Couvre-feu (1998) : le test complet du Blu-ray

Les États-Unis sont devenus la cible des terroristes palestiniens. Les attentats se multiplient dans les grandes villes. Quelque part dans le désert, un leader intégriste est enlevé par un commando et mis au secret. Anthony Hubbard, qui dirige la cellule antiterroriste de New York, reçoit un coup de fil anonyme exigeant la libération de l’intégriste. De nouveaux attentats meurtriers sont commis. Hubbard remonte la piste et découvre qu’Elise Kraft, agent de la CIA, entretient des liens étroits avec un jeune émigré palestinien dont il est à la fois l’informateur et l’amant.

Il y a des films que l’on réévalue quelques années après leur sortie dans les salles. Couvre-feu n’avait pas emballé grand monde à sa sortie, à part étonnamment en France où le film d’Edward Zwick avait rassemblé plus de 900 000 spectateurs en 1998, sans doute attirés par son affiche mettant les trois stars du film à l’avant. Aujourd’hui, Couvre-feu apparaît étonnamment et malheureusement visionnaire quant au drame qui allait toucher New York trois ans plus tard.

Si le réalisateur n’a jamais été réputé pour sa finesse et sa « légèreté » (voir la scène d’internement des jeunes Arabes de Brooklyn qui a fait scandale à l’époque), son film fait froid dans le dos quand on voit la représentation des attentats-suicides perpétués dans les rues new-yorkaises avec le World Trade Center toujours à l’arrière-plan, la panique qui s’ensuit, l’affolement des autorités et les institutions policières qui n’ont de cesse de se mettre des bâtons dans les roues. A côté de ce caractère « prophétique », l’histoire brille par son caractère singulier au milieu des grosses machines hollywoodiennes marquant la fin des années 90. Le ton est noir, pessimiste, réaliste, du moins dans sa première partie, sans doute caractéristique de l’état du monde à l’aube du nouveau millénaire.

Couvre-feu est également un thriller politique excellemment interprété par Denzel Washington, Annette Bening, Tony Shalhoub, Sami Bouajila et Bruce Willis dans un petit rôle beaucoup plus ambigu que ce qui a été dit à l’époque. Si le rythme est souvent lent, la tension demeure omniprésente, les dialogues sont soignés, la mise en scène inspirée. Le film a le mérite de bien vieillir et de divertir autant qu’il fait réfléchir sur un sujet qui fait habituellement peur.

Le test a été réalisé sur check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Toute l’interactivité est proposée en version originale sous-titrée en français :

On commence par un commentaire audio du réalisateur Edward Zwick et du producteur Peter Schindler. Les deux hommes sont enregistrés chacun de leur côté mais les propos qui s’entrecroisent se complètent parfaitement. Le cinéaste déclare ne pas avoir revu le film depuis presque dix ans mais partage beaucoup de souvenirs liés au tournage et évoque malheureusement le caractère prémonitoire des attentats du 11 septembre 2001, survenus trois ans après la sortie de Couvre-feu. Les deux hommes mettent en parallèle les situations du film avec les véritables attentats. Le travail avec les acteurs est également largement abordé, tout comme le contexte politique de l’époque. Si quelques silences viennent ponctuer l’écoute, ce commentaire audio se révèle très riche en informations, dense et même souvent passionnant.

S’ensuit un documentaire diffusé sur History Channel en 2006, Dans l’esprit d’un kamikaze (42’), constitué d’images d’archives terribles de divers attentats-suicides notamment survenus en Israël. Si ce module joue parfois trop la surenchère de la violence et du « restez après la pub il y aura encore plus de sang » avec une musique sans cesse illustrative, il n’en demeure pas moins intéressant dans le fond, surtout quand il donne la parole à des kamikazes repentis. Des spécialistes retracent un historique hallucinant de l’usage de bombes-humaines, à l’instar des kamikazes japonais durant la Seconde Guerre mondiale.

Nous trouvons également le making of d’époque de Couvre-feu (14’), bien fait, ayant déjà un peu vieilli dans la forme, mais remplissant aisément le cahier des charges en compilant de nombreuses images du tournage dans les rues de New York (très impressionnant), les interviews des comédiens (sauf Bruce Willis, sans doute trop occupé à mettre sa perruque), du réalisateur et des producteurs. Ce documentaire insiste beaucoup sur les moyens techniques mis à la disposition d’Edward Zwick.

Le documentaire La Liberté est l’histoire (13’) revient une fois de plus sur le caractère prophétique des attentats ayant frappé New York en 2001, à travers les témoignages d’experts, de militaires, d’Edward Zwick et de quelques comédiens de Couvre-feu, sans pour autant tomber dans la redondance avec ce qui a pu être déjà entendu. C’est ici l’occasion de réviser certains éléments historiques primordiaux.

Plus promotionnel, le segment Assiéger New York revient sur le travail des comédiens et la psychologie des personnages, à travers quelques images de tournage. Quelques souvenirs et anecdotes liés aux prises de vues de Couvre-feu viennent compléter l’ensemble.

L’interactivité se clôt sur deux bandes-annonces et des liens internet.

Si l’image affiche une propreté indéniable et des couleurs souvent ravivées, le piqué manque souvent de mordant, la définition n’est pas optimale et la profondeur de champ laisse parfois à désirer. Le cadre large est habilement exploité, mais les contrastes ne sont pas aussi fermes qu’attendus, certains plans manquent de netteté et se révèlent même légèrement flous. Les scènes sombres posent également problème avec un grain plus appuyé et un défaut de détails certain. Cela n’empêche pas ce Blu-ray de surpasser l’ancienne et déjà caduque édition SD éditée au début des années 2000.

La HD redonne un sérieux coup de fouet à Couvre-feu du point de vue acoustique ! La version originale jouit d’un nouvel écrin DTS-HD Master Audio 5.1 particulièrement décoiffant dans les scènes agitées en mettant toujours en valeur les envolées musicales de Graeme Revell. Toutes les enceintes sont constamment mises à contribution, plongeant le spectateur dans l’action au moyen de passages d’hélicoptères sur les latérales, de sirènes de police, du métro aérien, des cris de la foule, sans oublier les ambiances naturelles qui s’insèrent avec une réelle homogénéité. Les dialogues sont également solidement délivrés par la centrale et le caisson de basses utilisé à bon escient lors des explosions.

La piste française, au doublage calamiteux, doit se contenter d’un mixage DTS 5.1 qui s’en sort admirablement, même si les dialogues auraient pu être plus ardents. La spatialisation est concrète et dynamique.

Crédits images : © 20th Century Fox