Alceste à bicyclette (2013) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Philippe Le Guay
Avec Fabrice Luchini, Lambert Wilson et Maya Sansa

Édité par Pathé

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Le 20/06/2013
Critique

Serge Tanneur était un grand comédien, mais il mit fin à sa carrière pour cause de stress et s’exila en solitaire sur l’Île de Ré. Un beau jour, son confrère Gauthier Valence, dont la carrière est au sommet, lui propose d’interpréter le rôle d’Alceste dans la célèbre pièce Le Misanthrope de Molière. Il est convaincu que Serge acceptera d’interpréter ce personnage qui lui correspond si bien, étant lui-même retiré de la société et révolté contre l’humanité. S’en suit alors une semaine de répétition, mais lorsque l’agent de Gauthier et sa maîtresse les rejoignent sur l’île pour le weekend, la pression s’abat sur Serge pour qu’il se prononce enfin. Mène-t-il Gauthier en bateau ou a-t-il réellement l’intention de fouler à nouveau les planches ?

La quatrième collaboration du metteur en scène Philippe Le Guay et Fabrice Luchini est issue d’une conversation des deux intéressés sur Le Misanthrope de Molière. Alors qu’ils se trouvaient sur L’Ile de Ré, l’acteur avait alors fait part au réalisateur de son amour pour les deux personnages principaux, Alceste et Philinte, en récitant les alexandrins de l’auteur. Les bases du scénario d’Alceste à bicyclette étaient alors posées… et le lieu de tournage trouvé.

Si Philippe Le Guay passe indéniablement trop de temps sur les répétitions des deux comédiens au point d’ennuyer parfois l’audience - il faut dire que la mise en scène parfois digne d’un épisode de Louis la Brocante n’aide pas forcément - la thématique du film se révèle à mesure que le métrage avance. Lambert Wilson et Fabrice Luchini, excellents, prennent vraisemblablement beaucoup de plaisir à se donner la (savoureuse) réplique et leur partie de ping-pong verbal parvient à maintenir l’intérêt sans trop de tracas.

Le parallèle entre les deux personnages du film avec ceux de la pièce de Molière, qui s’opposent radicalement dans leur vision du monde (alors que Philinte use de la courtoisie pour masquer ses sentiments, Alceste préfère se mettre à l’écart), se dessine progressivement jusqu’à l’apparition d’un objet de convoitise et de jalousie, personnifié par Maya Sansa, dont la sensibilité à fleur de peau et la force de caractère illuminent les rares séquences dans lesquelles elle apparaît. Progressivement, un côté féroce et très critique envers le petit monde du cinéma redonne un vif attachement au film et aux personnages. Alceste à bicyclette égratigne le côté mondain des coulisses et c’est alors que le film devient jubilatoire.

Finalement, si l’on excepte la pauvreté de la réalisation totalement effacée au profit des comédiens, le septième long métrage de Philippe Le Guay affiche un pessimisme plutôt impressionnant sur les relations humaines, dont la fin inattendue reste en tête bien après.

Présentation - 3,5 / 5

Le test a été réalisé sur check-disc. Le menu principal est animé et musical, tandis que la jaquette reprend le visuel de l’affiche du film.

Bonus - 4,0 / 5

Fabrice Luchini se joint au réalisateur Philippe Le Guay pour le commentaire audio d’Alceste à bicyclette. Complices de longue date, les deux amis et collaborateurs ne cessent de se renvoyer la balle avec dextérité et humour, tout en dévoilant de nombreux secrets de tournage. De la genèse du film, en passant par le choix des comédiens, les lieux de tournage, son succès dans les salles (plus d’un million d’entrées), la création des personnages, sans oublier bien sûr l’amour pour Molière que Fabrice Luchini récite à plusieurs reprises, tout est passé en revue. Le comédien clôt ce commentaire divertissant et intelligent par un superbe monologue.

