Réalisé par Robert Aldrich
Avec
Gary Cooper, Burt Lancaster et Denise Darcel
Édité par MGM / United Artists
Benjamin Trane et Joe Erin sont deux mercenaires en quête d’aventures et d’argent durant la révolution mexicaine de 1866. Mais quand la belle et riche Comtesse Duvarre les engage pour l’escorter, elle et son trésor, jusqu’au régiment de l’Empereur Maximilian à Vera Cruz, Benjamin et Joe vont obtenir beaucoup plus qu’ils n’espèrent…
Bien que Vera Cruz (1954) ne soit que le troisième long métrage de Robert Aldrich, le cinéaste y fait déjà preuve d’une indéniable virtuosité et s’impose également comme un solide directeur d’acteurs. Ce western marque la deuxième association entre le réalisateur et le comédien Burt Lancaster, également producteur. Ayant déjà collaboré sur Bronco Apache l’année précédente, ils feront également équipe sur Fureur Apache (1972) et L’Ultimatum des trois mercenaires (1977). Le scénario écrit au jour le jour sur le tournage Vera Cruz se ressent à l’écran. L’intrigue ne brille pas par son génie et part un peu dans tous les sens, mais là n’est pas le plus marquant du film. Ce qui compte dans Vera Cruz c’est sa spontanéité, son énergie et ses deux têtes d’affiche, Burt Lancaster et Gary Cooper. Leur aisance et leur élégance font tout le sel de ce film culte.
Les deux acteurs rivalisent de charisme, de cool-attitude, et prennent un plaisir aussi notable que contagieux à se donner une réplique soignée et à manier le flingue avec une redoutable dextérité. La complexité des personnages, cupides, cyniques, violents, seulement attirés par l’appât du gain détonne dans un genre alors en perte de vitesse, jusqu’à ce que le western italien fasse son apparition dix ans plus tard quand Sergio Leone reprendra ces archétypes en les poussant à l’extrême.
À défaut d’être un chef d’oeuvre, Vera Cruz demeure aujourd’hui un grand classique qui fait le bonheur des cinéphiles. La mise en scène est enlevée, le rythme soutenu, le Technicolor terreux à souhait, l’humour noir efficace, les acteurs parfaits jusqu’aux seconds rôles aux gueules patibulaires parmi lesquels se distinguent Cesar Romero, un certain Ernest Borgnine et Charles Buchinsky qui deviendra célèbre sous le nom de Charles Bronson.
Le test a été réalisé sur check-disc. Le film démarre d’emblée puisque nous ne trouvons aucun menu principal. L’accès au sous-menu des langues, au chapitrage ainsi qu’à la bande-annonce (seul supplément disponible) se fait via le menu contextuel.
Comme souvent en voyant le générique d’ouverture, l’état du master fait craindre le pire. Le grain est très prononcé, les fourmillements multiples et les couleurs ternes. Et puis abracadabra, dès la fin des crédits, le Technicolor apparaît plus vif (voir les couleurs verte, rouge et jaune des uniformes), de la scène de bal aux costumes bariolés en passant par le sourire éclatant de Burt Lancaster, la copie HD trouve un équilibre fort convenable jusqu’à la fin. Le piqué est appréciable, les contrastes bien gérés et la restauration probante, même si quelques points et tâches subsistent. Le codec AVC consolide l’ensemble avec fermeté, le cadre au format 2.0 (Vera Cruz a été tourné en SuperScope) n’est pas avare en détails. Hormis de menus décrochages sur les fondus enchaînés et un plan « accidenté » (à la 30e minute, quand Gary Cooper fait une démonstration de tir), Vera Cruz n’a jamais paru aussi net et lumineux qu’à travers ce Blu-ray.
L’éditeur ne propose pas un remixage inutile, mais encode la version originale en DTS-HD Master Audio mono 2.0. Passons rapidement sur la version française DTS 2.0 au doublage old-school très réussi, qui se concentre essentiellement sur le report des voix parfois au détriment des effets annexes. Les dialogues sont d’ailleurs trop élevés sur certaines séquences, même à faible volume, mais l’écoute demeure propre et nette. Elle n’est pas en revanche aussi fluide et homogène que la version originale, même si le report des dialogues aurait pu être plus ardent. Dans les deux cas, aucun souffle n’est à déplorer, les séquences de fusillades sont merveilleusement restituées, dynamiques et vives, tout comme le score de Hugo Friedhofer qui profite d’une excellente exploitation gauche-droite des frontales.