Réalisé par Derek Cianfrance
Avec
Ryan Gosling, Bradley Cooper et Eva Mendes
Édité par Studiocanal
Cascadeur à moto, Luke est réputé pour son spectaculaire numéro du « globe de la mort ». Quand son spectacle itinérant revient à Schenectady, dans l’État de New York, il découvre que Romina, avec qui il avait eu une aventure, vient de donner naissance à son fils…
Pour subvenir aux besoins de ceux qui sont désormais sa famille, Luke quitte le spectacle et commet une série de braquages. Chaque fois, ses talents de pilote hors pair lui permettent de s’échapper. Mais Luke va bientôt croiser la route d’un policier ambitieux, Avery Cross, décidé à s’élever rapidement dans sa hiérarchie gangrenée par la corruption. Quinze ans plus tard, le fils de Luke et celui d’Avery se retrouvent face à face, hantés par un passé mystérieux dont ils sont loin de tout savoir…
Ryan Gosling retrouve le réalisateur Derek Cianfrance après Blue Valentine, pour The Place Beyond the Pines. A travers ce triptyque inspiré du Napoléon d’Abel Gance (1927), le cinéaste se penche sur les thèmes de la famille et plus précisément sur la paternité, la filiation, le poids de l’héritage, le devoir de mémoire, les responsabilités, les choix et leurs conséquences, à travers une réaction en chaîne qui se déploie sur quinze années.
Dans le cadre d’une authenticité déjà notable dans son précédent film, The Place Beyond the Pines a été tourné entièrement en décors naturels (la fête foraine, le poste de police, l’hôpital, la banque) dans la petite bourgade de Schenectady dans l’état de New York, dont le nom signifie en iroquois « place beyond the pine plains », là où voudraient s’enfuir les personnages du film, aller au-delà de cette frontière pour voir si une autre vie est possible.
Récit ambitieux, le film de Derek Cianfrance peine cependant à maintenir l’intérêt de son histoire, qui va malheureusement en s’émoussant à mesure que le métrage avance. Si la partie avec Ryan Gosling (pour une fois attachant) et Eva Mendes est très prenante, poignante, viscérale, superbe, l’empathie s’étiole ensuite progressivement, même si la prestation de Bradley Cooper demeure impressionnante, le scénario laisse apparaître ses grosses coutures à tel point que le spectateur en vient à anticiper les rebondissements et les aboutissants de cette, ou plutôt de ces histoires imbriquées. L’intrigue classique centrée sur une police corrompue a été largement été traitée au cinéma, tout comme les thèmes de l’ambition et de la culpabilité.
The Place Beyond the Pines vaut essentiellement pour sa virtuosité, son cadre élégant, son montage fluide qui ne laisse jamais place à l’ennui en 2h20, son électrisante bande originale et surtout l’ensemble de ses comédiens, excellemment dirigés, y compris par le jeune Dane DeHaan découvert dans Chronicle et dont la force et la maturité de jeu laissent pantois.
On sent l’amour et le feu du cinéma qui animent Derek Cianfrance, mais The Place Beyond the Pines, oscillant entre mélodrame, thriller et malgré quelques fulgurances, a du mal à trouver un juste équilibre comme chez James Gray et Jeff Nichols (auxquels on pense sans arrêt) et n’est finalement pas encore le grand film que son talent laisse présager. Après tout, il ne s’agit que d’un troisième long métrage alors soyons encore patients.
Le produit dans le commerce se présente dans un luxueux étui SteelBook, comprenant le Blu-ray, le DVD et l’accès à la copie digitale du film. Le menu principal est soigné, élégant, animé et musical.
Un making of (9’) remplit facilement son cahier des charges en compilant les entretiens avec toute l’équipe, les images issues des prises de vues et la présentation des thèmes du film.
S’ensuivent dix minutes de séquences, très belles d’ailleurs, laissées sur le banc de montage. Dix minutes alors que le premier montage durait 3h30, réduit finalement à 2h20 ! Ces scènes montrent l’arrivée humiliante de Luke en prison où il est mis à nu devant ses gardiens, une autre où le personnage d’Eva Mendes tente d’aider son fils à se remettre sur le droit chemin grâce au soutien d’une école militaire, tandis que les autres séquences font apparaître le personnage de Ben Mendelsohn avec Luke, puis quinze ans après avec Jason.
L’éditeur joint ensuite une présentation et critique (intitulée Au nom du père) de The Place Beyond the Pines par les journalistes Xavier Leherpeur et Guillemette Odicino, croisée avec une analyse du film par le professeur de philosophie Thibaut de Saint Maurice. A travers ce module de 27 minutes, nous retiendrons surtout les propos de ce dernier, plus denses et ouverts à la réflexion plutôt que ceux des deux critiques qui ne cessent de paraphraser ce qui se passe dans le film et de le porter aux nues.
En plus de la bande-annonce en version française, l’interactivité dispose également d’une featurette promotionnelle (5’) constituée d’images de tournage, d’interviews des comédiens et du réalisateur Derek Cianfrance. Chacun présente les personnages du film et les enjeux dramatiques.
Last but not least, ne manquez pas le commentaire audio (VOST) de Derek Cianfrance qui revient pendant 2h20 et sans un seul temps mort, sur l’entièreté de la production de The Place Beyond the Pines. Le cinéaste évoque ses références, Le Mépris, L’Evangile selon Saint Matthieu, Une femme sous influence, Napoléon (d’Abel Gance), Psychose, 4 mois, 3 semaines, 2 jours, passe en revue les thèmes explorés dans son film, la structure de la narration, le travail avec les comédiens et ses techniciens, ses multiples versions du scénario (37 moutures), le tout étant parsemé d’anecdotes de tournage toujours plaisantes à écouter.
L’éditeur respecte les partis pris esthétiques originaux en conservant le léger grain, une colorimétrie sensiblement délavée, froide parfois glacée à dominante bleue (comme les yeux de tous les comédiens), quelques flous sporadiques inhérents aux conditions des prises de vues et une clarté des séquences extérieures qui flatte constamment la rétine. Le piqué demeure palpable, le cadre large n’est pas avare en détails tout comme les gros plans (très présents dans la deuxième partie), le codec AVC consolide les scènes prises sur le vif de Derek Cianfrance et les contrastes sont raffermis. Les rares séquences plus douces n’entravent en rien les excellentes conditions de visionnage.
Le confort acoustique est également largement assuré grâce aux mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 5.1 qui mettent le paquet concernant la spatialisation musicale, une très large ouverture des frontales, des effets latéraux sans cesse palpable, des ambiances annexes à foison (la fête foraine, le numéro visuel à moto) et un rendu percutant des dialogues.
Si la version originale l’emporte sur son homologue du point de vue homogénéité des voix, musique et effets, la piste française n’est jamais en reste à l’instar de toutes les scènes où Ryan Gosling (ou sa doublure cascades certes) enfourche sa moto, notamment lors de la dernière poursuite (47e minute). Le caisson de basses intervient à bon escient comme durant la fête des adolescents (1h58). /p>
Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription pour le public aveugle et malvoyant sont également disponibles.
Crédits images : © StudioCanal