Lincoln (2012) : le test complet du Blu-ray

Les derniers mois tumultueux du mandat du 16e Président des États-Unis. Dans une nation déchirée par la guerre civile et secouée par le vent du changement, Abraham Lincoln met tout en oeuvre pour résoudre le conflit, unifier le pays et abolir l’esclavage. Cet homme doté d’une détermination et d’un courage moral exceptionnels va devoir faire des choix qui bouleverseront le destin des générations à venir.

Depuis de nombreuses années, Steven Spielberg faisait part de son désir de réaliser un jour un film sur Abraham Lincoln, 16e Président des États-Unis. Basé sur le livre Team of Rivals de Doris Kearns Goodwin, le Lincoln de Steven Spielberg se focalise sur les quatre derniers mois de la vie de son personnage principal marqués par la fin de la Guerre de Sécession ainsi que par son combat dantesque pour faire adopter par la chambre des Représentants le XIIIe amendement de la Constitution des États-Unis qui abolit et interdit l’esclavage aux États-Unis.

Fidèle à son équipe habituelle, le réalisateur s’entoure du chef opérateur Janusz Kaminski, du monteur Michael Kahn, du décorateur Rick Carter, de la costumière Joanna Johnston et de l’incontournable maestro John Williams. Il confie le rôle-titre à Daniel Day-Lewis qui signe une fois de plus une extraordinaire composition, parvenant à restituer la complexité, l’intelligence, la voix, la posture, le regard, la force et la sensibilité de son personnage, autrement dit l’homme derrière le mythe, l’homme politique, mais aussi et surtout l’humaniste, le mari et le père de famille.

Egalement servi par un casting quatre étoiles, Sally Field (Mary Todd Lincoln), Tommy Lee Jones (Thaddeus Stevens), suivis de Joseph Gordon-Levitt, Tim Blake Nelson, James Spader, Jackie Earle Haley, David Strathairn et bien d’autres qui apportent leur pierre à l’édifice, l’oeuvre de Steven Spielberg, en pleine possession de ses moyens et au sommet de son art dramatique, impressionne par sa virtuosité, sa splendeur visuelle, son désir d’authenticité, son sens inné de la narration.

Avec un rythme posé, quasiment en huis clos, intimiste ou centré sur les scènes d’affrontements verbaux passionnants entre démocrates et républicains filmés comme de véritables séquences d’action, le thriller politique et lyrique (n’ayons pas peur des mots) de Steven Spielberg s’adresse aux spectateurs concentrés et concernés. Dire que Lincoln est un nouveau chef-d’oeuvre à ajouter au palmarès de Steven Spielberg, il n’y a pas loin.

La jaquette glissée dans un boîtier classique de couleur bleue reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est élégant, animé sur la composition de John Williams.

Laurent Bouzereau produit et réalise une fois de plus le making of du film de Steven Spielberg. Son documentaire d’1h20 est divisé en six segments plus le générique de fin (où le cinéaste prend le temps de remercier chaque figurant) : Pourquoi Steven Spielberg a voulu faire Lincoln (9’), L’Incroyable travail d’acteur de Daniel Day-Lewis (10’), Le Tournage à Richmond (4’), Le Souci de l’authenticité (11’), Les Etapes de la réalisation (27’) et Dans les pas de Lincoln (17’).

Cet excellent making of, complet, didactique, merveilleusement illustré par une multitude d’images issues du tournage, donne la parole à l’ensemble des comédiens, au réalisateur Steven Spielberg, aux producteurs, au directeur de la photographie, au scénariste et à tous les techniciens qui ont donné vie à Lincoln.

Chaque intervenant s’exprime sur la figure du seizième Président des États-Unis, la reconstitution des faits historiques, les partis-pris esthétiques, le maquillage, les costumes, les décors, le casting, le montage, la préparation des comédiens, l’enregistrement de la musique avec John Williams, le travail sur le son et même le choix des papiers-peints sont abordés au fil de ce passionnant documentaire.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

Si nous devions résumer en un mot le master français HD de Lincoln ce serait « extraordinaire ». Mais comme nous devons donner plus de détails, nous dirons donc que la flamboyante et crépusculaire photo signée Janusz Kaminski trouve un écrin sensationnel et permet avec cette édition Blu-ray d’en admirer chaque parti-pris. Le piqué est aussi ciselé qu’un scalpel, les contrastes tranchants, les noirs sont d’une rare densité et les détails précis jusqu’au moindre cheveu ou poil de barbe, comme de véritables tableaux. Rappelons que Lincoln a entièrement été réalisé en numérique 4K en postproduction, de ce fait, le film de Steven Spielberg se doit d’être visionné en HD.

Le cadre large permet au spectateur de se plonger dans les pénombres du chef opérateur, les séquences diurnes (d’une clarté aveuglante) et nocturnes (éclairées à la lampe à pétrole ou à huile) sont logées à la même enseigne et demeurent aussi riches qu’enivrantes, tandis que la profondeur de champ reste insondable. C’est ce qu’on appelle, avoir le cinéma chez soi, à voir si possible dans une salle très sombre.

Les pistes anglaise et française jouissent respectivement d’un encodage DTS-HD Master Audio 7.1 et DTS 5.1, et non pas DTS-HD Master Audio 5.1 comme l’annonce la jaquette pour la langue de Molière. Comme pour l’image, c’est du lourd, du moins en version originale. La composition inspirée de John Williams profite d’une phénoménale ouverture des enceintes, frontales et latérales, sans oublier le caisson de basses, le spectateur étant littéralement plongé dans les ambiances disparates de Lincoln. Aux séquences calmes, feutrées et douces des longs dialogues, se succèdent les rares scènes d’affrontements, les tirs se déploient et passent d’une oreille à l’autre, sans pour autant perdre une seconde des échanges entre les comédiens. N’oublions pas les ambiances naturelles (pluie, orage) excellemment restituées. Sans surprise, la version originale l’emporte sur son homologue du point de vue homogénéité, ardeur et naturel.

Crédits images : © 20th Century Fox