Violence et passion (1974) : le test complet du Blu-ray

Gruppo di famiglia in un interno

Réalisé par Luchino Visconti
Avec Burt Lancaster, Silvana Mangano et Helmut Berger

Édité par Gaumont

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Le 12/06/2013
Critique

Un vieux professeur, vivant seul dans sa maison romaine remplie de livres d’art, de tableaux et de souvenirs, est dérangé par l’intrusion de Bianca Brumonti, une comtesse qui insiste pour louer le deuxième étage de sa maison, afin d’y loger son étrange tribu : sa fille Lietta, Stefano, le fiancé de cette dernière ainsi qu’un gigolo, Konrad. A titre de loyer, elle lui offre un tableau, une pièce unique qui manque à sa collection. Dès lors, sa vie se trouve bouleversée par l’irruption de cette famille extravagante dont tous les codes moraux sont renversés. Le professeur est ulcéré par la vulgarité de ce monde aristocratique en voie d’embourgeoisement, dépourvu de culture et d’éducation. Mais il est aussi fasciné par l’intelligence de Konrad, cachée sous son cynisme de prostitué, et se lie d’amitié avec le jeune homme, qui devient pendant une courte période le fils qu’il n’a jamais eu.

Victime d’un accident vasculaire cérébral sur le tournage de Ludwig ou le Crépuscule des dieux qui le laisse à moitié paralysé, Luchino Visconti reprend le chemin des studios en 1974 avec Violence et Passion (Gruppo di famiglia in un interno). Intégralement tourné à Cinecittà, ce huis clos lui permet de continuer sa convalescence tout en travaillant dans un cadre sécurisé. Le cinéaste fait appel à son ami Burt Lancaster, dirigé dix ans plus tôt dans Le Guépard et qui le soutient dans ce projet, contrairement aux compagnies d’assurances.

Envers et contre tous, Luchino Visconti est donc de retour derrière la caméra et livre un de ses films les plus sombres, sur le fond comme sur la forme. Il dresse le portrait d’un homme âgé, un aristocrate européen, seul, vivant reclus (en attendant la mort ?) dans son immense demeure romaine feutrée où ne perce jamais la lumière du jour, seulement entouré de livres reliés, de tableaux et de portraits de famille anglais du XVIIIe siècle. Il fait alors la rencontre de trois jeunes gens, libres et insouciants, ainsi que d’une comtesse singulière (incroyable Silvana Mangano), qui s’incrustent chez lui petit à petit.

Burt Lancaster, alter ego du metteur en scène, est magnifique dans ce rôle complexe, un homme d’un temps révolu qui doit faire face à l’irruption d’une nouvelle bourgeoisie triomphante, sans-gêne, bruyante, grossière et sous-cultivée, mais pour laquelle il éprouve finalement de la sympathie et même un troublant attachement. Il faut voir les regards que pose ce professeur sur ces jeunes énergiques, beaux et finalement sensibles, en particulier sur le personnage incarné avec intensité par Helmut Berger.

Au-delà du portrait d’un monde en train de disparaître (comme dans Le Guépard), caractérisé par les murs de la maison qui moisissent et s’effondrent, c’est celui d’un homme à l’automne de sa vie qui est dressé, qui fait le bilan de sa vie et voit défiler devant ses yeux les occasions manquées et la famille qu’il n’a pas eue. La mise en scène est inspirée, vivante, organique et ne tombe jamais dans le théâtre filmé malgré le cloisonnement des personnages et l’unité de lieu. Si l’on peut déplorer quelques baisses de rythme et des dialogues parfois trop chargés, Violence et Passion demeure l’oeuvre testamentaire de Luchino Visconti.

Présentation - 3,5 / 5

Le test a été réalisé sur check-disc. Le menu principal est très élégant, animé et musical.

Bonus - 4,0 / 5

Dans le segment intitulé Luchino Visconti : la quête de l’impossible (57’), Dominique Maillet recueille les témoignages de Helmut Berger (comédien), Caterina Cecchi D’Amico (amie de Luchino Visconti), Renata Franceschi (script supervisor), Enrico Medioli (auteur du sujet et coscénariste), Jean-Claude Missiaen (réalisateur et ami de Burt Lancaster), Stefano Patrizi (comédien), Piero Tosi (créateur de costumes sur dix films de Luchino Visconti) et Giorgio Treves (assistant réalisateur).

Cet excellent documentaire rétrospectif sur Violence et Passion revient sur tous les aspects de l’avant-dernier long métrage de Luchino Visconti (la genèse, les conditions de tournage, le casting, le soutien de Burt Lancaster) mais s’attarde principalement sur le réalisateur lui-même dont la santé s’était dégradée depuis son AVC survenu sur le tournage de Ludwig ou le Crépuscule des dieux. Un accident qui ne l’a pas empêché de faire preuve de beaucoup d’énergie sur le plateau de Violence et Passion, et contrairement à ce que la majeure partie des livres qui lui sont consacrés déclarent, le cinéaste n’était pas cloué dans un fauteuil roulant, mais tenait bien sur ses deux jambes sur le plateau. Bondé d’anecdotes et de souvenirs souvent émouvants, ce module exceptionnel permet d’en savoir plus sur la fin de la carrière exceptionnelle d’un des plus grands cinéastes italiens.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

Image - 4,0 / 5

Si le master HD du film de Luchino Visconti n’est pas aussi éclatant que d’autres titres de la collection, force est d’admettre que cette copie permet de redécouvrir Violence et Passion dans de belles conditions techniques. La restauration est encore une fois admirable et rares sont les tâches subsistantes. Violence et Passion est un film se déroulant intégralement en intérieur et seules les séquences sur le balcon (avec une fausse perspective) demeurent les plus lumineuses de ce transfert. Sans surprise, le piqué pâtit des scènes tournées dans des décors sombres et manque de mordant. Néanmoins, quelques séquences sortent du lot et font honneur au support. La colorimétrie est volontairement terne, le relief des matières est passable et les visages demeurent souvent blafards. Le grain est plutôt discret, les fourmillements limités (merci à l’encodage AVC) et la stabilité de mise, la gestion des contrastes est aléatoire et la définition manque parfois d’homogénéité.

Son - 4,0 / 5

L’éditeur joint les mixages DTS-HD Master Audio Mono 1.0 anglais, français et italien. Sélectionnez immédiatement la langue anglaise, la version originale, celle avec laquelle a été tourné Violence et Passion. Les pistes française et italienne, bien que propres, manquent cruellement de naturel en se concentrant essentiellement sur les dialogues, surtout la version transalpine, au détriment des effets annexes. En revanche, la musique est nettement plus ardente en français qu’en anglais. Dans la langue de Shakespeare, les voix des comédiennes sont souvent étouffées, les saturations ne sont pas rares et l’ensemble manque parfois de fluidité. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm