Melancholia (2011) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Lars von Trier
Avec Charlotte Gainsbourg, Kirsten Dunst et Kiefer Sutherland

Édité par Potemkine Films

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Le 08/02/2012
Critique

À l’occasion de leur mariage, Justine et Michael donnent une somptueuse réception dans la maison de la soeur de Justine et de son beau-frère. Pendant ce temps, la planète Melancholia se dirige vers la Terre…

Essayons d’oublier les conneries déblatérées par Lars von Trier au Festival de Cannes en 2011 pour, selon ses dires, faire de l’humour et créer le buzz, car Melancholia est une grande, une immense oeuvre. Bien que déclaré persona non grata au Festival de Cannes, le cinéaste demeure l’un des auteurs indispensables de l’histoire du cinéma contemporain. Comme Charlotte Gainsbourg l’année d’avant, Kirsten Dunst remporte grâce au réalisateur danois, le prix d’interprétation féminine. La beauté diaphane et la sensibilité de la comédienne envoûte, émeut, touche le spectateur de la première à la dernière image. A ses côtés, Charlotte Gainsbourg, a qui l’on aurait bien donné un second prix d’interprétation, est tout aussi magnifique et trouve un rôle à l’opposé de celui qu’elle tenait dans le film précédent de Lars von Trier.

Justine, le personnage de Kirsten Dunst, est atteinte de mélancolie profonde. Le jour de son mariage, comme si elle se noyait dans la foule des invités et les conventions, elle sombre petit à petit dans une tristesse, un mutisme puis une léthargie. Seule la probable collision de la planète Melancholia avec la Terre semble lui apporter un maigre espoir de s’en sortir puisque cet évènement signerait la fin du monde et donc de son mal-être. Sa soeur Claire, mariée et mère d’un petit garçon, vivra ce cataclysme différemment et n’arrive pas à comprendre le comportement calme, rassuré, presque enjoué de Justine face à l’extinction de la race humaine. Alors qu’elle apparaissait comme une femme aimant tout contrôler, jusqu’au mariage de sa soeur à la minute près, son univers commence à s’effriter quand son mari, incarné par Kiefer Sutherland (excellent) ne parvient pas tout à fait à la rassurer quand il lui garantie que la planète Melancholia ne fera que frôler la Terre.

Outre ses thématiques abordées (la mélancolie menant à la dépression, comment réagir face à une fin du monde annoncée), Melancholia demeure également une oeuvre plastique d’une beauté stupéfiante, de la photo en passant par le montage, les couleurs, la mise en scène, tout est à couper le souffle. Le Prélude de Tristan et Isolde de Wagner ouvre et clôt le film tel une symphonie lyrique, renforcé par un usage de ralentis extraordinaires et picturaux inscrivant d’ores-et-déjà le film dans l’Histoire du cinéma. Lars von Trier rend quelques hommages à ses cinéastes de prédilection, on pense évidemment à Tarkovski, Bergman, Visconti, tout en inscrivant chaque plan de sa griffe inimitable, de sa propre personnalité, ses angoisses et névroses. La caméra à l’épaule renforce ce côté précipité, instinctif et presque organique voulu dans la longue séquence de la réception durant la première partie qui annonce progressivement le basculement de Justine dans la dépression dont le précaire équilibre familial n’est probablement pas étranger à son malaise croissant.

Melancholia est une oeuvre qui s’inscrit et parle en chacun de nous, au vécu propre des spectateurs. Cette interprétation de la fin du monde subjugue et bouleverse du premier plan à la sidérante dernière séquence qui n’a pas fini de hanter notre vie de cinéphile.

Présentation - 5,0 / 5

Nous n’aurions pu rêver mieux que ce magnifique slim digipack glissé dans un étui tout aussi superbe. De la sérigraphie aux visuels en passant par le menu principal animé et musical d’une folle élégance, la qualité technique, le choix exhaustif des suppléments, tout fait de cette édition Blu-ray un objet de collection indispensable.

