Au revoir les enfants (1987) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Louis Malle
Avec Gaspard Manesse, Raphael Fejtö et Francine Racette

Édité par ARTE ÉDITIONS

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Le 20/01/2012
Critique

1944. Fils d’industriel, Julien, 11 ans, retourne dans le pensionnat catholique où il fait ses études. Un nouveau pensionnaire, Bonnet, attire sa curiosité et sa jalousie. Julien ne tarde pas à découvrir que Bonnet est d’origine juive et qu’il a été caché sous une fausse identité par le père Jean, le directeur du pensionnat qui est en contact avec la Résistance.

Témoin de cette histoire alors qu’il n’avait que 11 ans, Louis Malle aura porté en lui Au revoir les enfants jusqu’à 1987 où il se décide enfin d’adapter ses souvenirs à l’écran.  » Pendant longtemps, j’ai purement et simplement refusé de m’y attaquer, parce que cet événement m’avait traumatisé et qu’il a eu une énorme influence sur ma vie «  dira le cinéaste. Cet événement tragique a marqué pour le jeune Louis la fin de l’innocence, le début de sa révolte et de son immense curiosité sur la nature humaine. Les thèmes de la déportation et de la collaboration le hanteront toute sa vie.

Magnifiquement photographié, réalisé et interprété, Au revoir les enfants s’attache tout d’abord à dépeindre le quotidien des élèves dans le couvent, en cours et au réfectoire. Puis, avec une approche semi-documentaire, la guerre nous est rappelée en fond avec le bruit d’explosions de plus en plus rapprochées, puis avec les privations, le froid omniprésent, la faim et le troc. Ensuite, l’Occupation allemande s’introduit dans le monde clôt du collège pour mettre fin aux amitiés naissantes, à l’espoir, à l’innocence de ces gamins de dix ans. La dernière demi-heure du film est saisissante, poignante et le spectateur retient son souffle jusqu’à la voix de Louis Malle qui achève lui-même son film en se livrant sur l’importance d’avoir confié cette histoire, tel un exorcisme.

En dépit de nombreux soucis de financements, Louis Malle parvient donc en 1987 à réaliser le film de sa vie. S’ensuivront de multiples récompenses : le Lion d’or 1987 à la Mostra de Venise, les César du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur scénario original, de la meilleure photographie, du meilleur décor, du meilleur son, du meilleur montage. Egalement auréolé du Prix Louis-Delluc et d’une nomination aux Oscars 1988 pour le Meilleur Film Étranger, le film attire 3,5 millions de spectateurs dans les salles et devient le plus gros succès français de l’année 1987.

Présentation - 4,0 / 5

Le boîtier classique accueille un Blu-ray à la sérigraphie sobre tandis que le menu principal animé et musical s’avère fort élégant.

Bonus - 4,0 / 5

En premier lieu nous avons à faire à un documentaire de 26 minutes sobrement intitulé Louis Malle 26 fois, en référence aux 26 mises en scène du cinéaste. Réalisé par Michel Ferry, assistant de Louis Malle sur Milou en mai et Fatale, en 2005 pour le dixième anniversaire de la mort du metteur en scène, ce module propose un montage commenté des thèmes récurrents (l’enfance, les controverses, l’exil aux Etats-Unis) des plus grands films et documentaires de son auteur tels que Calcutta, L’Inde fantôme, Ascenseur pour l’échafaud, Zazie dans le métro, Lacombe Lucien et bien entendu Au revoir les enfantsw/b>.

Dans Au revoir les enfants, une projection de L’Emigrant de Charles Chaplin est organisée pour le plus grand bonheur des pensionnaires. L’éditeur nous propose d’assister également à la projection intégrale de magnifique court-métrage réalisé en 1917. Tiré d’une copie restaurée en 1984 et accompagnée d’une composition créée en 1989, ce chef d’oeuvre met bien évidemment en scène le personnage de Charlot que l’on retrouve sur un bateau avec d’autres immigrés à destination de New York. Pendant le voyage, il rencontre une jeune femme (Edna Purviance) qui s’occupe de sa mère malade. En arrivant à New York, Charlot n’a pas d’argent ni de travail. Il trouve alors une pièce par terre et décide d’aller au restaurant où il retrouve la femme du bateau qui vient de perdre sa mère. Comme toujours, notre personnage est prêt à aider plus pauvre que lui. Pour la première fois, Chaplin associe le comique au drame en dépeignant la situation des immigrants qui arrivent aux Etats-Unis, une arrivée placée sous le signe de la violence autant physique que morale par les services d’immigration qui les parquent comme des bestiaux. Véritable tournant dans la carrière de Chaplin, L’Emigrant, avant-dernier film du vagabond pour le compte de la Mutual Film Corporation, permet au comédien de peaufiner son célèbre personnage, 4 ans avant Le Kid qu’il réalisera en 1921.

S’ensuit un court mais intéressant extrait des Enfants du Père Jacques réalisé en 1990. Ce documentaire évoquait le fameux père Jacques, résistant, qui abrita des enfants juifs pendant l’occupation allemande au petit collège du couvent des Carmes à Avon, et qui fut déporté. C’est cette histoire que raconte Louis Malle dans Au revoir les enfants. Dans l’extrait proposé, la parole est donnée à un ancien pensionnaire du couvent ainsi qu’à un ancien dirigeant des Francs-tireurs partisans.

Enfin, l’interactivité se clôt sur le portrait du personnage de Joseph incarné par le jeune François Négret, vu depuis dans le superbe Les Mains libres de Brigitte Sy. Cette analyse réalisée par Guy Magen, docteur en Sciences de l’éducation et enseignant en cinéma à l’Université Paris VIII s’avère aussi concise que pertinente.

Image - 5,0 / 5

Ce master 1.66 Haute Définition du grand classique de Louis Malle en met plein les yeux. D’emblée, la restauration se révèle spectaculaire et on jurerait être devant un film contemporain. La copie est lumineuse, les contrastes d’une rare densité, les détails foisonnent, la colorimétrie froide est superbe et le piqué saisissant. Pour son quart de siècle, Au revoir les enfants bénéficie d’un lifting numérique resplendissant, jamais entaché par de quelconques artefacts de la compression AVC. Hormis un poil caméra visible 10 secondes ainsi qu’un ciel sensiblement granuleux sur un plan rapide, nous avons affaire à une édition HD techniquement irréprochable.

Son - 4,5 / 5

Il n’y a rien à redire concernant cette magnifique piste mono DTS-HD Master Audio. Les dialogues sont percutants, les superbes compositions de Camille Saint-Saëns et de Franz Schubert sont excellemment mises en valeur et parviennent même à créer une certaine spatialisation. Aucun souffle intempestif n’est à déplorer mais certains dialogues visiblement repris en postsynchronisation perturbent quelque peu l’homogénéité de l’ensemble sans pour autant que cela en soit gênant. L’éditeur joint également les sous-titres destinés au public sourd et malentendant.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis
Multimédia
Au revoir les enfants
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