Beginners (2010) : le test complet du Blu-ray

Oliver, illustrateur à Los Angeles, collectionne les ex et les déceptions amoureuses. Quand son père, Hal, tire sa révérence après avoir fait son coming-out à 75 ans et rejoint avec entrain la communauté homosexuelle, Oliver se penche sur ses relations familiales et ses échecs sentimentaux. Et il hérite d’un chien philosophe et bavard. La dépression guette. Jusqu’au jour où il rencontre Anna…

Artiste-graphiste (on lui doit des pochettes d’albums de Sonic Youth ou des Beastie Boys), réalisateur de clips vidéo (pour Air, Pulp, Moby), Mike Mills a ensuite été remarqué avec son premier long métrage Age Difficile Obscur, récompensé aux festivals de Berlin et de Sundance. Avec un ton singulier, poétique et attachant, le réalisateur se penche dans son second long métrage Beginners, sur les rapports entre un père et son fils, sur l’incommunicabilité, la question du deuil, de la succession, du poids de l’héritage, de la solitude, du désir d’être aimé. Tous ces thèmes s’entrecroisent habilement grâce à une écriture fine et intelligente, une mise en scène constamment inventive, mais aussi et surtout grâce à l’interprétation fragile de Christopher Plummer, Mélanie Laurent (étonnamment en retenue) et Ewan McGregor, décidément bien plus à l’aise quand il donne la réplique à un Jack Russell qu’à un maître Jedi nain en images de synthèse.

Oeuvre cathartique (le film est largement inspiré de la propre histoire du réalisateur), drôle, délicate et émouvante, Beginners est un film qui nécessite plusieurs visionnages afin d’en percevoir toute la richesse thématique et émotionnelle.

Le menu principal animé et musical reprend intelligemment les esquisses et dessins d’Oliver où les images du film défilent dans les bulles, une belle initiative.

Ne ratez pas l’interview du réalisateur Mike Mills qui dissèque tous les éléments autobiographiques qui ont inspiré Beginners, notamment le coming out de son père à l’âge de 75 ans. Les rapports père/fils sont ici longuement abordés tout comme l’écriture du scénario, le casting.

Enfin, l’éditeur complète cette interactivité par un remarquable petit making of en N&B donnant cette fois encore la parole au réalisateur Mike Mills mais aussi aux comédiens du film (dont l’adorable chien Cosmo alias Arthur). Si certains propos font écho à ceux entendus dans le segment précédent, les images de tournage et des coulisses en N&B sont vraiment sympathiques.

Tourné avec la caméra Red One, Beginners ne s’embarrasse pas de partis-pris esthétiques alambiqués et trouve en Blu-ray un joli écrin, même si l’image demeure douce et l’apport HD limité. La colorimétrie est chaude et harmonieuse, les contrastes denses, mais la photographie vaporeuse ne facilite pas le piqué, uniquement vif et acéré sur les séquences en extérieur diurnes. Les gros plans sont également probants, le relief appréciable et les ambiances nocturnes joliment mises en valeur. Soutenue par la compression AVC, la définition est certes sans esbroufe mais permet de redécouvrir Beginners dans de belles conditions techniques.

Houlà… bien qu’encodée en DTS-HD Master Audio 5.1, la version originale est complètement déséquilibrée. La centrale n’exsude qu’un filet des voix des comédiens puisque l’ensemble de ce mixage se retrouve étrangement concentré sur la frontale et l’arrière gauche ! De même, l’ambiance intimiste n’est guère respectée et le volume est bizarrement trop élevé. La musique est passablement spatialisée, la balance frontale décevante, le caisson de basses délivre des effets trop clairsemés et une résonance agaçante a finalement raison de notre patience. Ce manque d’homogénéité n’apparaît pas sur la piste française DTS-HD Master Audio 5.1, plus pondérée et harmonieuse, même si cette fois encore, les enceintes latérales sont trop discrètes.