Réalisé par Ronald Neame
Avec
Gene Hackman, Ernest Borgnine et Red Buttons
Édité par 20th Century Fox
Alors que les passagers du Poséidon, yacht luxueux en croisière vers la Palestine, s’apprêtent à fêter le réveillon, une catastrophe se prépare : un raz-de-marée a soulevé un mur d’eau de plusieurs dizaines de mètres de hauteur. Instantanément retourné, le paquebot commence à sombrer. Une course contre la montre s’engage alors pour les survivants, qui cherchent désespérément à rejoindre une issue…
L’Aventure du Poséidon demeure aujourd’hui la référence du film catastrophe. Alors qu’Hollywood se tournait vers les petites productions, le producteur Irwin Allen et le réalisateur Ronald Neame créent en 1972 un nouveau genre qui allait ensuite donner naissance à de nombreux plagiats. Avec sa distribution prestigieuse où trônent les impériaux Gene Hackman (BAFTA 1973 du Meilleur acteur) et Ernest Borgnine, les moyens conséquents mis en oeuvre, ses décors extraordinaires, ses effets à couper le souffle réalisés bien avant les images de synthèse (le chavirage entre autre) et son souffle épique, L’Aventure du Poséidon n’a absolument rien à envier à un blockbuster contemporain au budget pharaonique. A part quelques plans de maquettes visibles comme le nez au milieu de la figure, ce grand classique et nous pouvons même dire chef d’oeuvre, demeure un film incontournable du grand cinéma hollywoodien des années 70.
Un boitier classique renferme le Blu-ray. Le menu principal est certes musical, mais désespérément fixe et peu recherché.
Une vague (!) de suppléments pour cette édition HD de L’Aventure du Poséidon !
On commence rapidement par deux commentaires audio, malheureusement en version originale non sous-titrée. Le premier (regorgeant d’anecdotes) est réalisé par le cinéaste Ronald Neame, le deuxième (plus léger et dispensable) donne la parole aux comédiennes Pamela Sue Martin (Susan), Stella Stevens (Linda) et Carol Lynley (Nonnie). Dommage que ces commentaires ne soient réservés qu’aux anglophones !
S’ensuit un documentaire rétrospectif exceptionnel de 30 minutes. Nous retrouvons ici l’ensemble du casting (sauf Gene Hackman) et le réalisateur Ronald Neame, heureux de partager quelques anecdotes savoureuses sur la production de L’Aventure du Poséidon. C’est ici qu’il faudra vous tourner pour savoir comment certaines séquences ont été réalisées, comment le producteur Irwin Allen s’est battu pour que ce film puisse voir le jour malgré une Fox réticente qui préférait alors miser sur les petits films indépendants. Chacun y va de ses souvenirs personnels et commente les conditions de tournage, la création des décors et le triomphe du film qui allait donner naissance à une multitude de copies plus ou moins réussies durant la décennie. Quelques images du tournage dévoilées ici sont en réalité reprises du making of d’époque également disponible plus loin dans l’interactivité.
Nous retrouvons ensuite quelques comédiens du film aperçus précédemment, et qui avaient visiblement oublié de nous dire quelque chose. Ces propos prolongent le segment précédent, sans jamais tomber dans la redite.
Un des comédiens semble s’être isolé du lot. En effet, Ernie Orsatti a certes peu de présence à l’écran dans L’Aventure du Poséidon mais la scène dans laquelle il tombe du plafond et s’écrase sur la verrière demeure l’une des scènes marquantes du film. Ce petit segment permet à l’acteur de se remémorer sa cascade.
Un autre module est consacré cette fois au scénariste Stirling Silliphant. Ce portrait de 10 minutes permet d’en savoir un peu plus sur ce scénariste prolifique qui a d’abord fait ses marques à la télévision avant de marquer le cinéma grâce à des films comme Dans la chaleur de la nuit de Norman Jewison ou La Tour infernale.
Pendant dix minutes, l’écrivain David Morrell (First Blood) ainsi qu’un consultant et professeur de religions réalisent une petite analyse des personnages de L’Aventure du Poséidon en mettant en valeur les métaphores mystiques disséminées ici et là tout au long du film. Les valeurs incarnées par chacun des personnages sont habilement disséquées jusqu’au sacrifice christique final.
L’Aventure du Poséidon a remporté en 1973 l’Oscar de la meilleure chanson originale pour The Morning After, écrite par Al Kasha et Joel Hirschhorn. Il était donc normal qu’un petit documentaire revienne sur la création de cette chanson à travers quelques entretiens avec les compositeurs et son interprète.
Quelques séquences du film ont été tournées sur le pont du RMS Queen Mary, paquebot transatlantique qui avec le Queen Elizabeth a dominé le trafic transatlantique de passagers en assurant, à eux deux, un service hebdomadaire entre Southampton, Cherbourg et New-York. Un segment revient sur l’histoire de ce paquebot converti en hôtel-restaurant en Californie depuis 1967, et qui a largement inspiré les décorateurs du film puisque les plans originaux ont été repris pour la construction des décors en studio. Quelques propos sont également disponibles sur l’écrivain Paul Gallico, qui s’est inspiré d’une de ses croisières mouvementées (le paquebot s’était couché sur le flanc puis redressé) pour créer sa nouvelle L’Aventure du Poséidon.
Nous retrouvons ensuite le réalisateur Ronald Neame qui à travers quelques entretiens, revient sur la création des scènes les plus compliquées du film comme le chavirement du paquebot, les décors inondés, tout en dévoilant les conditions de tournage difficiles dans lesquelles étaient plongés les acteurs.
Comme nous l’indiquions antérieurement, une petite featurette d’époque nous propose un large tour d’horizon sur le tournage du film à travers des images issues des prises de vue. Les acteurs donnent leurs impressions sur le plateau (dont Gene Hackman cette fois-ci).
L’interactivité se clôt sur une comparaison film / storyboards, une large galerie photos (marketing, publicités, coulisses), et deux bandes-annonces.
Le film culte de Ronald Neame est savamment pris en charge par l’éditeur qui livre un master HD très impressionnant, permettant de redécouvrir L’Aventure du Poséidon dans les meilleures conditions techniques. Tout d’abord, la propreté est indéniable et aucune scorie n’a survécu au lifting numérique. La colorimétrie n’a jamais été aussi vive à l’instar des bleus et des rouges, les teintes sont chatoyantes, le relief omniprésent, les contrastes denses, le piqué n’en finit pas d’impressionner, les détails abondent (merci au cadre large !), la profondeur de champ est admirable et la clarté est de mise. Hormis quelques baisses de la définition et divers flous sporadiques sur quelques séquences sombres ou brumeuses, le Blu-ray de ce grand classique se révèle indispensable.
Point de remixage réel à l’horizon si ce n’est que la version originale est proposée en DTS-HD Master Audio 4.0 de fort bon acabit. L’ouverture frontale est immense et plonge le spectateur dans l’ambiance sans difficultés, tandis que les latérales proposent quelques effets participants également à l’immersion (c’est le cas de le dire). Alors certes, cette piste n’a pas la prétention de rivaliser avec les normes actuelles, mais le confort acoustique est largement assuré, les voix demeurent précises et s’accordent avec les saisissants effets « film catastrophe » . La piste française, encodée en Dolby Digital mono au doublage soigné (c’était la bonne époque), peine à s’élever au niveau de son homologue mais contentera les puristes qui ont découvert le film ainsi à la télévision.