La Planète des Singes : Les origines (2011) : le test complet du Blu-ray

Dans un laboratoire, des scientifiques expérimentent un traitement sur des singes pour vaincre la maladie d’Alzheimer. Mais leurs essais ont des effets secondaires inattendus : ils découvrent que la substance utilisée permet d’augmenter radicalement l’activité cérébrale de leurs sujets. César, est alors le premier jeune chimpanzé faisant preuve d’une intelligence remarquable. Mais trahi par les humains qui l’entourent et en qui il avait confiance, il va mener le soulèvement de toute son espèce contre l’Homme dans un combat spectaculaire.

Qu’importent les prestations engourdies de James Franco et de Freida Pinto (qui n’a rien à défendre) puisque le principal intérêt du reboot d’une des plus grandes franchises de l’histoire du cinéma réside dans l’incarnation des singes. Equipé de son inséparable combinaison en lycra moulant et de capteurs multiples, le grand Andy Serkis, ayant déjà interprété King Kong devant la caméra de Peter Jackson, prête cette fois ses expressions, sa démarche, bref son âme et son talent, au personnage mythique de la saga simiesque tirée de l’oeuvre de notre Pierre Boulle national. Bénéficiant des avancées spectaculaires en matière de motion-capture, le film de Rupert Wyatt adopte le point de vue des singes entièrement recréés en postproduction, les créatures étant cette fois calquées sur le jeu de véritables comédiens et cascadeurs. Le film n’est d’ailleurs jamais aussi bon et fascinant que lors des longues séquences sans dialogues uniquement dirigées sur les singes entre eux et donc sur la gestuelle et l’expression d’Andy Serkis.

Cette avancée technologique s’allie à un scénario malin et spectaculaire, rappelant le Spartacus de Stanley Kubrick, centrée sur la montée en puissance d’un chef révolutionnaire, César, un chimpanzé doté de capacités cérébrales spectaculaires qui va mener son espèce contre la suprématie de l’homme sur Terre. L’émotion, l’action et le grand spectacle sont au rendez-vous, et même si l’ensemble manque un peu d’humour, nous attendons la suite avec une grande impatience, d’autant plus qu’elle commence dans le générique de fin, véritable morceau de bravoure à lui seul.

Le boîtier Blu-ray classique est glissé dans un surétui cartonné avec un léger relief sur la tête de César et ses compagnons à l’arrière. Le menu animé et musical manque d’originalité et reprend en fond les extraits de la séquence d’affrontement sur le Golden Gate. C’est quand même mieux que le menu principal fixe et musical du DVD !

Commençons par le plus lourd, autrement dit les deux commentaires audio. Seul dans sa cabine d’enregistrement, le réalisateur Rupert Wyatt fait ce qu’on lui demande et distille quelques bribes d’informations à droite à gauche sans véritablement approfondir ses arguments. Quelques silences de plus en plus longs s’intercalent entre ses propos sur le tournage du film avec les comédiens en motion capture, les effets spéciaux, les décors, et une suite (largement) envisageable qui l’enthousiasme déjà. Si ce commentaire s’avère sympathique, il faudra vous reporter sur celui réalisé par les scénaristes et producteurs Rick Jaffa et Amanda Silver qui évoquent sur un rythme soutenu la genèse du projet, les recherches, la place du film dans la franchise, les hommages aux opus précédents (sauf celui de Tim Burton qui n’est jamais évoqué), l’évolution des personnages, le recours aux effets spéciaux. C’est donc ici que vous en apprendrez le plus sur le reboot d’une des plus mythiques sagas de l’histoire du cinéma.

S’ensuivent 5 modules promotionnels qui proposent un gros plan sur la mythologie de la saga, la performance d’Andy Serkis, la préparation des cascadeurs envoyés à  » l’école des singes « , l’évolution de la motion-capture et l’enregistrement de la bande-originale du film avec le compositeur Patrick Doyle. L’ensemble de ces modules forment un making of de 40 minutes, largement illustré par des images très impressionnantes du tournage (notamment la séquence du Golden Gate) ainsi que des comparaisons avant-après la motion capture, des propos formatés des comédiens, du réalisateur, des producteurs et des techniciens de chez WETA enrichissent un peu le tout. Notons la redondance de certains propos tenus ici avec ceux déjà entendus dans les commentaires audio. Le segment avec le compositeur s’éternise sur une blague qui ne fait rire que l’intéressé et passe la moitié du temps à rire aux éclats, ce qui irrite et finit par lasser.

Egalement au programme, une douzaine de séquences coupées plus ou moins intéressantes parmi lesquelles nous retiendrons celle où Will (James Franco) découvre que César parvient à réussir des puzzles et des maquettes, ainsi que celle où Koba (le singe borgne) essaye de se venger de Jacobs en le sanglant sur une table d’opération pour lui faire respirer l’ALZ 113. Notons également une version alternative se déroulant sur le Golden Gate où César lui-même précipite Jacobs dans le vide (au lieu de Koba dans le montage final), ainsi qu’une scène finale montrant le même Koba s’emparer d’une arme qu’il pointe vers les spectateurs. Certains effets spéciaux n’ont pas été finalisés et permettent de voir Andy Serkis à l’oeuvre dans sa combi high-tech.

Dernier segment important de cette interactivité, un documentaire didactique de 22 minutes découpé en trois parties consacré au monde des chimpanzés, des gorilles et des orang-outans. Des spécialistes venus des quatre coins du monde expliquent leur mode de vie, leur évolution, leur éducation et leur structure sociale.

L’interactivité se clôt sur une galerie consacrée à la conception des personnages simiesques, un lot de trois bandes-annonces ainsi qu’une séquence  » déconstruite  » du film mettant en parallèle pendant 1’30 le jeu des comédiens en combi motion capture, les premières animations, et le résultat final. La version DVD du film ne comprend que deux scènes coupées, ainsi que les documentaires sur Andy Serkis et la mythologie de la saga.

Si le rendu HD des jeunes singes a parfois un peu de mal à passer le cap du petit écran avec un effet artificiel, tout s’arrange quand César devient adulte et le résultat final est saisissant. Le grain, la texture de la peau, les yeux, les poils, les créatures de WETA s’accordent à l’action réelle avec une redoutable homogénéité et les gros plans regorgent de détails. Le cadre large offre une profondeur de champ insondable, les contrastes sont acérés, le transfert est lumineux, le relief saisissable tout du long (voir les plans en forêt) et la photo alliant les intérieurs chatoyants de la maison de Will (à dominante jaune-orangée) avec les extérieurs froids du laboratoire (bleu, vert, acier) trouve en Blu-ray un écrin remarquable. Du beau et grand spectacle en Haute Définition.

N’y allons pas par quatre chemins, la version originale DTS-HD Master Audio 5.1 est évidemment à privilégier afin de se plonger avec fracas dans l’univers du film. La première séquence dans la jungle donne le la : toutes les enceintes sont mises à contribution avec un ramdam de tous les diables tandis que le caisson de basses s’époumone à force de trop vibrer. Les cors grinçants de la musique de Patrick Doyle sont saisissants, les ambiances naturelles abondent, les latérales et les frontales rivalisent de vivacité et les dialogues (et les cris des singes) sont exsudés avec ardeur sur la centrale. Jouissant d’une piste DTS 5.1, la version française n’est également pas en reste mais se révèle moins immersive et ardente que son homologue autant sur les séquences d’action que sur les scènes de dialogue.