Les Mariés de l'an Deux (1970) : le test complet du Blu-ray

1793. Nicolas Philibert a fait fortune au Nouveau-Monde après y avoir été exilé. Pour parfaire sa réussite en épousant une riche américaine, il doit retourner en France et divorcer de sa femme Charlotte. De l’autre côté de l’Atlantique, la Révolution bat son plein, et Charlotte s’apprête à épouser un marquis. Après des retrouvailles épiques dans le camp des royalistes, Charlotte et Nicolas replongent dans leurs anciennes querelles.

Après son premier long-métrage La Vie de château, beau succès critique et public de l’année 1966, Jean-Paul Rappeneau frappe fort dès son second film, Les Mariés de l’An II, comédie d’aventure sur fond historique au budget dantesque mettant en scène Jean-Paul Belmondo et Marlène Jobert. Comme souvent, le cinéaste fait la part belle aux décors naturels et au souffle épique, mais l’empathie envers les personnages a beaucoup de mal à prendre, d’autant plus que le couple principal, qui ne s’est pas entendu sur le plateau, manque de spontanéité. Le film pèche parfois par trop d’excès, trop de cris, trop de vent brassé, malgré une photo de Claude Renoir soignée et des scènes d’action plaisantes. Si Les Mariés de l’An II demeure un film divertissant et bourré de charme (soutenu par la belle composition de Michel Legrand), la technique tend à prendre le dessus sur la psychologie des personnages, des gens normaux plongés malgré eux dans une situation historique, qui se révèlent pour le coup plus esquissés que réellement aboutis.

De la jaquette en passant par l’élégance des menus et la restauration du film lui-même, saluons le travail de l’éditeur qui n’a pas son pareil pour offrir au spectateur un bel objet à ranger dans sa collection Gaumont Classique.

Repris de l’interactivité du DVD édité en 2004, le documentaire Un capitaine dans la tempête (32min) donne la parole à Bernard Stora (assistant du réalisateur), Willy Holt (chef décorateur), Marlène Jobert (Charlotte), Sami Frey (le Marquis Henri de Guérande), Pierre Gillette (chef monteur), Nadine Muse (assistante monteuse), N.T. Binh (historien du cinéma), Jean-Paul Rappeneau (réalisateur) et Michel Legrand (compositeur). Contrairement à ce que l’on pourrait penser en voyant le film, le tournage des Mariés de l’An II n’a pas été de tout repos et demeure même le plus triste de la carrière de Jean-Paul Rappeneau. Comme nous l’apprenons dans ce module, la faute en revient à un tournage chaotique à Bucarest où l’équipe s’était installée suite au coût élevé du film, mais aussi à la non-entente entre Marlène Jobert et Jean-Paul Belmondo (que l’on voit sur le plateau via de fabuleuses images d’archives). Comme d’habitude, les photos de tournage illustrent les propos des intervenants sur un rythme soutenu. Ce document qui s’attarde sur la genèse des Mariés de l’An II, l’évolution du scénario, le casting (Julie Christie et Warren Beatty, qui voulait le jouer et le produire, ont été approchés), les aléas du tournage, la musique, demeure incontournable.

Nous retrouvons ensuite un module intitulé Legrand-Rappeneau, allegro brillante (27min) marqué par les témoignages de Michel Legrand (compositeur), Jean-Paul Rappeneau (réalisateur) et Stéphane Lerouge (restaurateur de bandes-originales de films, musicologue), centré comme son titre l’indique sur la composition de Michel Legrand. Si la suffisance de ce dernier qui se considère comme le dernier grand compositeur de musiques de films encore en vie peut fortement irriter, il serait quand même dommage de louper ce documentaire qui analyse le processus créatif du musicien. De son côté, Stéphane Lerouge se révèle toujours aussi passionnant.

Notons que l’édition DVD sortie en 2004 proposait quelques segments non repris ici, à l’instar d’un document sur le nouvel étalonnage du film ou un autre centré sur le contexte historique des Mariés de l’An II.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

Réalisé à partir d’un négatif étalonné en 2K, le master HD des Mariés de l’An II n’est pas exempt de défauts mais se révèle globalement satisfaisant. A l’instar des autres titres de la collection Gaumont Classiques, cette copie bénéficie d’un traitement de faveur concernant la restauration et aucune scorie n’est à signaler. Soutenu par une solide compression AVC, l’image affiche une belle stabilité mais c’est au niveau des contrastes que cela gène légèrement car nous attendions une colorimétrie plus riche et ferme. Le grain cinéma a certes été atténué mais demeure palpable, quelques flous sporadiques sont à noter et l’étalonnage tend à varier au cours d’une même séquence. Ce sont finalement les séquences diurnes qui s’en tirent le mieux avec une clarté indéniable, des teintes plus variées et un piqué nettement plus ciselé. La profondeur de champ y est tout aussi nette, tout comme la photo de Claude Renoir, habilement restituée.

La piste DTS-HD Master Audio Mono permet à la superbe partition de Michel Legrand de s’étendre et de s’aérer. Si les dialogues de la partie américaine se révèlent couverts et manquent de clarté, cela s’arrange après avec des voix plus distinctes. De plus, on crie plus qu’on ne parle dans Les Mariés de l’An II et heureusement, les saturations sont évitées, l’ensemble est propre et le confort acoustique finalement assuré. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.