Schizophrenia (1983) : le test complet du Blu-ray

Angst

Édition Collector

Réalisé par Gerald Kargl
Avec Erwin Leder, Silvia Rabenreither et Edith Rosset

Édité par Carlotta Films

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Le 04/07/2012
Critique

Un psychopathe est libéré de prison après avoir purgé une longue peine pour un meurtre qu’il a commis sans mobile ni préméditation. Errant en ville, il retrouve le monde avec une seule idée en tête : il tuera à nouveau. Après avoir tenté d’étrangler la conductrice d’un taxi, l’homme s’enfuit et se réfugie dans une maison où habitent une vieille dame, son fils handicapé ainsi que sa jolie jeune fille. Excité par le nouveau terrain de jeu qui s’offre à lui, le tueur s’apprête à frapper…

Véritable choc de l’industrie cinématographique des années 80, Schizophrenia demeure encore aujourd’hui une expérience rare voire hors du commun. Gerald Kargl, qui s’est endetté pour réaliser le film (inspiré d’un fait réel survenu en Autriche en 1980) qu’il avait en tête, s’associe au chef opérateur Zbigniew Rybczynski (qui signe également le montage et le scénario) pour proposer aux spectateurs une plongée dans les méandres d’un esprit malade. Pendant 1h20, le monologue intérieur omniprésent, calme et réfléchi du personnage principal, tente de relativiser le côté injustifiable de ses actes et ne laisse aucune échappatoire aux spectateurs, pris malgré eux dans l’engrenage d’une violence extrême.

Réservé à un public averti, Schizophrenia suit le protagoniste dans tous ses déplacements, sans arrêt, pendant 24 heures. La caméra virtuose, aérienne, libre, capte la vitesse de ses déplacements, reflète ses états d’âmes, également répercutés par un montage épileptique qui met mal à l’aise, le tout étant constamment soutenu par la composition expérimentale de Klaus Schulze et un contrepoint comique inattendu grâce à un teckel très expressif.

Bien avant Benny’s Video et Funny Games de Michael Haneke, totalement immoral et troublant, Schizophrenia est une oeuvre glaçante, portée par l’incroyable Erwin Leder (révélé dans Das Boot de Wolfgang Petersen), dont le visage effrayant s’imprime définitivement dans nos mémoires… et cauchemars.

Présentation - 4,5 / 5

Noir c’est noir. Carlotta glisse un Blu-ray sérigraphié de couleur noire dans un boitier sombre. La jaquette est également obscure et seul le visage frénétique du psychopathe est mis à l’avant. Le tout est glissé dans un surétui. Le menu principal est très angoissant, sombre, animé et bruité, à l’instar d’un film de Gaspar Noé.

Bonus - 4,5 / 5

Prologue (8’) : Un prologue de Schizophrenia a été réalisé à la demande du distributeur international pour rallonger la durée du film. Satisfait de son premier montage, Gerald Kargl ne disposait plus d’aucun budget pour ce faire. Des scènes supplémentaires ont néanmoins été tournées, en une seule journée, par une équipe réduite composée du directeur de la photographie Zbig Rybczynski, du comédien Erwin Leder, de quelques figurants, de plusieurs assistants-caméra, de la maquilleuse et du réalisateur lui-même.

Ce prologue, montre le meurtre qui a conduit le psychopathe en prison. Un montage présente le personnage via des photos d’enfance et anthropométriques, tandis qu’un portrait psychologique est dressé, reprenant en fait les arguments délivrés plus tard dans le film par le personnage principal, pendant qu’il assassine ses proies. Notons que ce prologue est disponible à la fois en allemand (sous-titré) et en français, puisque la copie du film qui circulait en France comprenait ce prologue, auquel Gaspar Noé fait explicitement référence dans son interview.

Influences (25’22”) : En reprenant la place du psychopathe à l’arrière d’une voiture, le réalisateur Gaspar Noé livre un témoignage personnel sur Schizophrenia, film matrice de son oeuvre. Notre interlocuteur raconte quand il a découvert le film la première fois (en VHS), comment le film a été perçu à sa sortie, et rend hommage au doublage français, qui demeure pour lui l’un des meilleurs doublages jamais réalisés.

Gaspar Noé avoue avoir vu le film 30 à 40 fois et défend la version française qui selon lui, permet aux spectateurs de mieux s’immiscer dans la tête du personnage, sans avoir l’entrave des sous-titres à lire. Ensuite, le cinéaste évoque comment Schizophrenia a largement influencé ses films, notamment Seul contre tous, dont le début du film rend hommage au prologue du film de Gerald Kargl. Dans la dernière partie de cet entretien, Gaspar Noé passe en revue la mise en scène de Schizophrenia, les prouesses de caméra (le film ayant été entièrement tourné par réflexion dans un miroir), le système des harnais, et évoque rapidement sa rencontre avec Gerard Kargl.