Le metteur en scène reprend le micro pour commenter six séquences coupées au montage (18’). Une fois n’est pas coutume, il s’agit de véritables scènes laissées de côté et non rallongées comme c’est souvent le cas. Nous retiendrons l’ouverture originale du film qui présentait alors le personnage de Gauthier, invité avec sa compagne (Camille Japy) à la première d’une pièce de théâtre à l’issue de laquelle il ne peut s’empêcher de couvrir de louanges la comédienne (pourtant mauvaise) qu’il croise dans les coulisses. Il se fait alors reprocher par sa femme d’être sans arrêt « en représentation ».

Une autre scène coupée montrait une petite liaison (et sa fin) qu’entretenait Serge avec Marion, une infirmière mariée habitant La Rochelle et venant sur L’Ile de Ré pour soigner des patients, interprétée par l’excellente Laure Calamy. L’autre personnage passé à la trappe et n’apparaissant que brièvement dans le montage final est celui de Raphaëlle de La Puisaye, éditrice et mondaine invétérée qui offre l’hospitalité à Gauthier dans sa luxueuse demeure, celle où il manquera de se noyer dans le jacuzzi. Ces scènes coupées proposent une version longue de l’épisode du Docteur Morange (qui vaut son pesant), la série télévisée populaire dans laquelle Gauthier joue le rôle principal.

Enfin, nous y voyons également un montage compilant des images des rues désertes de L’Ile de Ré durant la morte saison, ainsi qu’une petite scène montrant que Francesca (Maya Sansa) connaît très bien Molière et les personnages du Misanthrope.

En plus de la bande-annonce, l’éditeur joint un making of de 20 minutes, classique mais efficace, montrant les comédiens à l’oeuvre avec le cinéaste. L’ambiance est chaleureuse mais tout le monde est au turbin. Les acteurs tâtonnent lors de plusieurs séquences, les propos pertinents de l’équipe sont mis en parallèle avec les images de tournage, et bien que quelques arguments renvoient à ceux déjà entendus au cours du commentaire audio, ce documentaire éclaire sur les conditions des prises de vues.

Image - 4,5 / 5

Bien que rares, le codec AVC a parfois du mal à créer une harmonie sur les mouvements de la caméra de Philippe Le Guay, qui saccadent légèrement. En dehors de cela, les contrastes sont riches, la luminosité omniprésente et le relief probant. Si la clarté tend parfois à amoindrir les détails des visages, la colorimétrie est vive, le piqué joliment aiguisé (surtout sur les scènes en extérieur) et la photo élégante du chef opérateur Jean-Claude Larrieu (Les femmes du 6ème étage, Carte des sons de Tokyo) trouve en Blu-ray un écrin idéal.

Son - 4,0 / 5

Le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 ne sert essentiellement qu’à spatialiser la musique (dont le A bicyclette d’Yves Montand) et à plonger quelque peu les spectateurs dans l’ambiance pluvieuse de L’Ile de Ré. Les effets latéraux ne se résument souvent qu’au vent qui balaie les environs ou les vagues qui viennent s’écraser sur la plage, mais c’est tout. Les dialogues (et alexandrins) auraient également mérité également d’être plus ardents sur la centrale. La piste DTS-HD Master Audio 2.0 se révèle plus dynamique, percutante même, créant une véritable homogénéité entre les dialogues, la musique et les effets.

Nous disposons une piste Audiovision ainsi que des sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Pathé

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis

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P. de Melun
Le 21 février 2024
Un film qui sort des sentiers battus et Molière y est à l’honneur. Voir deux égos s'apprivoiser à coups de dialogues percutants et d'alexandrins donne de la grandeur à cette verbe littéraire que seuls les initiés peuvent aujourd’hui appréciés. L’intrigue est un prétexte à une analyse psychologique des personnages. La lutte d’individualité à fleurets moucheté est magistralement orchestrée par le réalisateur, Philippe le Guay, au travers de l’aigreur à peine voilée mais aussi de l’humanité assez touchante de Luchini et Wilson, aux sommets de leur art. Sous ses airs un peu pompeux qui pourrait tirer sur l’intello-chiant, « Alceste à bicyclette » s’avère être une pépite cinématographique pleine d’humour et de réflexion qui donnerait envie de relire nos grands classiques du XVIIème siècle.
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Franck Brissard
Le 20 juin 2013
Pas de commentaire.

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Alceste à bicyclette
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