Bonus - 4,5 / 5

C’est ce qu’on appelle une galette bien fournie ! On commence par le commentaire audio du réalisateur mené par le maître de conférences à l’Université de Copenhague Peter Schepelern. Dans un anglais parfois approximatif, les deux hommes s’éloignent beaucoup trop du sujet principal du film. Lars von Trier part parfois dans des délires dignes de celui qui a tant fait couler d’encre au Festival de Cannes. D’ailleurs, cet  » incident  » est évoqué à plusieurs reprises (y compris durant le générique de fin) malgré les consignes données au maître de conférences de ne pas en parler pendant le commentaire. Evidemment, c’était sans compter sur Lars von Trier qui remet le sujet sur le tapis en expliquant qu’il voulait seulement faire rire l’assistance de manière tout à fait volontaire. Quelques propos tenus ici sont franchement inintéressants et complètement hors-sujet (il faut entendre le cinéaste faire un exposé sur les pommes), mais heureusement, nous arrivons quand même à glaner ici ou là quelques informations sur la mise en scène de Lars von Trier, les partis-pris adoptés (le cadre, la musique de Wagner, la photo, le montage), l’usage des effets spéciaux, son rapport avec les comédiens, sa fascination pour le cinéma d’Andreï Tarkovski, ses peurs et angoisses qui ont nourri le scénario. Même s’il aime s’envoyer des roses et recevoir des compliments, Lars von Trier n’hésite pas à dire quand il n’est pas du tout satisfait d’un plan ou du jeu d’un acteur. Quoi qu’il en soit, le bonhomme ne laisse évidemment pas indifférent mais 2h10 en sa compagnie est un peu exténuant.

Nous parlions précédemment de la conférence du Festival de Cannes, et bien l’éditeur nous la propose dans son intégralité (41 minutes). Nous ne reviendrons pas sur la fameuse polémique  » je comprends Hitler  » qui a enflammé la Croisette et valu au metteur en scène danois d’être exclu du Festival, l’épisode intervient d’ailleurs à la fin de la conférence, mais toujours est-il que nous n’apprenons pas non plus grand-chose ici sur le film proprement dit. Le brouhaha est infernal, les propos s’emmêlent, certains comédiens demeurent figés et ne décrochent pas la parole, Charlotte Gainsbourg s’endort, Kirsten Dunst regarde devant elle et Lars von Trier a l’air heureux de titiller Udo Kier sur son homosexualité et son penchant pour la boisson. Pour savoir pourquoi Lars von Trier a voulu faire un film sur la fin du monde, reportez-vous au module suivant.

Sobrement intitulé  » Autour du film  » (11 minutes), ce court segment donne la parole à Lars von Trier, Kirsten Dunst, Charlotte Gainsbourg. Les propos tenus ici sont précis, passionnants, et les thématiques enfin développées.

Un petit tour très sympa est fait du côté de la plastique du film dans un petit documentaire de 10 minutes durant lequel Lars von Trier, le chef opérateur Manuel Alberto Claro et le responsable des effets visuels reviennent sur la photographie du film, les tons adoptés, le choix du Prélude de Tristan et Isolde de Richard Wagner (une musique jugée romantique par le cinéaste), le style visuel, le choix de la caméra portée et la représentation de l’apocalypse.

On retrouve également le même superviseur des effets visuels qui nous fait une présentation rapide des effets spéciaux de Melancholia avec des images tirées des prévisualisations, du storyboard, les essais couleur, les images du tournage (dont une véritable aurore boréale filmée en Islande du Nord, les images digitales, le tout étant basé sur de véritables données scientifiques.

Ensuite, un astrophysicien nous explique en 4 minutes que tout ce qui est évoqué dans Melancholia est plausible du point de vue scientifique. Les constellations aperçues dans le film sont réelles, la rotation des planètes respectée, dans un souci de réalisme cher à Lars von Trier.

On termine cette interactivité par un morceau de choix, un film de 54 minutes réalisé par Pablo Tréhin-Marçot en 2007 intitulé Filmbyen, la nouvelle Mecque du cinéma ? Ce passionnant documentaire propose une véritable visite guidée de la ville-cinéma Filmbyen créée entre autre par Lars von Trier située dans la banlieue pauvre de la capitale du Danemark. Constitué d’interviews de toute l’équipe de Filmbyen (cinéastes, monteurs, assistants, juristes, producteurs), ce film donne surtout la parole à l’halluciné Peter Aalbeck Jensen (l’autre fondateur de ce Cinecittà danois), sorte de grand manitou un peu fou qui se déshabille face caméra pour piquer une petite tête dans la piscine qui borde les studios. Les journalistes français Hélène Constanty (L’Express) et Frédéric Strauss (Télérama) reviennent de leur côté sur la fondation de Filmbyen (sorte de caserne militaire ou plutôt un hôpital psychiatrique entouré de fils barbelés), ses piliers, son fonctionnement (on se croirait chez Pixar), son ascension au sein de l’industrie cinématographique européenne, la communauté qui s’y est créée et les défis permanents à relever en préservant une totale indépendance. Quelques extraits de tournage (Dogville, Dancer in the Dark) et de films produits et distribués par Filmbyen, notamment les oeuvres de Lars von Trier illustrent ce remarquable documentaire.

Image - 5,0 / 5

Que dire si ce n’est que l’image est absolument splendide et que le Blu-ray s’impose incontestablement comme le support idéal pour redécouvrir cette merveille qu’est Melancholia d’autant plus que le film a été tourné en numérique dans son intégralité. Comme pour le prologue d’Antichrist, celui de Melancholia a été tourné grâce à la caméra numérique Phantom HD Gold qui offre un rendu extraordinaire des gros plans. Le piqué est acéré, les détails foisonnent à chaque coin de l’écran comme un véritable tableau que l’on osculterait à la loupe et toutes les volontés artistiques du cinéaste et de son chef opérateur sont respectées. La caméra Arri Alexa prend le relais mais cette fois encore, malgré la réalisation caméra à l’épaule impliquant de nombreux et violents balayages d’appareil, la définition demeure exemplaire, le grain cinéma est respecté, les tons chauds et ambrés de la première partie et ceux plus froids et bleutés de la seconde sont complètement retranscrits. Les noirs sont d’une rare densité, la compression AVC consolide l’ensemble et que dire des contrastes qui flattent constamment la rétine ! Voici un nouveau Blu-ray référence.

Son - 4,5 / 5

Melancholia s’ouvre et se clôt sur le Prelude de Tristan et Isolde de Richard Wagner. Cette oeuvre lyrique profite d’une spatialisation démentielle que vous ayez opté pour la version originale ou la piste française en DTS-HD Master Audio 5.1. Les séquences apocalyptiques et chaque apparition de la planète Melancholia vont faire vibrer voire rugir votre caisson de basses, notamment la toute dernière séquence qui remue l’estomac. Veillez donc à prévenir les voisins !

Entre le prologue et l’épilogue, l’ensemble demeure principalement canalisé sur les enceintes avant même si quelques ambiances naturelles parviennent sans mal à s’immiscer sur les scènes tournées en extérieur. A titre comparatif, la version française l’emporte du point de vue dynamique et fracas des basses, mais demeure également trop axée sur les dialogues. La piste anglaise apparaît plus fluide, plus homogène et intimiste.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis

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robvid
Le 4 avril 2016
Un film riche poétique et somptueux
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jean-marc
Le 14 décembre 2012
Comment ça en 1080i ?
Le film est bien, enfin surtout la seconde partie, la première (le mariage tout ça) est un poil long !
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sundvold
Le 3 janvier 2012
1080i et non 1080p sur le blu-ray fr

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Melancholia
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