Entretien avec Gerald Kargl (27’30”) : Réalisée en 2003 pour les 20 ans du film, cette interview du réalisateur de Schizophrenia en apprend beaucoup sur le fait divers à l’origine du film (une affaire de triple meurtre qui secoua l’Autriche en 1980), et l’investissement du comédien Erwin Leder (découvert en 1981 dans Das Boot de Wolfgang Petersen) dans le rôle du psychopathe.

Gerald Kargl évoque tour à tour la sortie controversée du film (classé X aux Etats-Unis, même pas sorti en Angleterre) et les débats qui s’ensuivirent, le rejet des films d’horreur européens au début des années 80, les difficultés de financement (400.000 euros pour un budget jamais amorti et qui a ruiné le réalisateur), les techniques de prises de vue à travers le miroir, les partis-pris esthétiques, l’usage du monologue intérieur, et son travail dans la publicité qui lui a permis de survivre et de rembourser ses dettes contractées à l’autofinancement de Schizophrenia. Notons que le réalisateur évoque un commentaire audio, qui n’a visiblement pas été repris sur cette édition. Mais qu’importe, puisque les informations glanées ici et dans les autres modules remplacent un commentaire proprement dit.

Entretien avec Erwin Leder et le Dr. Harald David (26’) : Le comédien de Schizophrenia s’entretient ici avec un expert en psychiatrie médico-légale et d’alcoolo-dépendance sur les manifestations de la violence dans la société contemporaine, de son expression dans les arts et en particulier dans le film de Gerald Kargl. La psychologie du personnage principal est abordée, ainsi que la gestion des névroses obsessionnelles du quotidien, les crimes en série au XXIè siècle, l’influence du cinéma et des films de genre. Si certains arguments demeurent intéressants, le rythme est lent et l’ensemble s’essouffle rapidement.

Entretien avec Zbigniew Rybczynski (27’08”) : Le directeur de la photographie est ici seul en scène et passe en revue tous les aspects de Schizophrenia. Dans un module dense et passionnant, notre interlocuteur évoque sa rencontre et sa collaboration avec le réalisateur Gerald Kargl, aborde la technique (croquis à l’appui) des prises de vue (dont le fameux miroir évoqué dans les autres segments), le scandale de l’affaire Kniesek à la base du film, l’évolution du scénario, le financement du film. Quelques photos montrant les conditions de tournage parsèment l’entretien qui croise avec concision le fond et la forme de Schizophrenia.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et les credits du Blu-ray.

Image - 4,5 / 5

Bien que le film ait été tourné au format 1.66, Carlotta nous propose un nouveau master HD 1.77 entièrement supervisé et approuvé par le réalisateur Gerald Kargl. La propreté de la copie frappe d’emblée, et malgré quelques fourmillements et rayures verticales constatables durant le générique d’ouverture, le grain est joliment préservé et l’image trouve un équilibre dès les scènes de prison. L’encodage AVC affermit les contrastes, plutôt denses, le piqué se fait parfois plus ferme, la caméra virevoltante peut compter sur une compression de haute volée et les seuls tremblements qui demeurent ne sont dus qu’aux conditions des prises de vue. La colorimétrie est froide, quelques tons se révèlent surannés et la gestion des séquences sombres et nocturnes est solide.

Son - 4,5 / 5

Les versions allemandes et française sont encodées en DTS-HD Master Audio 1.0. Le doublage est certes très réussi mais les ambiances sont plus riches et précises sur la version originale. Si les deux mixages sont très propres, la piste allemande propose une restitution plus claire des dialogues, la musique lancinante du compositeur Klaus Schulze, pionnier de musique électronique est nettement plus marquante en VO qu’en VF (qui s’accompagne également de saturations) et ce, sans aucune commune mesure. Il n’y a qu’à comparer la fuite du psychopathe dans les bois : en VO, la musique accompagne le tueur dans sa course tandis qu’en VF, le thème est nettement plus éloigné et peu ardent. Quelques silences, particulièrement glaçants témoignent de l’absence d’un souffle ou de craquements intempestifs.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
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jean-marc
Le 12 juillet 2012
Massacre au pan & scan inversé. Transformer un 4/3 en 16/9 parce que c'est plus vendeur, c'est du NRJ12, pas de la cinéphilie !
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Giuseppe Salza
Le 30 juin 2012
Pas de commentaire.

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