Le Nom des gens (2010) : le test complet du Blu-ray

Bahia Benmahmoud, jeune femme extravertie, se fait une haute idée de l’engagement politique puisqu’elle n’hésite pas à coucher avec ses ennemis pour les convertir à sa cause - ce qui peut faire beaucoup de monde vu qu’en gros, tous les gens de droite sont concernés. En règle générale, elle obtient de bons résultats. Jusqu’au jour où elle rencontre Arthur Martin, comme celui des cuisines, quadragénaire discret, adepte du risque zéro. Elle se dit qu’avec un nom pareil, il est forcément un peu facho. Mais les noms sont fourbes et les apparences trompeuses…

Contre toute attente, Sara Forestier avait damé le pion à ses aînées (Isabelle Carré, Catherine Deneuve, Charlotte Gainsbourg, Kristin Scott Thomas) lors de la Cérémonie des Césars en 2011, en raflant la compression de la meilleure actrice pour Le Nom des gens, succès surprise de 2010 ayant attiré plus de 800.000 spectateurs. Qui plus est, le réalisateur Michel Leclerc (J’invente rien) et sa co-scénariste Baya Kasmi ont raflé de leur côté le César du meilleur scénario original.

Excellente comédie, originale, tant sur le fond que sur la forme, et souvent touchante, Le Nom des gens est génialement interprétée par Sara Forestier (explosive), Jacques Gamblin (parfait) et de savoureux seconds rôles, Zinedine Soualem en tête, suivi de Jacques Boudet, Michelle Moretti, Carole Franck et un certain Lionel Jospin dans son propre rôle. Avec une rare décontraction, prenant comme partis-pris que l’on peut rire de tout, Michel Leclerc livre une oeuvre militante, ouvertement de gauche, doublée d’une belle histoire d’amour, qui s’intéresse aussi et surtout à l’engagement politique, aux racines, aux origines et à l’intégration des immigrés en France.

Avec ses répliques mordantes fusant à cent à l’heure, Le Nom des gens n’a pas peur de foncer dans le tas et l’on remercie grandement le réalisateur et sa co-scénariste (et compagne) Baya Kasmi pour cette petite tornade de fraîcheur bienvenue dans la comédie française.

La sérigraphie et la jaquette reprennent le visuel de l’affiche du film. Il en est de même pour le menu principal, animé, musical et lumineux.

Nous retrouvons les principaux suppléments de l’édition SD, sauf les deux chansons écrites et interprétées par Michel Leclerc et Baya Kasmi.

Le making of de 12 minutes est réalisé par Baya Kasmi. Ce documentaire adopte le ton du film avec une certaine poésie, tout en dressant un joli portrait intime du réalisateur Michel Leclerc. Baya Kasmi, co-scénariste et compagne du réalisateur, évoque leur rencontre et commente quelques images Super 8 tirées de leurs archives personnelles pour indiquer d’où proviennent les thèmes du film. A travers de nombreuses images filmées sur le plateau où l’on peut voir les deux comédiens principaux répéter avec Michel Leclerc, ce très joli making of intimiste revient intelligemment sur le film.

L’éditeur joint également un collage de séquences coupées (16’) qui s’avère excellent. Visiblement écartées du montage pour une question de durée, notamment durant les scènes d’exposition, on y voit pêle-mêle le père de Bahia s’extasier devant le ramassage quotidien des poubelles en France (génial Zinedine Soualem), ses diverses galères, la mère de Bahia éduquant les jeunes pour bien faire cramer une voiture (« mais à faire seulement dans les beaux quartiers »), Bahia prônant les seins nus dans la communauté, etc… Cette succession de vignettes tordantes approfondit également le malaise du personnage d’Arthur (Jacques Gamblin) vis-à-vis de sa religion. Enfin, ne loupez pas les leçons de taekwondo où se rend Arthur pour échapper à la visite de ses parents, un beau moment de rigolade.

Ne ratez pas non plus le court-métrage réalisé par Baya Kasmi, J’aurais pu être une pute (2010), qui fait écho au Nom des gens à travers ses personnages génialement interprétés par Bruno Podalydès et Vimala Pons. À la caisse d’un magasin de bricolage, Mina est submergée par une crise d’angoisse et tombe dans les bras de Pierre. A la sortie du magasin, Mina suit son « sauveur » dans la rue, jusqu’à l’entrée de son immeuble puis s’incruste finalement chez lui où elle finit par lui confier son mal-être dû à un traumatisme remontant à l’enfance. Sexy, drôle et émouvant, ce court-métrage complète parfaitement l’univers et la thématique du Nom des gens.

Le master SD avait déçu par son manque de netteté et sa médiocre gestion des contrastes. Pour son édition HD, Le Nom des gens se refait une petite santé, bien que le résultat reste en demi-teinte. Les partis-pris esthétiques comme l’usage de couleurs chaudes à dominante ambrée sont plus équilibrés, les détails sont plus ciselés et le piqué renforcé. La clarté est de mise, les plans rapprochés impressionnent, mais la colorimétrie manque toujours autant de naturel, les teintes paraissent trop vives, le teint des comédiens demeure cireux et quelques flous subsistent. En revanche, les quelques scènes en N&B possèdent un très joli grain et les autres séquences tournées en Super 16 et en Super 8 demeurent cette fois encore les mieux gérées avec une texture de film ancien joliment restituée, aux couleurs désaturées. Certes, l’étalonnage a été révisé mais l’ensemble manque d’homogénéité.

Le Mixage DTS-HD Master Audio 5.1 délivre de rares ambiances naturelles et l’action demeure essentiellement frontale. Les dialogues sont saisissants sur l’enceinte centrale et la balance gauche-droite dynamique, mais les latérales exsudent avec trop de parcimonie les quelques effets attendus. Seule la musique offre un semblant de spatialisation et c’est finalement le générique de fin qui nous rappelle que nous avons affaire à une 5.1. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.