Bande à part (1964) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Jean-Luc Godard
Avec Anna Karina, Danièle Girard et Louisa Colpeyn

Édité par Gaumont

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Le 05/12/2012
Critique

Les mésaventures tragi-comiques de deux jeunes malfrats, Frantz et Arthur, qui avec l’aide d’Odile, jeune fille naïve, tentent un coup minable : dérober une somme d’argent volé au fisc par l’oncle d’Odile…

Bien que Bande à part ait été renié par Jean-Luc Godard, cette petite série B en N&B interprétée par des jeunes comédiens français prometteurs (Claude Brasseur, Sami Frey, Anna Karina) demeure l’une des oeuvres les plus connues de JLG à travers le monde.

Après Le Mépris, gros film doté d’un budget confortable, de la couleur, du cadre large, de stars au générique et d’un tournage en Italie, Bande à part permet à Godard de retrouver une équipe modeste et à taille humaine, sur Paris et sa banlieue, pour adapter une série noire recommandée par François Truffaut, Fool’s Gold de Dolores Hichens. Aujourd’hui, outre son statut culte international (la scène du Madison est connue de par le monde), Bande à part demeure l’un des films les plus accessibles, solaires (magnifique photo de Raoul Coutard) et drôles de JLG.

Avec son rythme effréné, sa caméra virevoltante et ses personnages courant d’un point à l’autre, on pense beaucoup à une nouvelle version de Jules et Jim et l’énergie est toujours aussi communicative. Un film libre, dense, où les héros, voyous romantiques, bondissants, poètes et cyniques contrastent et magnifient la fragile mélancolie de la jeune fille, superbement interprétée par Anna Karina. Bande à part est un chef d’oeuvre.

Présentation - 4,5 / 5

De la jaquette en passant par l’élégance des menus (reprenant la séquence culte du Madison) et la restauration du film lui-même, saluons le travail de l’éditeur qui n’a pas son pareil pour offrir au spectateur un bel objet à ranger dans sa collection Gaumont Classique.

Bonus - 3,5 / 5

Point de documentaires rétrospectifs ou de making of pour cette édition Blu-ray de Bande à part mais 5 longs entretiens avec la comédienne Anna Karina (39’), le cinéaste Claude Chabrol (26’), l’historien et critique de cinéma Antoine De Baecque (auteur d’une biographie sur Godard éditée chez Grasset - 16’), l’historienne du cinéma Denitza Bantcheva (22’) et le réalisateur-scénariste Alexandre Astruc (19’).

Ces deux derniers documents sont exclusifs à l’édition HD et se révèlent par ailleurs les modules les plus faibles du lot. En effet, le premier nous rappelle les leçons d’histoire que nous écoutions au lycée la bouche ouverte, la bave écumante à la commissure des lèvres, en attendant que sonne le gong de la fin de journée. Si Denitza Bantcheva connaît bien son sujet, l’énumération des influences cinématographiques, littéraires (Raymond Queneau, Jules Verne, Jack London) et picturales qu’elle se propose d’énumérer est faite de manière soporifique et monolithique. De plus certains propos font écho avec ce qui a été entendu dans les modules précédents.

L’interview du réalisateur Alexandra Astruc, alors âgé de 89 ans, est plus complexe à suivre, non pas en raison des sujets abordés, mais parce-que l’élocution hésitante de notre interlocuteur peine à soutenir l’intérêt. L’entretien se révèle trop décousu.

Privilégiez donc la géniale interview d’Anna Karina réalisée en 2010 à travers laquelle la comédienne se confie sur sa relation avec Jean-Luc Godard, sur ou en dehors du plateau, le statut culte international du film Bande à part, la diversité de ses rôles, le tout étant accompagné d’extraordinaires anecdotes liées au tournage de Bande à part (dont la préparation de la scène du Madison) ou d’un départ en vacances chaotique avec JLG dans le Sud de la France.

S’ensuit l’entretien avec Claude Chabrol, enregistré peu de temps avant la mort du réalisateur et qui paraît ici bien fatigué. Malgré tout, l’intéressé n’avait rien perdu de son franc-parler et égratigne « poliment » le mythe JLG. Claude Chabrol y évoque également sa rencontre avec Jean-Luc Godard aux Cahiers du cinéma et passe quelques unes des oeuvres de son confrère en les critiquant ouvertement.

Auteur d’une longue biographie sur JLG, Antoine de Baecque signe ici l’analyse rétrospective de Bande à part la plus complète et passionnante de cette interactivité. Il replace le film dans la carrière de JLG, dévoile quelques anecdotes liées au tournage (Anna Karina avait tenté de se suicider deux fois avant le tournage, Bande à part lui a été offert par JLG pour la sortir de sa dépression), les thèmes explorés, le casting, les scènes cultes du film et l’accueil glacial reçu à sa sortie (moins de 40.000 spectateurs dans les salles).

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

Image - 4,5 / 5

Fort d’un master au format respecté 1.33 et d’une compression AVC, ce Blu-ray en met souvent plein les yeux dès le générique d’ouverture même si la mise en scène spontanée de JLG occasionne quelques sensibles pertes de la définition sur les mouvements brusques de la caméra. La restauration est cependant étincelante, les contrastes d’une densité impressionnante, les gris riches, les blancs lumineux et le grain original heureusement préservé, sans lissage excessif. Cependant, la séquence du stand de tir s’accompagne d’un halo peu reluisant et le piqué s’en trouve plus altéré. Le reste du temps, les détails étonnent par leur précision et les gros plans sont sublimes.

Son - 4,0 / 5

La piste DTS-HD Master Audio mono 1.0 n’est certes pas exempt de saturations, résonances et de quelques répliques qui paraissent étouffées, mais le confort acoustique est suffisamment assuré. La musique de Michel Legrand est dynamique, aucun souffle n’est à déplorer (comme le prouve la minute de silence), et les ambiances de rue sont bien délivrées, même à volume peu élevé. Notons tout de même que la voix-off assurée par JLG lui-même est un peu chuintante. L’ensemble est clair et distinct, la propreté est de mise. L’éditeur joint également les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm