réalisé par John Landis
Avec
David Naughton, Griffin Dunne et Jenny Agutter
Édité par Universal Pictures Home Entertainment
John Landis, 30 ans au moment du tournage de ce film, avait déjà beaucoup fait parler de lui avec ses trois premiers films, « Schlock », sur les amours compliquées entre une sorte de primate et une jeune aveugle (disponible au Royaume Uni), puis avec Hamburger Film Sandwich, une série de sketches plutôt crus, puis American College, suivi de The Blues Brothers.
L’esprit potache qui marque les trois premiers films infuse encore « Le Loup garou de Londres », truffé de gags et de répliques humoristiques, par exemple quand David, venant de découvrir sa malédiction, pour se faire arrêter par un « bobby » trop placide, finit par hurler, au beau milieu de Trafalgar Square : « Queen Elizabeth is a man! » ; cet humour perdure jusqu’à l’extrême fin, quand l’avertissement usuel « toute ressemblance avec (…) serait pure coïncidence », qui devient « Any similarity (…) to any living person, dead or undead… ».
Il s’agit pourtant d’un classique du film d’horreur sur un scénario bien écrit, par John Landis lui-même, enrichi par la brève, mais intense, histoire d’amour entre David et Alex, la belle infirmière interprétée par Jenny Agutter, héroïne de « L’Âge de cristal » (Logan’s run, uniquement disponible à la Fnac en DVD ; Warner, à quand une distribution en France et sur Blu-ray ?). Les moyens mis à la disposition de John Landis lui ont permis de recruter de bons acteurs, de tourner de nombreuses scènes en extérieur, notamment à Londres, et de confier les effets spéciaux et le maquillage à l’un des meilleurs, Rick Baker, qu’il connaissait depuis « Schlock ». La douloureuse transformation de David en lycanthrope, à 59’, est saisissante. Le grondement du monstre, synthèse de celui de plusieurs animaux, devrait bien pouvoir vous hérisser le poil quand il résonne dans les couloirs déserts du métro.
Ce film, tant pour ses qualités que pour le soin apporté à cette nouvelle édition, pourra prendre fièrement sa place sur vos étagères.
Boîtier bleu traditionnel ; la jaquette reprend la tête du loup-garou qui figurait sur toutes les éditions précédentes, depuis 2001. Menu-type Universal, fonctionnel, sans problèmes.
Joli contraste avec les rééditions Universal sorties le même jour sans une once de bonus. Cette fois, on a mis les petits plats dans les grands pour vous servir plus de deux heures et demie de suppléments, plutôt intéressants, particulièrement en ce qu’il décortiquent les effets spéciaux.
1. Beware the Moon
Ce documentaire de 98’ réalisé par Paul Davis, est aussi long
que le film. Près de 30 ans après sa sortie, John Landis, le
scénariste et réalisateur, Rick Baker, responsable des effets
spéciaux et des maquillages, des acteurs, des figurants et des
techniciens, nous parlent du film :
- The Beginning (le début). Paul Davis nous accueille d
ans la campagne anglaise ; il va nous servir de guide tout au
long des 13 autres chapitres.
- The Cast (les acteurs). L’occasion de revoir, trois
décennies plus tard, ceux qui ont oeuvré à la réussite du
film, réalisateur, techniciens et acteurs, dont Griffin Dunne,
qui vit dans le film une expérience encore plus terrible,
fatale même, que les douloureuses tribulations qu’allait lui
infliger quatre ans plus tard Martin Scorsese dans After Hours.
- Shooting in Wales (tournage au Pays de Galles), à
visiter si vous ne connaissez pas (on peut acheter des
parapluies sur place.)
- Murder in the Moors (meurtre dans la lande) vous
montrera ce qu’on risque à ne pas suivre à la lettre les
conseils des autochtones : « Méfiez-vous de la lune et ne
sortez pas du sentier ! »
- What Bad Dreams are Made of (de quoi sont fait les
cauchemars), l’occasion, plutôt rare, de voir ce dont sont
capables des loups garous nazis armés jusqu’aux dents…
- Bringing Jack Back (ressusciter Jack). Sauvagement
tué dans la lande dès les 16 premières minutes, Jack
réapparaît plusieurs fois devant David, passablement
déchiqueté et de plus an plus verdâtre et décomposé.
- The Transformation of David, l’un des passages les
plus instructifs du documentaire sur les moyens utilisés pour
les déformations du corps de David au cours de sa métamorphose.
