Sans issue (2012) : le test complet du Blu-ray

Will Shaw, un étudiant américain, part en Espagne rejoindre sa famille pour une croisière pendant les vacances. Mais à son arrivée, il découvre un bateau vide et des traces de sang. Il est contacté par une mystérieuse organisation qui lui apprend que son père est en réalité un agent de la CIA. Celui-ci a disparu avec des documents importants. Will dispose de quelques jours pour le retrouver s’il veut sauver le reste de sa famille.

Remarqué en 2005 avec son premier long métrage Virgil, le cinéaste Mabrouk El Mechri signe en 2008 JCVD qui lui vaut d’être remarqué par la critique internationale. Sans surprise, à l’instar de quelques uns de ses compatriotes (Mathieu Kassovitz, Pascal Laugier, Florent-Emilio Siri, Pitof) on le retrouve aux commandes d’un film américain, Sans issue, thriller d’action dans lequel il dirige la nouvelle star Henry Cavill, et deux vétérans du genre, Bruce Willis et Sigourney Weaver, dans la ville de Madrid, trop rarement présente au cinéma.

Malgré une bonne exposition durant lequel Mabrouk El Mechri prend le temps d’installer les personnages, le scénario et la mise en scène partent à vau-l’eau, faisant passer le film du stade de série B sympathique à celui de navet pour finir en nanar inintéressant et risible. Les séquences d’action sont terriblement mal filmées (mention spéciale à la poursuite sur les toits), l’intrigue tenant sur un papier OCB s’épuise en quelques minutes, les rebondissements sont grotesques. Seul Henry Cavill a pourtant l’air d’y croire et donne de sa personne pendant 1h30, tandis que Bruce et Sigourney apparaissent pour payer leurs impôts sur le revenu.

Le visuel de la jaquette est attractif, aucun doute là-dessus. Même chose concernant le menu principal relativement chiadé, animé et musical, qui promet un film explosif. Mais ça, c’était avant que vous n’enclenchiez le film.

Outre la bande-annonce, l’éditeur nous joint un Electronic Press Kit constitué uniquement d’interviews des trois comédiens principaux et du réalisateur Mabrouk El Mechri. Pendant près de 20 minutes, chacun tente avec le sourire de promouvoir Sans issue en racontant tout le film. Henry Cavill se lance dans des longues phrases dont la fin n’a rien à voir avec le début, Bruce Willis, entre deux soupires tente d’expliquer pourquoi il a accepté de faire ce film, tandis que Sigourney Weaver, hilare, a hâte que son mari découvre le film. Doit-on y voir une forme d’ironie ? Toujours est-il que le cinéaste, en anglais, mixe un peu tout cela en racontant l’histoire, en soupirant, et en étant fier du résultat.

Ce n’est pas qu’on attendait beaucoup du Blu-ray de Sans issue mais quand même, le master HD déçoit plus que de raison et ce à cause d’un piqué souvent émoussé et une gestion des contrastes parfois légère. Toutes les séquences sombres ou tournées en nuit américaine (très laides) manquent cruellement de définition, un voile agaçant tend à apparaître et les détails font cruellement défaut. Heureusement, ça se rattrape un peu sur les scènes diurnes au relief certain, à la luminosité plaisante, rendant hommage à la beauté des paysages de la péninsule ibérique. La colorimétrie est à l’avenant et le cadre large retrouve enfin une profondeur de champ inespérée. Notons néanmoins quelques légers fourmillements et des noirs inégaux.

Là encore on reste perplexe. Bien qu’encodés en DTS-HD Master Audio 5.1, les mixages anglais et français se révèlent bien paresseux et donc forcément décevants. Il ne faut pas hésiter à monter le volume pour créer un confort acoustique suffisant puisque les latérales distillent leurs effets avec parcimonie, tandis que la balance frontale peine à créer un espace sonore convaincant. Même chose concernant les dialogues qui manquent de peps sur la centrale, autant en français qu’en anglais. Heureusement, les scènes d’action sont un peu mieux loties, mais encore une fois, on s’attendait à une exploitation beaucoup plus mordante. Le caisson de basses se réveille lors de la poursuite finale dans les rues de Madrid, mais il ne reste que 10 minutes de film.