Faust (2011) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Alexandre Sokourov
Avec Johannes Zeiler, Anton Adasinskiy et Isolda Dychauk

Édité par Blaq Out

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Le 08/01/2013
Critique

Librement inspiré de l’histoire de Goethe, Alexandre Sokourov réinterprète radicalement le mythe. Faust est un penseur, un rebelle et un pionnier, mais aussi un homme anonyme fait de chair et de sang conduit par la luxure, la cupidité et les impulsions.

Avec Faust, Alexandre Sokourov clôt sa tétralogie consacrée au totalitarisme, au pouvoir et à la corruption entamée avec Moloch (1999), Taurus (2001) et Le Soleil (2005). Le cinéaste revisite le mythe allemand et s’empare de l’oeuvre de Goethe. Il faut bien l’avouer, même si on ne comprend pas ce qui se déroule à l’écran la plupart du temps, Faust demeure une oeuvre d’une sidérante beauté, mise en lumière par le directeur de la photographie Bruno Delbonnel (Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain) et très inspirée par la peinture allemande (Albrecht Altdorfer et surtout Carl Spitzweg). Sokourov réinterprète Faust à travers un film expérimental mais signe une oeuvre hermétique, très bavarde, qui manque de souffle, d’émotions et même d’âme, ce qui toutefois n’est pas anodin puisque Faust n’a de cesse de chercher l’âme dans ses diverses autopsies.

Faust peut se voir non seulement comme le dernier volet d’une tétralogie qui allie à la fois le sublime et le grotesque (caractérisé par le personnage de Méphistophélès, très impressionnant), mais aussi et également comme la préquelle dont dépendront le destin des trois hommes évoqués dans chacun des films précédents (Hitler, Lénine, Hirohito). Faust ou la naissance du Mal en quelque sorte.

Faust de Sokourov est un peu comme une exposition à laquelle on se rend avec empressement, où l’on admire les toiles ou les photographies qui parviennent souvent à nous envouter, mais dont on ne saurait parler une fois sorti du musée. Au final, du point de vue émotionnel et physique, on a parfois du mal à garder les yeux ouverts devant ce Faust étouffant, d’autant plus que le thème musical d’Audrey Sigle rappelle furieusement celui de… Bonne nuit les petits, ce qui n’aide pas vraiment à garder les paupières ouvertes. A ce titre, le Faust de Murnau (1926) le surpasse en tous points et demeure la plus grande illustration de l’oeuvre de Goethe au cinéma.

Présentation - 4,0 / 5

Le test a été réalisé sur check-disc. Le menu principal est fixe, mais très élégant et musical.

Bonus - 2,5 / 5

Point de making of, encore moins une interview avec Alexandre Sokourov, mais deux entretiens au programme, l’un avec Jean Lacoste (23’), l’autre avec Jacques Le Rider (20’). Germanistes, philosophes, les deux hommes sont également les traducteurs en français de Faust intégral de Goethe. Dans ces exposés très pointus mais passionnants, nos deux interlocuteurs développent plusieurs points, à savoir l’origine de l’oeuvre de Goethe, la figure féminine, la légende de Faust, la vision prophétique de la science, l’exaltation de la théorie des couleurs, la présence obsédante et la représentation du mal, l’interprétation de Sokourov. Il est amusant de noter que Jean Lacoste semble au départ critique envers le Faust de Sokourov, mais se prend finalement à relever de nombreux éléments qui lui semblent pertinents, comme s’il redécouvrait et appréciait finalement le film tout en l’évoquant. Quoi qu’il en soit, ces deux entretiens permettent de mieux appréhender l’adaptation de Faust par Sokourov.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

Image - 4,0 / 5

Il est important de signaler d’emblée que nous sommes en présence d’un Blu-ray au format 1080i… Cette déconvenue se rattrape quelque peu sur les scènes diurnes tournées en extérieur avec un piqué aussi pointilleux que possible malgré les volontés artistiques originales qui donnent du fil à retordre à l’encodage. La magnifique photo dorée et ouatée de Bruno Delbonnel (Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, Across the Universe) est ici conforme à la découverte du film dans les salles, les contrastes sont aléatloires, les noirs cotonneux, les teintes sépia, marron, verte et bleue merveilleusement mises en valeur. N’oublions pas le format original 1.37 avec ses coins arrondis qui risquent de perturber certains au début du film, tout comme les anamorphoses chères au metteur en scène, qui sont évidemment respectées.

Son - 4,0 / 5

L’éditeur dispose de deux mixages allemands, DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0. Le premier déçoit par son manque d’envergure et de peps, tant au niveau de la délivrance des dialogues que des effets latéraux. S’il n’y a pas grand-chose à redire sur la balance frontale, ce mixage ne parvient pas vraiment à immiscer le spectateur dans l’ambiance surprenante du film, à part peut-être durant la dernière partie avec le geyser en éruption où le caisson de basses se réveille un peu. En revanche, la piste stéréo s’en tire avec les honneurs et fait la part belle au moindre petit bruitage (à l’instar des personnages qui marchent sur les feuilles mortes). Les voix sont claires et nettes, les ambiances saisissantes. N’hésitez donc pas à sélectionner directement la piste 2.0. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
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Franck Brissard
Le 7 novembre 2014
Pas de commentaire.
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Sabrina Piazzi
Le 13 janvier 2013
Pas de commentaire.

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