Une séparation (2011) : le test complet du Blu-ray

Lorsque sa femme le quitte, Nader engage une aide-soignante pour s’occuper de son père malade. Il ignore alors que la jeune femme est enceinte et a accepté ce travail sans l’accord de son mari, un homme psychologiquement instable…

A l’instar de La Fête du feu et A propos d’Elly, Une séparation repose sur une montée de tension palpable et progressive qui prend le spectateur aux tripes pour ne plus le lâcher jusqu’à la dernière image. Tourné caméra à l’épaule, hypnotique dès les premières images, véritable leçon de cinéma, film ambitieux, universel car réaliste, Une séparation met en avant les vérités cachées qui éclatent petit à petit au grand jour et fragilisent les relations au sein même des couples.

Dès la première scène, le réalisateur, véritable chef d’orchestre, expose son sujet en mettant ses comédiens face caméra tel Ingmar Bergman dans Scènes de la vie conjugale, le titre est explicite. Thématiquement proche d’A propos d’Elly, narrativement comparable à La Fête du feu, Une séparation peut déjà apparaître comme un film-somme. Adoptant l’aspect du documentaire avec une caméra mobile et effacée, le réalisateur parvient à cacher la structure apparente de son film afin de plonger littéralement le spectateur dans le feu de l’action, le conflit intérieur reflétant constamment la complexité d’un pays, de sa culture, de ses classes sociales et de sa religion.

Comme un vrai film policier, les indices se mutent en éléments clé, tout n’est pas dévoilé pour faire participer activement le spectateur. N’émettant aucun jugement sur ses personnages, Asghar Farhadi incite l’audience à se faire son propre jugement sur les motivations des protagonistes. Ours d’Or du meilleur film, Ours d’Argent de la meilleure actrice et Ours d’Argent du meilleur acteur pour l’ensemble des acteurs (tous exceptionnels), Une séparation est un véritable uppercut, un film virtuose et haletant.

Le menu principal légèrement animé et musical reprend le style de l’affiche et ses couleurs. On aurait aimé quelque chose de plus soigné et d’un peu plus emballant que ce menu clair mais triste.

Outre la filmographie du réalisateur, un lot de bandes-annonces et un pot-pourri des critiques presse du film, un entretien entre le cinéaste, critique de cinéma à Positif et journaliste N.T. Bing et Asghar Farhadi est également au programme. Dans ce module dense et indispensable, notre interlocuteur s’exprime sur les thèmes du film, le choix du cadre et du montage, l’écriture du scénario, la direction d’acteurs et les partis-pris esthétiques.

L’éditeur joint également la remise des prix au Festival de Berlin, l’Ours d’Or du meilleur film, l’Ours d’Argent de la meilleure actrice et l’Ours d’Argent du meilleur acteur pour l’ensemble des acteurs, avec les discours et remerciements de l’équipe. Vous trouverez également un petit livret comprenant un entretien entre Asghar Farhadi et Michel Ciment, critique à Positif, ainsi que des photos de tournage.

Une séparation bénéficie d’un beau traitement de faveur avec ce master HD élégant. Si les contrastes sont un peu légers, les noirs sont denses, le piqué agréable et la caméra portée et mobile d’Asghar Farhadi peut compter sur une compression AVC solide. La palette colorimétrique est volontairement atténuée et seules les teintes rouge et verte émergent véritablement. La luminosité des séquences diurnes est indiscutablement HD, les détails sont plus acérés bien que la profondeur de champ demeure limitée.

Une séparation nous est proposé en version originale et française DTS-HD Master Audio 3.0. Du point de vue dynamique et vivacité des dialogues, la piste française l’emporte haut la main mais manque indubitablement de naturel et d’homogénéité. Les voix prennent malheureusement le pas sur les ambiances annexes. La version perse respecte l’ambiance intimiste du film et même si les dialogues apparaissent plus feutrés, et ce sans aucune commune mesure par rapport à la piste française, ce mixage se révèle plus fluide et plus proche des volontés artistiques originales.