- The music of An American Werewolf in London : Ce
court chapitre se limite aux trois versions de « Blue Moon » qui
illustrent le film, sans un mot sur la belle musique originale
composée et dirigée par Elmer Bernstein à la tête du Royal
Philharmonic Orchestra.
- Underground Filming, détaille l’attaque dans les
couloirs du Tube, le métro de Londres, une scène d’autant
plus angoissante qu’on ne voit pas la monstrueuse bête.
- Pornos and Puppets (Porno et marionnettes) où il nous
est dit que les scènes de pornographie projetées dans le petit
cinéma de Piccadilly ont été tournées par l’équipe du film.
- A Four-Legged Hound from Hell (un molosse à quatre
pattes sorti de l’enfer) où le loup garou fait son cirque… à
Piccadilly Circus !
- Causing Disturbance in Piccadilly (pagaille à
Piccadilly) : la bête est responsable d’un carambolage digne
de figurer dans les anthologies, tant pour l’amas de tôles
froissées que pour les dommages collatéraux causés à de
paisibles londoniens qui, tout bêtement, n’étaient pas au bon
endroit au bon moment.
- The Beast Unleashed : (la bête sans laisse). Cette
triste fin rappelle immanquablement les amours impossibles de
la série La Belle et la bête, dont le maquillage avait, aussi,
été réalisé par Rick Baker.
2. I Walked With A Werewolf (j’ai marché avec un loup garou) où le même Rick Baker (Star Wars episode 4, La Planète des singes, The Howling, X-men, Hellboy, The Wolfman, pour ne citer que ces titres), un éminent spécialiste, après avoir salué les monstres sacrés, Bela Lugosi, Lon Chaney Jr. et Boris Karloff, nous parle avec passion des techniques d’avant l’ère numérique, qui obligeaient à combiner talent artistique et astuces de bricoleur.
3. Making an American Werewolf in London, tourné en 1981 comme tous les suppléments suivants.
4. Interview de John Landis, filmé en 2001. Pour expliquer le modeste accueil réservé à son film en 1981, John Landis fait l’hypothèse qu’il était « trop drôle pour faire peur et trop effrayant pour faire rire. »
5. Makeup artist Rick Baker : encore lui, livrant avec passion tous ses trucs. De la reconnaissance, au passage, pour David Naughton, auquel il a infligé d’interminables tortures sur la chaise de maquillage. Rick Baker sera oscarisé en 1982 pour sa contribution à ce film.
6. Casting of the Hand, sur l’ingénieux dispositif qui permet de transformer les mains (et les pieds) de David en pattes de loup.
7. Outtakes (scènes coupées)
8. Storyboards : une intéressante juxtaposition en split screen du storyboard et de scènes filmées à Piccadilly Circus.
9. Montage photographique, en couleur et noir et blanc
Et ce n’est pas fini :
My scenes : fonction qui permet de placer des onglets pour
repérer le début des scènes préférées et de créer des clips
Commentaire du film par le réalisateur, Griffin Dunne,
David Naughton et d’autres acteurs.
BD live, avec son guide de l’utilisateur
D-Box motion code, pour ceux qui ont pu s’offrir le
coûteux équipement.
Une très belle image VC-1 qui franchit sans trébucher tous les obstacles : scènes de nuit dans la brume ou sous la pluie, souffle des acteurs dans le froid, contre-jour…
Les scènes tournées de jour à Piccadilly permettent d’apprécier la qualité des couleurs, faisant ressortir le contraste des tons vifs des panneaux publicitaires, cabines téléphoniques, voitures… et le dégradé des façades d’immeubles.
On sent le léger grain de la pellicule, ce qui me semble préférable aux résultats d’une alchimie qui aurait pu dénaturer la photo originale.
Le format DTS-HD MA 5.1 est réservé à la seule version originale, les autres devant se satisfaire du format DTS 2.0 mono.
Si la version originale est nettement plus riche, notamment en graves, il faut reconnaître, malgré tout, que la version française ne manque pas de punch ; il suffit d’aller au début des chapitres 6 et 15, par exemple, pour s’assurer qu’elle met en valeur la musique.
Le remixage HD est réussi avec, toutefois, une trop grande discrétion des voies surround, assez sensible, par exemple, à l’arrivée du métro à 67’. Le carambolage monstre de la fin du film est cependant assez spectaculaire pour les oreilles.