Le Grand soir (2012) : le test complet du Blu-ray

Les Bonzini tiennent le restaurant « la Pataterie » dans une zone commerciale. Leur fils ainé, Not, est le plus vieux punk à chien d’Europe. Son frère, Jean Pierre, est vendeur dans un magasin de literie. Quand Jean Pierre est licencié, les 2 frères se retrouvent. Le Grand Soir, c’est l’histoire d’une famille qui décide de faire la révolution… à sa manière…

Les deux trublions qui ont écrit et réalisé Aaltra, Avida, Louise-Michel et Mammuth sont de retour ! Benoît Delépine et Gustave Kervern signent avec Le Grand soir un western moderne prenant pour cible la société de consommation, en plongeant le spectateur dans l’univers d’un centre commercial situé en zone périurbaine. Poursuivant leur petit bonhomme de chemin, les deux scénaristes et réalisateurs mettent en valeur une fois de plus des personnages solitaires, à la limite de la folie, fantasques, où le désespoir n’est jamais bien loin. Ce cinquième film du binôme réunit deux des comédiens qui jusqu’alors avaient marqué leurs oeuvres précédentes pas de petites apparitions, Albert Dupontel et Benoît Poelvoorde.

La plume décalée et la caméra marginale de Delépine-Kervern égratignent encore une fois les travers d’une société régit pas la consommation où les enseignes et les néons multicolores ornent les coins les plus reculés. Les paumés de cette histoire s’interrogent sur leur filiation dans un décor de western de pacotille et se retrouvent confrontés à un monde en pleine déroute qu’ils souhaitent réveiller en appelant à la révolution. Le duo Albert Dupontel-Benoît Poelvoorde (« le plus vieux punk à chien d’Europe »), épaulé par l’alien Brigitte Fontaine et par les apparitions incontournables de Miss Ming, Gérard Depardieu en mode péruvien, Yolande Moreau et Bouli Lanners, fonctionne à plein régime, les situations sont tordantes, la poésie est omniprésente, et malgré quelques baisses de régime dans la dernière partie et un final peu emballant, le plaisir de se replonger dans l’univers singulier, drôle et amer des deux journalistes de Groland est intact.

Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film. Le menu principal est élégant, animé, lumineux et musical. Le boitier est de couleur rouge.

On commence les hostilités par un commentaire audio dense et spontané des deux réalisateurs Gustave Kervern et Benoît Delépine. Comme nous avions déjà pu le constater, les deux compères sont très à l’aise dans l’exercice et délivrent de nombreuses anecdotes liées au tournage du Grand soir, comme par exemple le fait d’avoir rasé les cheveux de Poelvoorde sans son consentement. Les décors, le casting, le vin de Gérard Depardieu (qui fait vomir), l’harmonica d’Alain Bashung, les Wampas, voilà ce qui vous attend dans ce programme que l’on vous recommande chaudement.

Un making of (21’) remplit ensuite parfaitement son contrat même s’il ne faut pas s’attendre à ce que les deux réalisateurs s’attardent à raconter comment Le Grand soir a vu le jour. Ce documentaire est surtout centré sur le tournage des scènes de concert avec les Wampas et celles se déroulant à la Pataterie. Aux images des prises de vue se mêlent les très beaux propos des deux vedettes sur les metteurs en scène.

S’ensuit la folle journée de l’équipe du Grand soir au Festival de Cannes (8’) où l’on peut voir Gustave Kervern s’incruster sur le photocall de The Tree of Life pour venir serrer la main à Brad Pitt, tandis qu’Albert Dupontel et Benoît Poelvoorde démontent le pupitre devant des photographes hystériques. Nous les suivons ensuite sur le tapis rouge, lors des interviews promotionnelles et de la montée des marches, jusqu’au concert des Wampas où les deux comédiens et Jean Dujardin qui passait en ami se jettent dans les spectateurs en transe. Notons que la bande-annonce du film a été incluse dans ce document alors que nous la retrouvons à part dans l’interactivité.

Nous trouvons enfin 21 minutes de scènes coupées (disponibles avec le commentaire des deux réalisateurs) durant lesquelles le quotidien des personnages est un peu plus prolongé. Notons pêle-mêle une critique de l’éloge du sport et du bonheur préfabriqué, le bébé qui passe de main en main, Albert Dupontel qui vole le matelas de sa femme, ainsi que la séquence mettant en scène les deux vedettes du film ayant donné naissance à l’affiche du film. Mais le meilleur de ces séquences coupées demeure l’apparition du cinéaste Barbet Schroeder dans le rôle du père « supposé » de Not (Benoît Poelvoorde).

Nous vous laissons trouver les deux bonus cachés. Ce que l’on peut dire, c’est que vous accèderez à un clip de Brigitte Fontaine, ainsi qu’à un délire communicatif de Benoît Poelvoorde sur le plateau.

Bravo à Advitam qui livre un magnifique Blu-ray du Grand soir et permet aux spectateurs de revoir cette fantaisie dans les plus belles conditions techniques. La colorimétrie est vive et flamboyante dès le début, la luminosité est aveuglante, le piqué constamment acéré et les contrastes denses. Si la réalisation parfois à la volée occasionne quelques pertes des détails ainsi que des flous involontaires, la copie demeure immaculée, le cadre large est superbe, le grain flatteur et la profondeur de champ fort appréciable. Un transfert full HD qui en met plein les yeux et comme le dit Brigitte Fontaine dans le film, « pas mâââââl ! ».

Le Grand son ! Le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 exploite magnifiquement chacune des enceintes et délivre un lot impressionnant d’effets en tous genres dont l’apothéose s’avère les séquences de concert des Wampas. Le caisson de basses est explosif et rebondit presque sur le parquet, les voix sont exsudées avec force par la centrale, les latérales sont intelligemment mises à contribution à l’instar des bruits constants de la circulation ou des annonces faites dans les bureaux de la sécurité du magasin. A ce stade, la piste DTS-HD Master Audio Stéréo devient anecdotique mais se révèle largement suffisant pour ceux qui ne seraient pas équipés sur les enceintes arrière. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.