Portrait d'une enfant déchue (1970) : le test complet du Blu-ray

Puzzle of a Downfall Child

Édition Collector

Réalisé par Jerry Schatzberg
Avec Faye Dunaway, Barry Primus et Viveca Lindfors

Édité par Carlotta Films

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Le 21/02/2012
Critique

Ancienne égérie de la mode, Lou Andreas Sand s’est isolée dans une maison au bord de l’océan où elle tente de vivre autrement, en se consacrant à la poésie et à la sculpture. Abîmée par la dépression et les excès, elle reçoit la visite de son ami photographe Aaron Reinhardt qui est désormais cinéaste. Celui-ci est venu enregistrer des entretiens avec l’ancien mannequin en vue de réaliser un film sur sa vie. Au fil de son récit, Lou exhume les souvenirs de son ascension, puis de sa déchéance, qui s’organisent en un montage fragmentaire de faits réels et d’évènements fantasmés…

Film rare, ignoré pendant des années, unique et extrêmement singulier, oeuvre brûlante faite de passion, aux sentiments tranchants, Portrait d’une enfant déchue demeure aujourd’hui un superbe objet de cinéma. Comme l’indique son titre original, le premier film de Jerry Schatzberg est un portrait de femme livré sous forme de puzzle. Le réalisateur s’inspire ici de la vie tourmentée du top model Anne Saint Marie qu’il a connu à l’époque où il était photographe de mode. Broyée par un milieu en pleine mutation privilégiant les  » jeunes  » modèles et les nouveaux visages.

Anne Saint Marie, âgée d’à peine trente ans, tombe dans la dépression, la solitude, pour finalement être totalement oubliée. Ayant réalisé plusieurs spots de publicité, format qui ne le satisfaisait pas, Jerry Schatzberg décide de passer le cap du premier film, désireux avant toute chose de raconter l’histoire de son amie qui l’avait aidé à percer dans le milieu de la photographie de mode.

Après ses triomphes dans Bonnie and Clyde et de L’Affaire Thomas Crown, Faye Dunaway trouve ici un de ses plus grands rôles. Visage anguleux, beauté pâle, blondeur platine qui se teinte progressivement de gris, yeux désabusés puis cernés et fatigués, la comédienne y est magnifique, subjugue l’audience par sa sensibilité à fleur de peau. De tous les plans, Faye Dunaway signe une performance qui n’a d’égale dans le cinéma américain des années 70 que celle d’une autre immense comédienne, Gena Rowlands dans un autre portrait de femme névrosée, Une femme sous influence de John Cassavetes auquel on pense évidemment.

De par sa structure complexe - les fragments vécus ou fantasmés d’une existence brisée qui renvoient au trauma du personnage - et ses partis-pris avant-gardistes, le film de Jerry Schatzberg peine néanmoins à émouvoir le spectateur et finalement, ce portrait de femme ne touche pas autant qu’on l’aurait voulu. Les comédiens (Barry Primus, Viveca Lindfors, Barry Morse, Roy Scheider) sont au diapason, la photo et le montage sont merveilleux, mais l’atmosphère froide voire clinique (de la dernière partie surtout), ainsi que le manque de rythme et surtout d’empathie envers le personnage principal empêchent de qualifier véritablement ce film comme un chef d’oeuvre, à part peut-être la fin, absolument sublime.

Présentation - 5,0 / 5

Le Blu-ray superbement sérigraphié repose sagement dans un boiter classique glissé dans un surétui. La jaquette reprend heureusement le magnifique visuel créé pour la ressortie du film en 2011 avec le visage en N&B de Faye Dunaway sur fond noir. N’oublions pas l’élégance des menus et la sublime restauration du film qui contribuent à faire de cette édition un des indispensables de Carlotta.

Bonus - 4,0 / 5

Le premier segment intitulé Le Film révélé (13’) donne la parole à Pierre Rissient. Fondateur du cercle cinéphile des mac-mahoniens, cinéphile pionnier, défricheur de grands auteurs, spécialiste du cinéma classique hollywoodien, attaché de presse, distributeur, producteur et confident de nombreux cinéastes (Raoul Walsh, Clint Eastwood), notre interlocuteur raconte sa découverte de Portrait d’une enfant déchue en 1970 au Festival du film de San Francisco où, malgré la douche froide reçue de la part des critiques américaines, Pierre Rissient s’est battu pour sortir le film sur les écrans français où il fut magnifiquement reçu par la presse et le public. Alors que Portrait d’une enfant déchue était abandonné par Universal (le film a même été remonté avec un préambule), l’engouement français a permis au film de perdurer jusqu’à devenir culte.

La pièce maîtresse de cette interactivité demeure un entretien exclusif de plus de cinquante minutes dirigé par Michel Ciment (directeur de la revue Positif) dans lequel Jerry Schatzberg revient sur sa première oeuvre cinématographique au gré de nombreux souvenirs personnels. Si l’on pourra reprocher au journaliste-critique de ne jamais rebondir sur les propos de son interlocuteur et d’enchaîner les questions déjà préparées, les anecdotes du réalisateur demeurent passionnantes surtout quand il évoque la mise en chantier du film (inspiré de la vie du mannequin Anne Saint Marie), le choix du titre, l’écriture, le tournage (avec les choix artistiques, les décors naturels), ainsi que sa sortie, sa présentation au Festival du film de San Francisco et la volée de critiques négatives ( » un film sans intérêt d’un photographe de mode « ) qui a ruiné la carrière américaine de Portrait d’une enfant déchue, jusqu’à ce qu’il soit évalué à nouveau grâce à l’accueil dithyrambique de la critique française.

L’interactivité se clôt sur les credits et la bande-annonce réalisée pour la ressortie du film dans les salles françaises en 2011.

Image - 4,5 / 5

La qualité de ce nouveau master restauré HD est exceptionnelle et le film de Jerry Schatzberg renaît littéralement devant nos yeux ébahis. Les contrastes affichent d’emblée une densité inédite, la copie est d’une propreté immaculée (la restauration a été réalisée à partir du négatif original), le piqué est fort impressionnant sur les gros plans et les détails fourmillent surtout sur les plans diurnes en extérieur qui sont à couper le souffle.

Alors certes, tout n’est pas parfait, quelques flous sporadiques font leur apparition, une ou deux séquences sont plus altérées et la définition a tendance à flancher, mais ces menus accrocs sont bien trop anecdotiques compte tenu de la clarté éblouissante, des noirs concis, du grain cinéma respecté, de la colorimétrie vive et du relief inattendu pour un film affichant déjà plus de quarante ans au compteur. Enfin, l’ensemble est consolidé par une compression AVC de haute tenue.

Son - 4,0 / 5

Piste unique de cette édition, la version originale DTS-HD Master Audio 1.0 restitue habilement les dialogues et la belle composition de Michael Small (Klute, Marathon Man). Dépourvue de souffle, dynamique, riche, cette version respecte également le caractère intimiste du film et offre de parfaites conditions acoustiques.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis
Multimédia
Portrait d'une enfant déchue
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